
La chute de la maison Falco
Marc-François de Rancon, toulonnais et fidèle lecteur de Nice Provence Info, nous fait parvenir son analyse de la condamnation, ce vendredi 14 avril 2023, de Hubert Falco par le tribunal correctionnel de Marseille. La cour a condamné le maire de Toulon à trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat, entraînant la perte de ses mandats.
Qui connaît un peu Hubert Falco n’en doute pas : la prison avec sursis, l’amende, c’est certainement une surprise et une injustice à ses yeux.
Mais le plus terrible est représenté par la peine d’inéligibilité, avec obligation de se démettre de tous ses mandats
Cette condamnation, pour lui, maire de Toulon et Président de la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée qu’il a créée, c’est pire que la prison. Laquelle lui aurait permis de partir au moins avec une aura mafieuse de bon niveau, comme son mentor Maurice Arreckx autrefois. La plus cruelle des peines dont il a écopé, c’est bien la perte de ses mandats. Avec exécution provisoire. Donc pas d’échappatoires ni de manœuvres dilatoires possibles. On sent que les réquisitions du procureur et les décisions du juge ont été taillées sur mesure.
C’est sa mort, médiatique et politique, programmée. Car c’était toute sa vie.
Sa plus forte motivation à continuer à son âge la vie publique résidait dans l’exercice de ses fonctions électives à Métropole Toulon Provence Méditerranée et surtout à Toulon. Il ne résistait pas à la corvée, un plaisir pour lui, de faire de temps en temps la traditionnelle « tournée des lampadaires », les élus et anciens élus savent ce que ça veut dire.
À l’évidence il s’agit d’une condamnation politique, par le plus petit bout la lorgnette, c’est-à-dire une condamnation électorale. Celle qui fait le plus mal, à lui qui s’enorgueillissait – à juste titre au demeurant – de « n’avoir jamais perdu une élection ». Nul doute qu’il considèrera de son point de vue, ad vitam aeternam, qu’il s’agit d’un déni de démocratie que de le priver par décision judiciaire, donc administrative et non populaire, de mandats que les électeurs lui avaient confiés et renouvelés, souvent avec de larges majorités.
En présence d’une condamnation aussi ciblée et ciselée, on a envie de chercher d’emblée celui que le proverbe désigne : « Is fecit cui prodest »(1). Pas sûr que ce soit là que réside la clef de l’affaire. En fait, le plus intéressant, ce n’est pas de savoir qui a signalé l’affaire, comment l’enquête a été menée ou encore quelle tendance de la magistrature l’a chargé par inimitié, idéologie ou règlement de comptes, mais plutôt de comprendre quels maillons de la chaîne qui l’avait toujours protégé ont cette fois fait défaut. Il avait pourtant comme avocat Thierry Fradet, le meilleur défenseur possible en la circonstance. Les récents retournements de veste politiques d’Hubert Falco, de LR à Macron(2), ont pu certes agacer. Mais le maire de Toulon, et auparavant de Pignans, avait déjà pratiqué dans le passé des fidélités partisanes à géométrie variable. Et il n’est pas le seul dans la région.
La vraie question demeure : qui avait intérêt ou convenance à arrêter aujourd’hui la cavalcade victorieuse de Hubert Falco qui durait depuis plusieurs décennies ?
Car pendant toutes ces années, l’élu, qu’il soit maire, député, sénateur, président du conseil départemental, secrétaire d’État ou ministre, était passé systématiquement et miraculeusement entre les gouttes. À peine mouillé, jamais trempé. Pourtant les affaires qui lui étaient reprochées étaient d’une tout autre nature que la grivèlerie d’aliments qui l’a fait chuter. Même si la tranche de jambon, la poignée de grains de riz et les courgettes du Conseil départemental ont pesé plus lourd que les prix du marché sur le Cours Lafayette…
Plus que jamais un ancien dirigeant va pouvoir méditer sur la sagesse des Anciens Romains. Qui savaient que la Roche tarpéienne est proche du Capitole.
Hubert Falco, il y a moins d’une décennie – les lecteurs de Nice Provence Info en étaient informés grâce aux meilleures sources – était devenu à l’instar de son prédécesseur Maurice Arreckx le véritable parrain du Var, patron du parti majoritaire, faisant et destituant les roitelets locaux à sa guise, n’acceptant aucune ingérence dans son fief (Maud Fontenoy doit s’en souvenir avec une cuisante amertume), pouvant faire remercier les journalistes déplaisants. Le théorème des dominos s’appliquant à plein, c’est pour la Maison Falco à une série de chutes en cascades à laquelle il faut s’attendre, la Justice ne s’en privera vraisemblablement pas. Pour Marc Giraud, c’était déjà fait et ça continue. Jusqu’à présent tous étaient – plus ou moins – soutenus. Maintenant c’est comme la corde soutient le pendu.
On doit aussi s’attendre inévitablement, dans cette Maison et parmi ceux qui la fréquentaient, à une avalanche de reniements, de prises de distance, de tirs sur l’ambulance, de déclarations comme quoi c’était prévisible et normal, et autres propos de politicards ou brèves de comptoir. Sans parler des opposants et des jaloux. Nous ne participerons pas de cette ignoble curée. Quand on s’est opposé politiquement à Hubert Falco, on a pu apprécier l’adversaire. Et l’homme. Le maire a globalement été bon pour la ville de Toulon (tout comme son prédécesseur immédiat, Jean-Marie Le Chevallier), même si certains de ses choix municipaux étaient et demeurent contestables et critiquables :
• des options stratégiques désastreuses pour les transports du futur,
• une politique culturelle avec carte libre au gauchisme déconstructiviste et immigrationniste,
• un système clientéliste de subventions tous azimuts aux associations en particulier à celles qui sont peu recommandables,
• une politique de dissimulation de l’augmentation de la dette et de la fiscalité municipales par transferts de compétences à la Métropole et inflation des personnels et des statuts de fonctionnaires.
Le responsable politique départemental, régional et national n’a jamais trouvé grâce, en revanche, à nos yeux. Ceci dit, respectons l’homme, peut-être aussi formellement et un peu hypocritement qu’il le faisait avec ses opposants, mais il était poli et avait – souvent hélas sans discernement – du cœur.
Chute de la Maison Falco, c’est certain, mais nous n’assisterons pas à la fin immédiate et simultanée du Système Falco, qui imprègnera un temps encore la vie politique locale et départementale.
Marc-François de Rancon, 16 avril 2023
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4 Commentaires
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Note :
Se traduit généralement par : « Celui qui a commis le crime est celui à qui le crime profite », ou si vous voulez : « À qui profite le crime ? »
Drôle d’article ! Il est à la fois injustement condamné, mais coupable ; auteur de grivèlerie alimentaire et féroce avec les smicardes, mais il avait du coeur ; un bon maire, mais immigrationniste et gaspillant les subventions aux wokistes ; corrompu, mais honnête. Pour tout lecteur non toulonnais, c’est illisible.
La comparaison avec Balkany parait pertinente : Balkany était un bon maire, sympathique, proche de ses administrés, flamboyant, mais pas regardant sur le respect des règles mises en place par la classe politique…à laquelle il appartenait.
Des petits potentats locaux de cet acabit, il y en a un peu partout, plus encore peut-être à gauche où ils sont protégés à la fois par un discours hypocritement moralisateur (« le camp du Bien » – sic ! -), et par des organisations militantes, qui n’existent plus guère à droite.
En soutenant Macron et Muselier, il a approuvé toutes les saloperies de la « franc-macronnarderie », de la répression ignoble des GJ à celle des manifestants anti-retaite à 64 ans. Comme tous les potentats locaux vivant de l’argent public, ils s’octroient des avantages indus sur le dos de la collectivité.
J’ai souvenir d’une cantine scolaire où la Mairie avait reproché aux « femmes de service » (smicardes elles !) d’emporter les restes des repas qui, de toutes façons, auraient été jetés. Que les Toulonnais aient de bonnes raisons d’aimer leur Maire est autre chose.
Après tout Balkany aussi était un Maire apprécié, puisque réélu après sa peine d’inéligibilité.
La foule vote Barabbas !
Les électeurs en redemandent :
Création d’un comité de soutien à Hubert :
https://www.bfmtv.com/var/replay-emissions/bonsoir-var/toulon-un-comite-de-soutien-a-hubert-falco-sur-facebook_VN-202304210711.html