Jean Bricmont, né le 12 avril 1952 à Uccle (Belgique), est un phy­si­cien et essayiste belge, pro­fes­seur émé­rite de phy­sique théo­rique à l’u­ni­ver­si­té catho­lique de Louvain, et membre depuis 2004 de l’Académie royale de Belgique. Opposé, en phy­sique quan­tique, à l’in­ter­pré­ta­tion de Copenhague, Jean Bricmont est l’un des prin­ci­paux défen­seurs de la théo­rie de De Broglie-Bohm.

Jean Bricmont, pro­fes­seur émé­rite de phy­sique théo­rique à l’u­ni­ver­si­té catho­lique de Louvain et membre depuis 2004 de l’Académie royale de Belgique.

Proche de Noam Chomsky, il milite d’une part contre les dérives post­mo­der­nistes et d’autre part contre les res­tric­tions à la liber­té d’ex­pres­sion en France, en deman­dant notam­ment l’abrogation de la loi Gayssot. Certains obser­va­teurs le pré­sentent comme anti­sio­niste et conspi­ra­tion­niste et l’es­timent proche des milieux et thèses anti­sé­mites et néga­tion­nistes. Jean Bricmont affirme, quant à lui, qu’il n’a « jamais nié l’existence des chambres à gaz ». (Wikipédia)

Au mois de mars 2019, la France par­lait d’a­dop­ter une défi­ni­tion de l’an­ti­sé­mi­tisme inté­grant l’an­ti­sio­nisme. Mais pour lui, qui s’op­pose à toute cri­mi­na­li­sa­tion des opi­nions, les deux concepts dif­fèrent fon­da­men­ta­le­ment.

Jean Bricmont devait don­ner un sémi­naire ce mer­cre­di 29 mai à l’université de Nice sur le thème (sans rap­port avec ce qui est décrit pré­cé­dem­ment), « Comprendre la phy­sique quan­tique ». Mais c’é­tait comp­ter sans les séides de la Police de la Pensée, de cer­tains groupes dits “de gauche” et “anti­ra­cistes”.

Deux jours avant le sémi­naire, un cer­tain David Nakache, pré­sident de l’association « Tous citoyens ! », som­mait l’université de Nice de « s’expliquer » [sic] sur cet invi­té. Puis un com­mu­ni­qué de presse était publié via leur site avec ce titre : « Quand l’Université de Nice fait le lit du popu­lisme et du néga­tion­nisme ». Comme si la phy­sique quan­tique avait un rap­port quel­conque avec ces thèmes.
Puis, his­toire de ne pas le lais­ser aboyer tout seul, le syn­di­cat étu­diant « Solidaires étu­diant-e‑s Nice » mena­ça via son compte Facebook de (je cite) « mettre le zbeul à cette confé­rence » avant de conseiller à l’université de l’annuler.

Sommée, menacée et conseillée… l’université de Nice s’est couchée et a annulé la conférence.

L’intolérance idéo­lo­gique, à l’op­po­sé de la démarche uni­ver­si­taire, avait sévi récem­ment en cen­su­rant un autre confé­ren­cier de renom­mée inter­na­tio­nale, Michel Maffesoli.

Michel Maffesoli de l’Institut uni­ver­si­taire de France
Professeur Émérite à la Sorbonne

Ce der­nier avait reto­qué ces petits kapos de la Police de la Pensée à l’œuvre à l’u­ni­ver­si­té de Nice Sophia-Antipolis dans un cour­rier que nous avions publié alors. Effacé par notre ancien héber­geur, OVH, nous repro­dui­sons ce texte ci-dessous.

Nous sommes donc aujourd’­hui dans cette uni­ver­si­té sous la coupe d’une poi­gnée d’in­di­vi­dus très mino­ri­taires mais capables de cen­su­rer tous les confé­ren­ciers, fussent-ils recon­nus par leurs pairs, dont les idées poli­tiques inter­pré­tées par leurs soins ne leur conviennent pas. Cela ne vous rap­pelle pas « les heures les plus sombres…» ?

L’université de Nice conti­nue de s’en­fon­cer dans l’obs­cu­ran­tisme, l’i­gno­rance et la déca­dence.

Patrice LEMAÎTRE

Dés que l’organisatrice [de la confé­rence] m’avait infor­mé des craintes de ses col­lègues je m’étais désis­té.
Et ce d’autant que n’étant pas « deman­deur », je n’avais accep­té cette invi­ta­tion qu’en sou­ve­nir de ces col­lègues, et amis décé­dés : Mattéi, Janicaud, Rosset, qui à la grande époque de cette uni­ver­si­té m’invitaient en des débats tout à la fois rudes et féconds.
Je dois avouer qu’ayant consul­té la liste des ensei­gnants actuels, je n’y ai repé­ré aucun nom connu natio­na­le­ment et, a for­tio­ri , inter­na­tio­na­le­ment. Ne sont-ils pas ce que les gens culti­vés nomment des « minus habens », pri­son­niers des divers lieux com­muns, calom­nies et médi­sances ?
J’ai déjà fait lar­ge­ment cir­cu­lé l’information sur celle guerre picro­cho­line, conflit absurde pour des motifs insi­gni­fiants , et c’est sur­tout l’amusement qui pré­vaut. Fort jus­te­ment d’ailleurs, quoique comme dit l’autre : « et quand on vient d’en rire on devrait en pleu­rer ». Pour ma part j’en reste au rire.
Cela dit, je ne man­que­rai pas de signa­ler cette rare into­lé­rance me concer­nant dans les dix uni­ver­si­tés amé­ri­caines où je dois faire des confé­rence en avril. « L’image de l’université de Nice»…
La déca­dence, en tous domaines, uni­ver­si­taire y com­pris, com­mence quand le dog­ma­tisme, la confu­sion entre le « savant et le poli­tique », s’assujettissent à la « doxa » pre­nant la place de la libre dis­cus­sion. C’est alors que les phi­lo­sophes deviennent des « phi­lo­doxes » ! Ceux-ci devraient se sou­ve­nir ce que médi­tait Nietzsche , en se pro­me­nant dans les rues de Nice : « Le voya­geur qui avait beau­coup vu de pays et de peuples et plu­sieurs conti­nents, et à qui l’on deman­dait quelle qua­li­té il avait par­tout retrou­vée chez les hommes, répon­dit : ils ont une pro­pen­sion à la paresse.D’aucuns pen­se­ront qu’il aurait répon­du avec plus de jus­tesse et de raison:ils sont tous lâches. ils se cachent der­rière les cou­tumes et les opi­nions » ( in « Schopenhauer édu­ca­teur »). Paresse et lâche­té : tout un pro­gramme.
Outre les thèses que j’ai fait sou­te­nir, j’ai écrit une qua­ran­taine d’ouvrages tra­duits dans de nom­breuses langues ; voi­là qui sus­cite les invi­ta­tions et la recon­nais­sance inter­na­tio­nale. Les col­lègues niçois doivent com­prendre que c’est cela qui consti­tue le cœur bat­tant de la voca­tion uni­ver­si­taire et, donc, assure le renom d’une uni­ver­si­té digne de ce nom.

Michel Maffesoli