Nous n’oublierons pas.
Les Anglais ne font rien comme nous. Ils conduisent à gauche, leurs bérets verts militaires portent l’insigne à gauche alors que les nôtres portent à droite. Nos commandos marine sont nés chez les British et ont été habillés par eux pour être les premiers Français à débarquer le 6 juin 1944.
Les FUMACO (fusiliers-marins-commandos) portent donc, par tradition, leur béret « pas mûr » du mauvais côté, comme se plaisent à « se moquer » leurs frères d’armes paras et légionnaires, bérets rouges et verts.
Dans ces milieux, on sait « déconner », se marrer, les vannes sont plutôt graveleuses et certaines communautés que je ne nommerai pas ici, s’en prennent plein la gueule. Les militaires des Forces Spéciales peuvent apparaître pour certains assez « brut de décoffrage », c’est là tout le socle du respect de la mission. Car quand c’est l’heure de la mission, plus rien ne déconcentre ces hommes extraordinaires. Et extraordinaire, il faut l’être pour faire ça :
Ce robocop va sauter de nuit à 8000 mètres d’altitude, pas d’oxygène, ‑30 degrés, ouvrir son parachute, naviguer 50 km sous sa voile avant de se poser au plus près de l’action du combat qu’il aura à mener. Avant d’être exfiltré par d’autres aéronefs des Forces Spéciales.
Rambo à côté, c’est un boy-scout.
Ils sont une cinquantaine des comme eux, en France. Nous venons d’en perdre deux, Cédric et Alain. Chez ces personnes d’exception la proximité avec la mort est leur quotidien. Pour que la mission soit « facile », l’entrainement doit être le plus dur possible. Chez ces gens on meurt aussi l’entrainement.
Ces gens de l’ombre, habituellement cagoulés, n’ont leurs visages et la célébrité dans les médias que morts.
Ce jour mardi 14 mai, dans un sinistre show médiatique, la République les honore au nom de tous les Français. Pas en mon nom. Cette République a sacrifié deux hommes extraordinaires, deux militaires pour d’obscures raisons dont on ne saura rien. Si ce n’est :
- Pour délivrer deux guignolos en voyage de noce, probablement bobos, partis 12.000 km en avion faire des photos de girafes.
- Dans cette action, qu’on oublie vite conjointe avec les État-Unis, quel est l’enjeu de ce quatrième otage américain libéré dont on ne sait rien ?
- Pourquoi cette précipitation aux risques insensés pour libérer deux irresponsables ?
- Un coup de pub providentiel pour les élections européennes ?
Évidemment secret défense, on ne nous dira pas tout.
Ces deux hommes d’exception sont morts, leur soif de donner un sens à leur vie, leur goût pour l’action les a rattrapés. Je ne doute pas chez eux de cette volonté de servir leur pays, de servir les leurs. J’ai un doute sur leur volonté de servir les valeurs de la République telles qu’elles nous sont exhibées par nos élites décadentes.
Quoi qu’il en soit, ils ont honoré leur mission. Aujourd’hui, je les honore à ma manière, pas aux Invalides où paradent ceux qui les ont envoyés se faire assassiner. Il faut être sur la photo souvenir. J’ai une pensée très forte pour leurs compagnes et leurs parents, dignes et perdus dans cette hypocrite cérémonie. Je n’ai pas eu la force d’écouter jusqu’au bout leurs interviews. Cédric et Alain ont l’âge de mes enfants.
Je m’étais interrogé sur l’action du colonel Beltrame. Un héros civil sans aucun doute, mais pas un héros militaire. Un soldat n’offre pas son arme à l’ennemi. La parallèle de sacrifice a été évoquée à tort pour nos deux bérets verts. Il n’en est rien, ils sont morts les armes à la main, descendus à bout portant. Cependant, ils avaient dans cet assaut les mains de leur gâchette liées, malgré eux, par une hiérarchie irresponsable.
J’ai entendu l’ignoble pour les familles par les représentants de cette République en déperdition, notamment Florence Parly, Ministre des Armées : « Cette opération a été un succès ». Ah bon ?
Aujourd’hui la République a offert deux de ses meilleurs enfants aux terroristes. Je n’appelle pas ça un succès, j’appelle ça un désastre.
De peur de dommages collatéraux, nos commandos n’ont pas ouvert le feu en première intention. La République ne tire pas sur ce qui pourrait être les familles de ces terroristes. La République respecte les Droits de l’Homme, surtout s’il est terroriste.
Demain on n’en parlera plus, Florence et Eva, leurs compagnes, pourront se consoler avec ces Valeurs que l’on invoque devant les caméras mais que l’on ne respecte pas. Elles n’auront pas d’enfants de leurs compagnons. Picque et Lassimouillas, les jeunes mariés, pourront y retourner adopter un petit, c’est devenu bénin aujourd’hui.
J’ai écrit ces mots pendant la cérémonie, elle s’achève sur ce chant « Loin de chez nous, en Afrique ».
Il faudra encore d’autres sacrifices pour sauver l’honneur de la patrie qui se délite avec nos élites dirigeantes.
Michel Lebon
Rappelons la lettre de Marcus Flavinius, centurion à la 2ème cohorte de la légion Augusta adressée à son cousin Tertullus à Rome :
« On nous avait dit, lorsque nous avons quitté le sol natal, que nous partions défendre les droits sacrés que nous confèrent tant de citoyens installés là-bas, tant d’années de présence, tant de bienfaits apportés à des populations qui ont besoin de notre aide et de notre civilisation.
Nous avons pu vérifier que tout était vrai et, parce que c’était vrai, nous n’avons pas hésité à verser l’impôt du sang, à sacrifier notre jeunesse, nos espoirs. Nous ne regrettons rien mais, alors qu’ici cet état d’esprit nous anime, on me dit que dans Rome se succèdent cabales et complots, que fleurit la trahison et que beaucoup, hésitants, troublés, prêtent des oreilles complaisantes aux pires tentations de l’abandon et vilipendent notre action.
Je ne puis croire que tout cela soit vrai et, pourtant, des guerres récentes ont montré à quel point pouvait être pernicieux un tel état d’âme et où il pouvait mener.
Je t’en prie, rassure-moi au plus vite et dis-moi que nos concitoyens nous comprennent , nous soutiennent, nous protègent comme nous protégeons, nous-mêmes, la grandeur de l’Empire.
S’il devait en être autrement, si nous devions laisser en vain nos os blanchis sur les pistes du désert, alors que l’on prenne garde à LA COLÈRE DES LÉGIONS ».
Vous avez raison de préciser les ambiguités du scénario tel qu’il a été décrit. Il reste quand même des zones d’ombres, comme on peut le lire ici :
https://strategika51.org/archives/62902