L’Hebdo Varois 06–2016
Il est des sujets tabous. Sur lesquels peu de politiques ou de journalistes s’aventurent, sauf à ne pas trop s’écarter de la doxa dominante. L’écologie en fait partie. Depuis le hold-up réalisé à l’aube des années 1970 par les écologistes de tout poil sur cette matière. Laquelle mérite mieux, et plus, que d’être prise en otage par quelques politiciens en mal d’arrivisme ou de recyclage. Ou que les poncifs débités par des médias suivistes et pusillanimes.
Maud Fontenoy a mis les pieds dans le plat
Traversée de l’Atlantique Nord et du Pacifique Sud à la rame, tour du monde à la voile dans l’hémisphère sud à contre-courant, Maud Fontenoy connaît les pièges de l’adversité et sait aller à l’essentiel sans tergiverser. Elle est connue pour ne pas manier la langue de bois, en particulier à propos de l’écologie. Mais elle le fait sans provocation, au nom d’une pratique écologique réaliste et modérée. Ce qui lui vaut déconsidération de la part de l’intelligentsia parisienne, qui ne mettra jamais les pieds dans le terroir français et encore moins à bord d’un esquif qui ne serait pas estampillé Club Med ou Mondial Cruises.
Après sa prise de position en faveur des gaz de schiste, ainsi que son refus de condamnation a priori des essais d’OGM, la toute nouvelle vice-présidente du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur-Méditerranée en charge du développement durable, de l’énergie et de la mer (ci-contre), vient de faire des déclarations qui ne vont pas la réconcilier avec les pères de l’église écologique, ni avec les ayatollahs du politiquement correct. Rien pourtant de sulfureux dans les propos de celle qui est parallèlement déléguée à l’environnement du parti Les Républicains. Elle soutient qu’il faut arrêter d’opposer l’agriculture et l’écologie. Elle affirme que les agriculteurs, qui ont beaucoup évolué dans leurs modes d’exploitation depuis une vingtaine d’années, représentent au contraire les meilleurs garants de l’écologie au quotidien. Elle pourfend la surenchère que la France se croit obligée de faire, pour paraître trop bonne élève, en matière de « surtransposition » des directives déjà excessives de la Commission européenne.
On entend à l’avance les cris d’orfraie des sectateurs de la bien-pensance. Ceci ne devrait pas émouvoir outre-mesure le caractère bien trempé de Maud Fontenoy. Voire l’amuser. N’a‑t-elle pas été accusée, au risque du ridicule de ses procureurs, de diffuser l’idéologie économique libérale dans ses kits pédagogiques ? Les tenants de la pensée totalitaire ne demandaient pas moins, pour expiation première de son péché, que son bannissement des écoles…
Les écologistes coûtent cher et ne protègent rien qu’eux-mêmes
On a envie de se pincer en espérant se réveiller d’un cauchemar face à de telles inepties. Les écologistes politiques, qui revendiquent l’appellation comme on peut le prétendre après avoir fait une OPA sur la marque, sont pourtant des imposteurs. Maud Fontenoy le sait bien. Leurs actions, parfois violentes, souvent illégales, reviennent très cher aux contribuables et n’apportent rien au respect de l’environnement. De Notre-Dame-des-Landes à Sivens, ce n’est pas la nature que les écologistes protègent, mais leur fonds de commerce.
À Sivens précisément, avec l’abandon en catimini du projet de barrage à cause du décès d’un enragé imprudent, le président socialiste du conseil départemental a osé parler de « joli cadeau de Noël ». Comme pour les dégâts à Notre-Dame-des-Landes, c’est l’État qui paiera. Ainsi que disait le premier des socialistes à propos de mesures financées par l’impôt « ça ne coûte rien, c’est l’Etat qui paye ».
L’exacerbation des actions écolos crée des affrontements
Car les écologistes non seulement sont cause de coûts directs via les impôts, mais encore génèrent des coûts indirects à la collectivité nationale du fait des antagonismes qu’ils créent ou entretiennent au sein de la société française. Ils se complaisent dans la culture de l’affrontement, de la procédure, de la judiciarisation, quand ce n’est pas dans la technique du coup de main.
Par exemple à Aups pendant l’été dernier 2015, les écolos ont fait monter la tension entre partisans et opposants à un champ d’éoliennes. Résultat : un mât de mesure saboté, des milliers d’euros à la clef.
Quand ce n’est pas sur le terrain physique, c’est sur le web que les militants écologistes font monter la pression. À preuve les provocations des pro-loups sur les réseaux sociaux. Qui n’hésitent pas au passage à pratiquer la collecte de fonds via internet. Les causes se prévalant des plus nobles desseins ne sont pas nécessairement désintéressées.
Même l’État n’est pas à l’abri de activistes écologistes. Le préfet a vu suspendre par le Tribunal administratif son autorisation de détruire en nombre limité des grands cormorans, pourtant redoutables prédateurs. Sur saisine opérée par une ligue de protection des oiseaux.
La véritable écologie est peut-être politique mais pas partisane
On pourrait, rien que dans notre département, multiplier les exemples d’actions et d’exactions menées et causées par les tenants de l’écologie politique. En réalité ce sont d’abord des militants politiques, qui utilisent l’écologie comme moyen d’action.
L’idée même que l’écologie puisse à elle seule constituer l’objet premier d’une formation politique est totalitaire. Au même titre qu’un mouvement politique se réclamant exclusivement d’une religion et ayant comme objectif principal son avènement comme gouvernement de la cité, mènerait en cas de succès politique tout droit à la théocratie.
La préoccupation écologique n’est pas partisane, elle est partagée. Depuis bien avant l’apparition des écologistes et leur confiscation du sujet.
La véritable écologie, c’est celle qui est mise en œuvre par les acteurs de terrain, politiques, économiques, associatifs. Une action comme celle menée par l’association Comprendre et défendre l’arbre, sur le parking de Grand Var en janvier 2015, pour dénoncer la mutilation par mauvais élagage, est mille fois plus utile que la énième combine électoraliste des fractions groupusculaires des écologistes politiciens. On ne voit ni on n’entend guère ces derniers protester contre les monstruosités de l’abattage halal. Ce serait pourtant une cause animale pleinement cohérente avec l’idéologie affichée des responsabilités de l’homme vis-à-vis de son éco-système.
Il n’y a guère de chances de voir les tenants de l’écologie politique s’intéresser aux vrais enjeux écologiques. C’est la politique qui les intéresse. C’est normal quand on se rappelle d’où ils viennent et ce qui les meut : trotskistes recyclés, socialistes en rupture de ban, communistes repentis, arrivistes n’arrivant pas à percer dans d’autres formations, professeurs Nimbus imbus de leur fatras pseudo-scientifique, autodidactes illuminés, bobos en mal de cause caritative, anti-militaristes attardés, ou appartenant à d’autres variétés encore, nos écologistes de pacotille sont au mieux des idiots utiles du système libéral-libertaire-socialiste, au pis des profiteurs – marchands ou politiciens – de la vague existentialiste des sociétés décadentes sur-consommatrices.
Marc FRANÇOIS, Toulon, 7 février 2016