J’aime bien Yves Calvi, journaliste un peu bonhomme, pas trop inquisiteur, relativement neutre, présent sur plusieurs feux à la fois, radio, TV sur plusieurs chaînes. Ce qui vient de lui arriver est révélateur et mérite d’être salué comme il se doit par notre presse de réinformation.
Le 15 décembre 2016, au cours d’une émission intitulée « Alep seule au monde », Yves Calvi commence par réciter la doxa habituelle au sujet du martyre de la ville et de sa population. Quatre invités sont présents : Frédéric Pichon, auteur du livre « Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé » aux Éditions du Rocher, 2014, le général Vincent Desportes, ancien patron de l’École supérieure de Guerre, Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef à La Croix et Frédéric Pons, journaliste et professeur à Saint-Cyr.
Ces différents invités vont tout de suite, dès le début de l’émission, expliquer que la ville d’Alep n’est pas concernée dans son ensemble par les bombardements mais seulement certains quartiers (l’équivalent d’un ou deux arrondissements de Paris précisera l’un d’entre eux). La grande majorité du territoire urbain est largement épargnée, ses habitants se félicitant de la libération des quartiers Est par l’armée de Bachar el Assad. On rappela à ce moment là que ces quartiers Ouest, souvent chrétiens, avaient subi leur lot de violence au début de la guerre lorsque les « rebelles » les bombardaient sous l’indifférence générale de l’Occident. Le général Desportes ajouta que la situation à Alep Est était la même qu’à Mossoul, les deux secteurs étant tenus par des terroristes ayant pris en otage les civils de la ville. D’un côté c’est Bachar qui bombarde, de l’autre côté c’est Obama et Hollande, mais un seul côté suscite l’indignation. Problème de diplomatie ?
Yves Calvi était un peu gêné, on le sentait. Il ne s’attendait sûrement pas une telle unanimité dans les témoignages de ses invités. Il osa même avouer sa crainte d’avoir organisé une émission « révisionniste » (sic) !
C’est probablement pour cela que, moins d’une semaine plus tard, le 21 décembre, il choisit de revenir sur le sujet d’Alep. Mais cette fois un seul invité était présent : Éric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). Contrairement à ce qui était attendu, celui-ci confirma en tous points ce qui s’était dit lors de l’émission précédente, parlant d’une « énorme falsification de l’information », concluant par : « On s’est fait rouler dans la farine avec Alep. »
Si l’on doit tirer une conclusion de ces deux épisodes, c’est que la presse de réinformation, la « réinfosphère », si critiquée, accusée et condamnée, fait son boulot, elle. M. Yves Calvi a eu le nez d’inviter les bonnes personnes pour des émissions de grande écoute. Mais les petits journalistes que nous sommes pouvons conseiller au grand journaliste qu’il est de s’informer aussi ailleurs. Il aurait vu et lu ce que ses invités lui disaient. Il aurait vu les vidéos démontrant les méthodes des « rebelles », la petite fille actrice malgré elle de scènes bien différentes, les préparatoires pour les futurs montages de « carnages », les fumigènes faisant croire aux dégâts des bombardements, les blessés maquillés pour les TV.
Yves Calvi aurait alors pu se démarquer de ses confrères bien pensants. Encore un effort Yves Calvi ! Invitez plutôt des journalistes de la réinformation, passez leurs vidéos, leurs interviews, leurs articles. Je vous promets une grimpée de votre audimat dans les mêmes proportions que Nice Provence Info (statistiques ci-dessous).
Patrice LEMAÎTRE