Toulon, 1er mai 2017
Le communautarisme représente-t’il un danger ou un bienfait ? En liaison avec le Café Histoire de Toulon, Var Provence Info a déjà abordé cette délicate question, qui mérite mieux qu’un a priori simpliste. C’est ainsi que nous avons déjà vu qu’il faut se méfier des faux ennemis dans la pensée, de la même manière que l’on fait attention aux faux amis dans les langues étrangères :
http://www.nice-provence.info/var/2017/04/04/communautarisme-faux-ennemi/
Le 26 avril 2017, Michel Masson a fait l’honneur au nombreux public du pub Le Graal d’une causerie argumentée et documentée sur ce thème. Un sujet que d’emblée le conférencier , il reviendra à quelques reprises sur l’importance du vocabulaire, préfère à juste titre intituler « l’esprit communautaire » plutôt que le « communautarisme ». Michel Masson connaît la valeur des mots. Penseur, écrivain, il est aussi l’éditeur de presse de la revue « L’Escritoire ». C’est donc en sachant, si ce n’est en savant, qu’il pose dès le début de son propos les nuances qu’il faut déceler entre les notions de communauté, d’esprit communautaire et de communautarisme, ceci dans le sens de la doctrine sociale de l’Eglise.
Désintégration de notre identité française
Pour l’orateur, nous assistons depuis un certain temps déjà à un mouvement de désintégration de notre identité française, en partie modelée par le christianisme, à la fois en tant qu’individus et en tant que communauté. Plus on avance, plus la fin de cette déconstruction approche, plus l’on tend vers l’époque de la future reconstruction.
Or, « on ne résout pas les problèmes avec le mode de pensée qui les a engendrés » avertit solennellement Michel Masson.
Constatant que le mot communauté, contrairement au mot politique, n’existe pas dans le Catéchisme, le conférencier poursuit en affirmant que les communautés ne constituent pas la cause de la « dissociété », au contraire. En effet les communautés représentent des contreparties de base indispensables de la construction des sociétés. Il fait au passage une mise au point d’ordre philologique et pédagogique : le peuple ne se réduit pas au populisme, l’existence du complot ne mène pas forcément au complotisme, l’essence de la nation est différente du nationalisme, la laïcité ne devrait pas se confondre avec le laïcisme, ni l’individu avec l’individualisme. De même, l’existence des communautés au sein de la société ne peut pas être assimilée à du communautarisme. Tout principe, aussi sain soit-il, court le risque d’être dévergondé dès lors qu’il fait l’objet d’une « absolutisation » que Michel Masson regarde comme une subversion idéologique.
L’anticommunautarisme primaire n’est pas la solution
Attention, dès lors, à ne pas céder à la tendance poussant, comme l’on dit de façon imagée et triviale, à vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce défaut atteint notamment les anti-communautaristes, qui veulent déstructurer les communautés naturelles et ainsi rejeter les individus dans la globalisation, dont on sait qu’elle est multi-ethnique, muli-culturelle, donc fatalement multi-conflictuelle à terme. A ce stade Michel Masson fait des constats parallèles à ceux d’Alain de Benoist, qu’il évoque nommément en cours de conférence.
Pour Michel Masson il faut remettre les communautés à leur place organique dans les sociétés . L’homme n’est fait ni pour la solitude ni pour la multitude, mais pour la communauté nous dit-il. Les communautés n’abolissent pas les familles. Les familles n’abolissent pas les individus. Le peuple n’abolit pas les familles. Nous sommes en présence d’une continuité sous forme d’articulations organiques. Là l’orateur souhaite attirer l’attention de l’assistance sur certaines spécificités de la communauté qui constituent autant de différences essentielles avec d’autres organisations : la communauté ne peut se réduire ni à la secte, ni à la caste ni au clan, symboles d’un esprit plus primitif ; les communautés ne se confondent pas non plus avec les corps intermédiaires, souvent chargés de représentativité.
Les communautés composantes organiques de la société
En fait les trois composantes organiques de la société sont les personnes, les familles et les communautés, vues comme des cercles concentriques s’élargissant en circonférence. Il existe plusieurs définitions de la communauté. L’une des plus communément admises, même si elle est imparfaite, consiste à y voir des regroupements libres libres et durables de personnes liées par leurs origines ou leurs intérêts communs. Le rôle essentiel de la communauté est triple : contenir, protéger, communiquer. On peut tenter également un typologie des communautés de base selon trois types :
- les communautés naturelles (exemple : les communautés d’origines)
- les communautés de destin (communautés professionnelles, communautés de de destin, de besoin, de nécessité, …)
- les communautés d’élection (communautés religieuses, sportives, etc).
La définition du rôle des communautés, ainsi que des limites à y assigner, relève du pouvoir d’organisation de la vie en société, c’est-à-dire de la sphère politique. Par exemple conclut Michel Masson, « c’est au Politique de régler le problème des communautés islamiques trop nombreuses ».
Marc François