Les 3 Noël (2 sur 3)

19 décembre 2020 | Aucun com­men­taire

Noël, mieux que tout autre dans l’année, est la fête familiale par excellence

C’est le moment de l’année où l’on se retrouve, le moment où les enfants, éloignés le plus sou­vent par leur pro­fes­sion, viennent « pas­ser les fêtes en famille ». Par delà l’aspect reli­gieux, plus guère sui­vi de nos jours, c’est ce ras­sem­ble­ment qui importe aujourd’hui, et la veillée comme le jour même de Noël revêtent une impor­tance particulière où chaque famille, chaque clan se retrouve dans une petite autar­cie d’un jour, autour de bons repas prévus bien à l’avance et préparés avec la plus grande attention.Repas Noël

L’origine de ces repas fami­liaux remonte très loin dans le temps, comme je l’ai écrit hier (Les trois Noël‑1). Les Saturnales romaines en sont pro­ba­ble­ment un des ancêtres les plus sûrs.
On apporte un soin spécial à la décoration de la mai­son. Outre le tra­di­tion­nel sapin ori­gi­naire des pays ger­ma­niques mais intro­duit en France après la guerre de 1870, le houx et le gui y sont très présents, accrochés aux pla­fonds, disposés sur les meubles, des bran­chages apportent au foyer la présence vivante de la nature. Sous le sapin, tra­di­tion­nel­le­ment est installée la crèche, représentant la nati­vité chez les chrétiens. La représentation de cette scène peut don­ner lieu à de véritables œuvres d’art, avec de magni­fiques san­tons, spécialité bien enten­du provençale.Creches Luceram

Le vil­lage de Lucéram dans notre département étant réputé pour son expo­si­tion de plu­sieurs cen­taines de crèches, il ne serait trop conseillé d’y faire une petite visite.

Le point com­mun à toutes ces veillées était bien sûr le feu. Il sera présent tout au long de ces journées, aus­si bien dans la cheminée, pour ceux qui en possèdent une, que dans les mul­tiples bou­gies trônant sur une cou­ronne de l’Avent, dans une tour de Yule, ou tout sim­ple­ment sur les tables.

Dans la cheminée, Frédéric Mistral a magni­fi­que­ment bien décrit le rituel qui se déroulait en Provence, mais hérité de très loin… La bûche de Noël était portée, les plus âgé la tenant d’un bout, le plus jeune de l’autre bout. Après trois tours de la cui­sine, puis arrivée devant la dalle du foyer, elle était arrosée de vin cuit en récitant en provençal : « Dieu nous fasse la grâce de voir l’année pro­chaine, et, sinon plus nom­breux, puis­sions nous ne pas y être moins. » Au fil du temps, cette bûche s’est trans­for­mée en pâtisserie.Bûche Noël

Dans d’autres pays d’Europe, il existe d’autres tra­di­tions, d’autres cou­tumes. En voi­ci quelques unes plus ou moins sur­pre­nantes et ori­gi­nales que l’on ren­contre lors de ces fêtes solsticiales.

En Norvège, on s’échange, en guise de cadeau, un masque en forme de bouc, aux cornes rem­plies de paille.
En Suède, on retrouve ce bouc en paille tressée, gar­ni de rubans et dis­posé de manière bien visible dans une pièce de la mai­son.
Au Danemark, les ani­maux par­ti­ci­paient aus­si à la fête et obte­naient double ration.
En Angleterre, dans le Devonshire, on célèbre les pom­miers, considérés comme des arbres d’immortalité.
En Italie, c’est la « Befana » qui apporte les cadeaux lors du jour des rois.
Au Portugal, les habi­tants ont pour cou­tume d’accrocher aux branches diverses figu­rines annonçant Noël. Elles seront ensuite brûlées devant l’église.

Qui dit réunion familiale, dit obligatoirement bon repas !

Là encore les tra­di­tions sont vives, et si aujourd’hui, homards, lan­goustes, succèdent au foie gras et au sau­mon fumé, précédant l’oie, la dinde ou le cha­pon far­cis… pen­dant long­temps, il n’était pas ques­tion de fes­toyer à Noël sans cochon ! Sauvage ou domes­tique, il devait être présent lors de toutes les fêtes.
Au des­sert, bien avant la « bûche de Noël », la tra­di­tion était de pro­po­ser 13 des­serts (notre illus­tra­tion à la une). Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de liste précise et exhaus­tive de ces 13 des­serts. Mais on y trouve des fruits frais (agrumes, rai­sin, pommes, poires…), des fruits secs (noix, amandes, noi­settes…), du nou­gat (noir et blanc) et des « men­diants », constitués le plus sou­vent d’une noix ou amande insérée dans une figue sèche fen­due en deux. Ces des­serts, très tra­di­tion­nels en Provence, sont donc au nombre de 13, nombre qui comme l’explique notre éditorialiste P‑G.S, « se ramène à la thématique solaire depuis la plus haute anti­quité. En effet le nombre 13 figure l’ordre zodia­cal (12 signes) avec l’élément solaire au centre, qui a trouvé sa trans­po­si­tion chrétienne à tra­vers le thème des 12 apôtres entou­rant le Christ de lumière ».Cène - Leonard de Vinci

Voilà, à quelques heures du grand jour, un rapide résumé des tra­di­tions domes­tiques pour cette fête de Noël. En espérant que vous y trou­ve­rez quelque inspiration…

Patrice LEMAÎTRE

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