Résistance Républicaine était pré­sente ce mar­di soir 18 octobre 2016 à Tourves pour une réunion publique d’information rela­tive à un pro­jet de pla­ce­ment de 90 clan­des­tins dans un centre de loi­sirs CCAS de l’EDF. La réunion était orga­ni­sée à l’initiative du maire (Jean-Michel Constans) et de divers res­pon­sables ou édu­ca­teurs d’organisations dites « non gou­ver­ne­men­tales ». L’idée de pla­ce­ment de ces clan­des­tins est liée à une volon­té gou­ver­ne­men­tale, relayée loca­le­ment par la Préfecture (repré­sen­tée par deux sous-pré­fets délé­gués) et le CCAS d’EDF.

La saga du « Peuple des Migrants »

C’est sous un beau ciel bleu puis étoi­lé que s’est dérou­lée cette soi­rée « Contes » ce mar­di soir à Tourves, à l’espace cultu­rel J.B. Menut.

De nom­breux vil­la­geois étaient venus pour écou­ter des conteurs qui s’étaient dépla­cés depuis la capi­tale, voire de Calais ! Ces conteurs sont issus d’une confré­rie que l’on nomme les « Zohennegés ».

Les gens de Tourves vinrent si nom­breux qu’il fal­lut les ins­tal­ler à l’intérieur du centre et puis ensuite à l’extérieur, par des­sous le ciel et par-des­sus la piste aux étoiles. Certains conteurs fai­saient d’ailleurs pen­ser à des clowns tant leurs pro­pos parais­saient décou­sus par rap­port à leurs augustes confrères.

Bien qu’une par­tie de la popu­la­tion ait eu un peu de mal à se plon­ger dans cette poé­sie digne des mille et une nuits, la soi­rée fut pour d’autres l’occasion d’apprendre des choses incroyables sur … le « Peuple des Migrants » !

Venus d’une contrée anglo-afri­caine que l’on nomme « Jungle de Calais », ils sont presque tous diplô­més, sont très gen­tils et affables, res­pec­tueux de leurs hôtes et éga­le­ment char­mants envers les femmes.

Les leurs sont inha­bi­tuel­le­ment res­tées dans des contrées encore plus recu­lées. Elles vien­dront les rejoindre plus tard, car ce « Peuple des Migrants » aspire à s’établir en plu­sieurs étapes dans notre pays.

Leur saga a d’ailleurs été com­pa­rée par un des conteurs, à l’exil que vécurent les Français en juin 1940. Sur cette der­nière com­pa­rai­son, les petits yeux émer­veillés de Tourves eurent tou­te­fois du mal à ne pas y voir une com­pa­rai­son avec ce qui pour­rait arri­ver aux habi­tant de Tourves et de Navarre si d’aventure il se trou­vait que le « Peuple des Migrants » fût trop popu­leux ou trop enva­his­sant. Certains esprits cha­grins s’évertuaient même à dénom­mer « Clandestins » ce brave « Peuple des Migrants » !

Fort impo­li­ment, ceux-là ne savaient visi­ble­ment pas appré­cier les qua­li­tés intrin­sèques de ce « Peuple des Migrants » . Il fut pour­tant rap­pe­lé que ce peuple fuyait des guerres qui fai­saient rage là-bas où jus­te­ment étaient res­tés leurs femmes et leurs enfants, ce qui prou­vait à quel point ces hommes migrants étaient beau­coup moins effrayants et vin­di­ca­tifs que leurs propres femmes.

Presque fra­giles, ces gens se devaient donc d’être accueillis comme il sied par la Patrie des Droits de l’Homme et c’est jus­te­ment ce que pro­po­sèrent quelques sous-pré­fets qui s’étaient dis­crè­te­ment glis­sés par­mi les conteurs.

Beaucoup moins dis­crè­te­ment, s’étaient éga­le­ment ins­tal­lés aux alen­tours du centre cultu­rel J.B. Menut des hommes en armes, des poli­ciers natio­naux, des poli­ciers muni­ci­paux et des gen­darmes aus­si. Leurs fusils d’assaut bien en évi­dence devaient pro­ba­ble­ment ser­vir à mon­trer à quel point les conteurs et les sous-pré­fets enten­daient pro­té­ger coûte que coûte le « Peuple des Migrants » dès qu’il serait là, c’est à dire ins­tal­lé dans le CCAS de Tourves, en novembre, pour les pre­miers frimas.

On pro­mit qu’ils par­ti­raient dès la fin mars quand l’hiver serait pas­sé, et aus­si qu’ils seraient pro­té­gés 24 heures sur 24 par des amis des conteurs Zohennegés, ces migrants étant tel­le­ment fragiles.

La soi­rée fût une vraie réus­site et tou­chait à sa fin. On per­mit alors d’écouter quelques ques­tions du public après les très longs mono­logues des conteurs, mais on prit bien soin de ne pas y répondre pré­ci­sé­ment, afin de lais­ser opé­rer la magie des mots « pro­ba­ble­ment », « pro­ba­ble­ment »…

Et c’est « pro­ba­ble­ment » aus­si pour garan­tir la beau­té du lieu que les hommes en armes auto­ri­sèrent les ban­de­roles favo­rables au « Peuple des Migrants », tout en confis­quant celles qui pré­ten­daient voir en eux des envahisseurs.

Enfin, quand toutes les pué­riles inquié­tudes du petit peuple de Tourves furent une à une tan­cées et dis­si­pées, il ne res­ta plus qu’à leur sou­hai­ter une bonne nuit.

« Dormez gens de Tourves, dor­mez, car les clowns vont main­te­nant vous quit­ter et vous lais­ser avec le bon “Peuple des Migrants” ».

Ce soir mer­cre­di, le grand bar­num se pro­dui­ra à Pierrefeu-du-Var, qu’on se le dise…

De notre cor­res­pond P.I.F.