La Provence : des abbayes, des vins, des vins d’abbayes
La Provence est certainement la région de France qui cultive de la vigne depuis le plus longtemps
En effet, ce sont les Grecs qui ont apporté la vigne en Gaule, à partir de leurs comptoirs sur la côte méditerranéenne, notamment Marseille (Massalia), Nice (Nikaia) ou encore Antibes (Antipolis). Aujourd’hui cette région rassemble de très grands vins et des appellations prestigieuses comme « Châteauneuf du Pape » près d’Avignon ! Mais la région compte aussi et surtout quelques monastères dont certains produisent du vin. Divine Box vous emmène faire une visite mi-oenologique mi-monastique sous le soleil provençal. En avant !
Actuellement, en Provence, 4 abbayes enfilent leur casquette de vigneron pour réaliser d’excellents vins 100% monastiques ! Nous allons vous les présenter une par une, de la plus ancienne à la plus récente. C’est parti !
L’abbaye de Lérins : une île, une abbaye millénaire, un vin d’exception
L’abbaye de Lérins est peut-être une des abbayes les plus anciennes de France, et clou du spectacle : elle est encore en activité ! C’est en 410 après J.C. que saint Honorat s’installe sur une île au large de Cannes pour y trouver plus de calme. Il est rapidement rejoint par d’autres moines et la communauté s’agrandit considérablement. Aujourd’hui (et après beaucoup de péripéties), le monastère de Lérins compte 21 cisterciens qui vivent selon la règle de saint Benoît « Ora et Labora » (ce qui signifie « Prière et Travail »). Et pour la partie « travail », les moines ne chôment pas ! Huile d’olive, liqueurs de Lérins ou vins, leur production est typiquement méditerranéenne. Allons un peu plus en détail dans la production de leurs vins !
Les moines de Lérins sont en effet à la tête d’un vignoble de 8 hectares et demi. La vigne y est cultivée depuis l’époque médiévale, notamment pour les besoins de la messe et la consommation personnelle des moines de jadis ! Ce n’est que dans les années 1990 que le vignoble commence à être exploité pour en distribuer le fruit au grand public.
Le vignoble de l’abbaye de Lérins se distingue par trois forces :
• un terroir exceptionnel. L’île est en effet constituée d’un mélange de roches calcaires et de dolomites (une roche marine pleine de magnésium), le tout recouvert d’un limon argileux. Tout est parfait pour l’implantation de la vigne : le calcaire retient les éléments nutritif, les dolomites conservent la neutralité du sol et le limon argileux est parfait pour le drainage des eaux de pluie !
• un climat avantageux. Le soleil et la chaleur de la zone méditerranéenne sont en effet adoucis par des vents marins chargés d’humidité. Bref, tout ce qu’il faut pour une vigne en pleine forme !
• un mode de production respectueux de la nature. Cela s’illustre de différentes manières. Par exemple, les moines, proches de la Création, font tout à la main : ébourgeonnage, vendanges et vinification. Ensuite, les frères cisterciens n’utilisent aucun herbicide ! Il faut dire que le sel apporté par la brise marine se charge de nettoyer le sol, ce qui est pratique…
Bref, tout cela donne d’excellentes cuvées, réputées dans le monde monastique mais aussi et surtout au delà, jusqu’au Japon ! Les moines sortent ainsi chaque année environ 40 000 bouteilles, réparties en 5 vins rouges et 3 vins blancs.
Pour la petite anecdote, ces vins de Lérins ont été servis plusieurs années de suite au jury du festival de Cannes et même à la table du G20 ! Que voulez-vous de plus ? 😇
Abbaye de Jouques : quand produits de la vigne rime avec humour !
Beaucoup plus récente puisque fondée en 1967, l’abbaye de Jouques est installée sur un petit plateau surplombant la vallée de la Durance. Elle compte aujourd’hui 45 sœurs bénédictines qui vivent selon la règle de saint Benoît « Prière et Travail ». Elles assistent ainsi à sept offices par jour (le premier à cinq heures du matin !), et travaillent de leurs mains pour subvenir à leurs besoins.
Côté vignoble, l’abbaye se situe dans l’appellation “coteaux‑d’Aix-en-Provence”. C’est donc sous cette appellation que les soeurs produisent leur vin (en plus d’autres productions : cliquez ici pour découvrir tous les produits de l’abbaye de Jouques). Plus de huit hectares de vignes sont ainsi entretenus toute l’année et vendangés par les sœurs.
Et en matière de vins, les sœurs aiment bien plaisanter ! Voici deux beaux exemples :
• Une parcelle de vignes, très capricieuse et dure à entretenir, s’appelle par exemple « la parcelle Saint-Jérôme », en référence au saint, connu pour ses grandes colères.
• Plus récemment, les sœurs ont sorti une toute nouvelle cuvée : un vin rouge baptisé « Louange ». Pourquoi ce nom ? Eh bien sur l’étiquette, on peut y lire : « Sa louange sera toujours sur ma bouche »…
Qui a dit que les religieuses n’avaient pas d’humour ?
Et voilà, tout cela donne 3000 bouteilles par an, certifiées AOC. Une petite production pour une communauté bourrée d’humour et de dynamisme !
Abbaye du Barroux : un projet “Via Caritatis” de grande envergure !
Aussi arrivés en Provence dans les années 70, les bénédictins du Barroux suivent, comme les deux autres abbayes, la règle de saint Benoît. Les 55 moines prient donc huit fois par jour, avec le premier office, les matines, à 3h30 du matin !
Côté travail (« labora »), ils ont peu à peu développé le projet de redonner vie au vignoble de leur domaine. Car ce dernier est notoire, grâce à trois particularités remarquables :
• Sa densité. Grâce à la densité élevée de pieds de vignes sur leurs huit hectares de vignoble, les moines obtiennent des vins particulièrement concentrés, c’est-à-dire aux arômes très développés.
• Son climat. Le climat provençal est en effet très favorable à des raisins bien mûrs, grâce à son soleil et à sa chaleur, naturellement régulés par le vent méditerranéen
• Son histoire. Le vignoble actuellement cultivé par les moines a en effet appartenu au pape au XIVe siècle ! C’est un des tout premiers vignobles pontificaux, portant donc tout un héritage avec lui…
Pour aller encore plus loin dans leur projet de valorisation du terroir, les moines du Barroux se sont associés avec d’autres vignerons du mont Ventoux pour produire une gamme de vins : « Via Caritatis » (la Voie de la Charité). Elle unifie ainsi le savoir des vignerons à la sagesse des moines, tout en unissant leurs forces pour mieux répartir leurs coûts. Financièrement, tout le monde s’y retrouve mieux, et cela permet de créer de la valeur pour la région. Gagnant gagnant ! Ce projet concerne 7 vins différents, de qualité très élevée. En effet, plusieurs personnalités du monde du vin les aident à tirer le meilleur de leur terroir, comme par exemple :
• Jean-Robert Pitte, Président de l’Académie du Vin de France
• Philippe Cambie, œnologue reconnu
• Jean-Dominique Artaud, ancien chef de culture du Domaine de la Janasse en Châteauneuf-du-Pape
Un de leurs efforts est de produire en bio et en effectuant la majeure partie de leur travail à la main !
Bref, que du bonheur !
Au monastère de Solan, tout est bio, tout est bon !
Et pour terminer notre petit tour, on reste dans la région d’Avignon : bienvenue au monastère de Solan ! Les religieuses orthodoxes sont arrivées dans la région dans les années 1990 mais leur histoire commence il y a mille ans, sur la presqu’île grecque du mythique Mont Athos ! Là bas vivent encore environ 2000 moines et moniales regroupés en plusieurs monastères. En 1978, l’un d’entre eux choisi d’envoyer des religieuses en France. Ces dernières s’installent d’abord dans le Vercors mais deviennent rapidement trop nombreuses. C’est pour cela qu’elles s’installent finalement à côté d’Avignon dans un lieu plus grand appelé “Solan” !
Aujourd’hui, dix-sept soeurs orthodoxes habitent le monastère de Solan ! Sous leurs longs habits noirs, elle vivent un mode de vie monastique traditionnels , s’inspirant notamment des préceptes de saint Basile (IVe siècle).
Dans le paysage monastique, de nombreuses communautés se mettent à faire des produits monastiques bio. Et à Solan, les sœurs sont à la pointe de cette mouvance ! Parmi tous leurs produits, leur vin est lui aussi, bien évidemment, issu de l’agriculture biologique ! « Nous préférons confier notre terre à saint Gilles, notre patron, plutôt qu’aux produits chimiques » plaisante Mère Hypandia.
Concrètement, , elles ont mis en place de nombreuses techniques rudement efficaces :
• elles enrichissent leurs sols avec du fumier et du marc de raisin composté
• elles recouvrent les sols de paille pour les protéger du soleil et stopper les mauvaises herbes
• pour lutter contre les maladies de la vigne comme l’oïdium ou le mildiou, les soeurs utilisent de petites quantités de cuivre et de soufre, qu’elles associent à des extraits de plantes (purins, tisanes…) ou à des petites roches broyées.
Bref, les sœurs de Solan débordent d’ingéniosité pour respecter la création et produit, sans mauvais jeux de mots, de “bons” vins !
Et pour couronner le tout, les soeurs étiquettent leurs cuvées de vin avec les noms de saints : « Sainte Sophie », « Sainte Catherine », « Saint Simon »… Comme ça, leurs spiritueux sont aussi spirituels !
Et pour goûter ces vins monastiques ?
Pour déguster tout cela, plusieurs possibilités : sur place ou en ligne. On vous résume tout ici :
Adresse de la boutique | Lien pour commander leurs vins (et autres produits) | |
Abbaye de Lérins | Abbaye de Lérins, Île Saint-Honorat 06400 Cannes |
https://divinebox.fr/categorie-produit/producteurs/abbaye-de-lerins/ |
Abbaye de Jouques | Abbaye de Jouques, Chemin du Pey, Autoroute du Val de Durance 13490 Jouques |
https://divinebox.fr/categorie-produit/producteurs/abbaye-de-jouques/ |
Abbaye du Barroux | Abbaye du Barroux, 1201 Chemin des Rabassières 84330 Le Barroux |
https://divinebox.fr/categorie-produit/producteurs/abbaye-du-barroux/ |
Monastère de Solan | Monastère de Solan, 1942 Route de Cavillargues 30330 La Bastide-d’Engras |
https://divinebox.fr/categorie-produit/producteurs/monastere-de-solan/ |