Marathon en moins de 2 heures : échec pour Kipchoge

8 mai 2017 | Sports | Aucun com­men­taire

La tentative visant à courir le marathon en moins de 2 heures s’est soldée par un échec. Le Kenyan Eliud Kipchoge a mis 2h 00mn 25s pour couvrir les 42,195 km (1).

Le staff du pro­jet Breaking2 de Nike avait fixé la ten­ta­tive de Eliud Kipchoge au 6 mai à Monza, sur un cir­cuit fer­mé de 2,400 km. Var-Provence.Info vous a déjà fait décou­vrir de façon anti­ci­pée les tenants et abou­tis­sants de ce pro­jet spor­tif hors du com­mun : voir ici

Mais il ne pou­vait être ques­tion de record du monde puisque les condi­tions dans les­quelles la course se dérou­lait ne per­met­taient pas d’of­fi­cia­li­ser la per­for­mance. En effet, rien que la voi­ture qui pré­cé­dait les cou­reurs pour leur cou­per le vent – et qui déli­mi­tait au sol par un fais­ceau lumi­neux l’en­droit où cou­rir pour béné­fi­cier au mieux de sa pro­tec­tion – ne cor­res­pon­dait en rien à des condi­tions nor­males de course. Sans comp­ter les équipes de lièvres se relayant – et reve­nant en course tous les deux tours, après un court repos – pour accom­pa­gner et pro­té­ger Kipchoge, les ravi­taille­ments mobiles et non éta­blis à des endroits fixes, ain­si que l’ab­sence de recon­nais­sance offi­cielle de la compétition.

Il convient donc d’exa­mi­ner la per­for­mance plu­tôt que les circonstances.

Un chro­no de 2h00’25s dans ces condi­tions, même s’il semble éton­nant com­pa­ré au record du monde offi­ciel déte­nu par Dennis Kimeto (KEN) en 2h02’57s et au record per­son­nel de Kipchoge en 2h03’05s, ne paraît pas si extra­or­di­naire pour un mara­tho­nien qui s’est pré­pa­ré pen­dant sept mois dans ce seul but et qui a béné­fi­cié d’au­tant d’aides exté­rieures lors de sa course. Le chro­no en moins de deux heures était envi­sa­geable et le résul­tat est donc un échec… ce qui n’empêche pas de saluer la per­for­mance accom­plie par le Kenyan, ce que nous fai­sons bien volontiers !

Contrairement à ce que cer­tains com­men­ta­teurs ont sou­te­nu après l’arrivée, le résul­tat n’ouvre pas une ère nou­velle mais démontre uni­que­ment qu’un mara­tho­nien, dont la valeur phy­sio­lo­gique sur les 42,195 km est d’environ 2h dans des condi­tions opti­males, ne vaut plus que 2h02” ou 2h03” dans des condi­tions nor­males de course. Et que toutes les aides que l’on peut lui appor­ter pour le « tirer » lors de sa course, afin qu’il aille plus vite, repré­sentent envi­ron trois minutes.

Nous ver­rons, lors des mara­thons d’au­tomne, ce que fera le Kenyan, sans doute à Berlin où on l’an­nonce sur le par­cours emprun­té lors des six der­niers records du monde de la dis­tance. Notre pré­cé­dent article l’es­ti­mait capable de réa­li­ser aux alen­tours de 2h02” et c’est peut-être le niveau où on le poin­te­ra à ce moment-là. Mais rien ne dit qu’il l’emportera s’il se retrouve oppo­sé à Kenenisa Bekele (ETH). Un Bekele dont on a long­temps pen­sé qu’il était le seul à pou­voir un jour faire des­cendre le record offi­ciel sous les deux heures… et à qui la ten­ta­tive de Kipchoge pour­rait bien don­ner des idées.

Le duel, s’il avait lieu fin sep­tembre dans la capi­tale alle­mande, serait allé­chant et relan­ce­rait l’es­poir que beau­coup caressent de voir un homme s’ap­pro­cher un peu plus des deux heures au mara­thon… mais dans une vraie course, cette fois !

Ophélie Dubreuil, 7 mai 2017

(1) Le mara­thon mesure 42,195 km, ce qui cor­res­pond aux 26 miles et 385 yards du mara­thon des Jeux de Londres en 1908. C’est le 27 mai 1921, à son Congrès de Genève, que l’IAAF (fédé­ra­tion inter­na­tio­nale d’ath­lé­tisme) a offi­cia­li­sé la dis­tance à cette lon­gueur. Auparavant, le mara­thon fai­sait « approxi­ma­ti­ve­ment 40 km ».