Le « tueur noir » vaut-il mieux que les centrales nucléaires ?
L’écologie aurait été inventée en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel, qui la définissait ainsi : « Science des relations des organismes avec le monde environnant, c’est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d’existence. » De l’autre côté de l’Atlantique, où il est une véritable légende, c’est le voyageur John Muir (1838−1914), peu connu en Europe, qui est considéré comme le père fondateur de l’écologie. C’est néanmoins en Europe, dans les années 70, au début de la crise environnementale, que l’écologie devient politique. Une conférence des Nations Unies sur l’environnement sera d’ailleurs organisée à Stockholm en 1972.
Là encore, les Allemands font figure de pionniers même si les premiers partis écologistes auraient vu le jour en Grande Bretagne (les versions divergent à ce sujet) avec la création du parti « People », ancêtre du parti Vert anglais qui existe toujours. Mais c’est le célèbre parti des « Grünen », né en Allemagne de l’Ouest, qui officialisera l’écologie politique en 1980 et entrera au Bundestag dès 1983.
Depuis, les Verts français et l’opinion publique manipulable voient dans le voisin allemand un exemple à suivre en matière d’écologie. Surtout depuis qu’il a abandonné de façon spectaculaire la production nucléaire d’énergie (après l’accident de Fukushima) et qu’il s’est engagé tête baissée dans la production d’énergies photovoltaïque et éolienne. Mais l’Allemagne est-elle vraiment l’exemple à suivre ? Pas si sûr !
En effet, le photovoltaïque et l’éolien, c’est bien joli quand il s’agit des intentions mais ça ne suffit pas à fournir toute l’énergie dont le pays a besoin. Alors, les Allemands qui n’ont plus de nucléaire font allègrement tourner leurs 84 centrales à charbon inondant de fumées leur territoire et jusqu’aux pays voisins sans parler du CO2 – prétendument responsable du réchauffement climatique – répandu sur la Terre entière. Le tout en jurant la main sur le cœur qu’ils se soucient comme pas un de l’avenir de la planète. Le grand bal des faux-culs dans toute sa splendeur avec Greenpeace à la grosse caisse et les « Grünen » au chant.
En Allemagne – et en France aussi –, le gaz et le pétrole de schiste ont été interdits d’exploitation (et même d’expérimentation). Aux États-Unis, en revanche, ces produits sont un atout important pour reconquérir l’autonomie énergétique du pays. L’économie américaine substitue donc ces nouvelles ressources à une fraction importante de sa production charbonnière qu’elle exporte désormais. Et devinez où ? Vers l’Europe, bien sûr, et en particulier l’Allemagne pour ses grandes entreprises de production d’électricité, RWE et E.ON, qui ont trouvé dans le charbon américain une source d’énergie bien moins chère que le gaz. Celles-ci ont donc substitué sans états d’âme la production à base de charbon à celle qui reposait sur le gaz. Ni le gouvernement de l’austère Angela Merkel, ni le commissaire allemand à l’Énergie de Bruxelles, Günther Oettinger, ni les « Grünen » n’ont contré le choix de ces grands acteurs du marché de l’électricité dans leur pays.
Mais l’affaire semblerait être encore plus trouble. En effet, il apparaît que Greenpeace et les Verts ont carrément donné leur feu vert au déploiement industriel du charbon. N’est-ce pas Jürgen Trittin, président des Verts au Bundestag et ministre fédéral de l’Environnement, qui déclarait en 2011 : « Nous sommes prêts à accepter un retour temporaire au charbon comme source d’énergie » ? Pourquoi ce revirement idéologique spectaculaire ? Et que signifie pour lui ce « temporaire » ? Si l’on considère que ce « retour » impliquera de rouvrir des mines à charbon et, fort probablement, construire d’autres centrales thermiques, voilà du transitoire qui risque de durer 50 ans au minimum ! Quid des énergies « renouvelables », chevaux de bataille des écolos allemands ? La vertueuse Allemagne de Merkel tient donc un langage très hypocrite. Mais quel est le dessous des cartes ?
Il n’est pas interdit de penser que les maîtres de forges allemands ont copieusement financé les Verts comme ils avaient financé Hitler en d’autres temps. Voyant l’industrie nucléaire sonner leur arrêt de mort, ils ont fait en sorte de pouvoir, à tout prix, poursuivre l’exploitation du lignite, ce mauvais charbon dont l’Allemagne regorge. Ils ont donc vaincu le nucléaire grâce à leur générosité auprès des activistes anti-nucléaires, Greenpeace inclus, et ils se frottent aujourd’hui les mains en constatant l’inefficacité des énergies dites « propres » et la nécessité de recourir à des sources de production à la fois réactives et efficientes. Le charbon devenu économiquement plus rentable que le gaz, la partie est définitivement gagnée. Peu importe qu’une centrale à charbon rejette de façon insidieuse dans l’environnement plus de produits radioactifs qu’une centrale nucléaire (pour une puissance restituée de 1 000 mégawatts électriques, une centrale thermique rejette, dans les fumées émises ou dans l’eau de filtration, 500 tonnes de métaux lourds chaque année).
Alors, non, nous n’avons pas de leçons à recevoir des Allemands !
Et encore moins des soi-disant écologistes, toutes obédiences confondues, que l’on sait corruptibles à souhait. Un jour peut-être verrons-nous se tenir le procès pour crime contre l’humanité des lobbies du charbon allemands et de leurs valets Verts. Ne rêvons pas trop tout de même car le charbon reste, et de très loin, la première source de production d’électricité dans le monde : ça ferait beaucoup trop de monde sur le banc des accusés. Mais nos voisins d’outre-Rhin, par leur double jeu, restent plus condamnables que les autres. Comme le sont ceux qui, en toute connaissance de cause, s’apprêtent à arrêter leurs centrales nucléaires au profit du « tueur noir ». Comme toujours, aux bonnes questions, les politiciens sous influence des lobbies apportent les plus mauvaises réponses.
Charles André
Aucun commentaire