François Fillon peut-il en sortir gagnant ?
La question peut paraître paradoxale. Depuis quelques jours, en cette fin du mois de janvier 2017, la convergence et la violence des attaques à répétition que François Fillon endure devraient suffire à le considérer comme perdu pour la campagne présidentielle du printemps. Et pourtant…
Rien n’est joué malgré un harcèlement destiné à tuer politiquement
Et pourtant…Rien n’est joué. Même si certains éditorialistes prennent la pose blasée de ceux qui savent. Ceux à qui on ne la fait pas. Ceux qui sont déjà dans la vision du coup d’après. Posture caractéristique d’une certaine suffisance journalistique. Certains parlent déjà de « l’exfiltration du soldat Fillon » par la droite.
Il faut reconnaître que tout laisse à penser que le candidat LR pourrait s’effondrer sous de tels coups de boutoir, surtout vu les adversaires qui sont à la manœuvre. Trois affaires en une semaine, c’est beaucoup : révélation publique de Pénélope employée comme assistante parlementaire, soupçons d’emploi fictif comme salariée fantôme dans une maison d’édition de la même Pénélope, chèques douteux remis à quelques sénateurs dont François Fillon.
Que ces faits remontent à quelques années n’atténue en rien l’effet dévastateur de ces opportunes « révélations ». L’empressement mis par le parquet financier pour se saisir, plus que suspect quand on connaît les délais habituels de la procédure, en dit long sur la préparation et la coordination de l’opération de déstabilisation de Fillon. Et sur l’inféodation des magistrats, ainsi que sur le ressentiment vraisemblable d’un pouvoir aux abois en cette fin de présidence interminable et particulièrement décadente. Bien sûr le rôle des médias, dans cette affaire montée comme un coup politique sur la scène du théâtre électoral, est flagrant. Pas besoin pour le candidat de la droite et du centre d’être paranoïaque, ni pour le citoyen de nourrir un fantasme complotiste, pour constater que François Fillon est devenu l’homme à abattre. Peut-être même avec des munitions venues de son propre camp, fournies par des concurrents revanchards ou des ambitieux éconduits.
Un retournement favorable est possible
Et pourtant… Cette chronique d’une exécution politique annoncée ne constitue pas forcément le scénario le plus certain. Le changement de personnage que Fillon vient d’opérer, en jouant à contre-pied, en abandonnant le costume du chevalier blanc pour adopter la posture de la victimisation, peut aussi le servir. Jean-Marie Le Pen n’a jamais pâti du déchaînement de la presse subventionnée, lors de ce qu’elle appelait systématiquement ses « dérapages ». Quoiqu’il ait vraiment dit ou réellement fait, au demeurant. Paradoxalement, le chef d’alors du FN connaissait chaque fois un regain de popularité générale. Et en même temps un renforcement du soutien de ses partisans en réaction de solidarité. Le chef d’aujourd’hui des LR est susceptible d’en bénéficier également.
En effet l’appareil de Justice et l’autorité de l’Exécutif n’inspirent plus guère confiance au peuple, aujourd’hui. Les « grands » médias subventionnés – souvent maintenus en survie artificielle par l’Exécutif via les aides à la presse dite d’opinion – craignent eux-mêmes le pouvoir des juges. Il faut bien comprendre que les médias officiels servent à la fois de caisses de résonance et font partie intégrante du Système. C’est pourquoi la presse « mainstream » française fait l’objet d’une défiance particulière de la part des citoyens : il suffit de voir ce qu’ils ont répondu à Jean-Jacques Bourdin, qui s’était cru malin en les consultant à ce sujet…
Il n’est donc pas impossible que l’acharnement simultané, sinon concerté, du triptyque détenteur du pouvoir réel – à savoir exécutif/judiciaire/médiatique – produise l’effet inverse de celui recherché par ses instigateurs. Et en conséquence finisse par renforcer François Fillon dans l’opinion, voire dans les urnes. Sil tient bon. S’il est d’abord fort lui-même, car ses soutiens ne semblent pas s’empresser pour l’instant. On remarque par exemple la grande discrétion des ténors LR du Var, huit députés sur huit et deux sénateurs sur quatre. Dans un département largement acquis aux idées conservatrices sur le plan social et libérales dans le domaine économique. Un terrain ou donc une prise de position de principe pour défendre Fillon, avec des mots pesés non compromettants, ne paraît pourtant pas trop risquée.
Michel MARS
30 janvier 2017
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