2018 l’année du centenaire, à Jules Pavie et par lui, à tous nos héros de la Grande Guerre
Chaque jour de cette année aura été le centenaire de centaines de morts tragiques dans toutes les familles de France jusqu’au 11 novembre, jour de l’armistice de 1918. Cette année du centenaire aura brillé par l’absence de commémorations ; l’indifférence cruelle pour nos aïeux. Il est vrai qu’aujourd’hui, l’Histoire de France, les Français de souche, tout le monde s’en fout ! Un côté ringard dans la modernité sociétale de nos élites.
Jules Louis Pavie naquit le 6 octobre 1880 à Cransac dans l’Aveyron. Il sera mineur, comme son père, dans le Rouergue, dans les mines Decazeville.
De la classe 1900, il effectue son service militaire au 3ième Régiment d’Infanterie de Cambrais. A cette époque, les hommes effectuaient un service militaire d’une durée de 3 ans.
Une fois libéré de ses obligations militaires, Jules passe dans la réserve de l’armée d’active. Il reprend son activité de mineur en 1904 pour quelques années de paix dans son Aveyronnais. Il se marie et a deux enfants : Marceau né en 1908 et Juliette née en 1910.
Dès septembre 1914 il est mobilisé par le prestigieux 122e RI de Rodez. Il devra compléter les rangs décimés de son régiment. Ces réservistes avaient entre 25 et 35 ans. Ce fut le cas de Jules Louis Pavie qui sera justement rappelé à la limite d’âge, 34 ans en 1914. De 35 à 45 ans, les réservistes d’active passaient dans la réserve des régiments territoriaux, moins exposés à la mitraille.
À cette époque la vie dans les provinces, les villages, se perpétue invariablement depuis des générations, dans les paroisses. On parle le patois et dans bien des endroits l’autorité est le curé. Le clocher rythme la vie des campagnes. Beaucoup de ces gens ont grandi et vécu dans leur village, sans savoir même à quelle couronne ils appartenaient ou qui gouvernait. On ne voyageait pas, les informations étaient inexistantes. L’horizon des yeux était la limite du monde. On transmettait ses savoirs, oralement. On reprenait le métier du père.
Le 28 juillet 1914 le tocsin va mettre un terme à cette France multiséculaire, rurale et paisible, pour le premier grand ravage de la mondialisation naissante. On va brutalement passer des guerres en dentelles à la boucherie mécanisée, l’enfer de la modernité. Aucun de ces paysans, de ces ouvriers n’imaginait ce qui allait arriver. On s’éclairait encore à la lampe à pétrole, pas d’électricité. Alors les mitrailleuses, les tanks et les aéroplanes, la grosse Bertha, personne n’en soupçonnait l’existence. La guerre pour l’ami bidasse c’est le fusil Lebel, les bandes molletières et le pantalon rouge garance. Il est fier de son bel uniforme, porte la moustache bien taillée et il est bien coiffé. |
Personne ne pouvait imaginer la suite tragique à venir. Il va vite devenir un poilu pouilleux vivant avec les rats, la vermine, les gaz et la grippe espagnole. Son régiment est tout de suite engagé en Belgique avec une brutalité inouïe. Le 20 novembre 1914, le 122e RI relève des Anglais à Zillebeke. La ville d’Ypres avait brûlé, la vieille cité du Moyen Âge avec son beffroi fut détruite par un déchaînement d’artillerie. Les soldats aménagèrent des tranchées dans des conditions difficiles. L’hiver fut très froid. Dans la plaine de Flandres, les digues ayant été rompues par les Alliés, les soldats durent lutter contre la boue, dans laquelle ils s’enfonçaient jusqu’au dessus des genoux.
Les pertes en officiers et en hommes du 122e RI furent considérables : 1 400 morts en moins de quatre mois, depuis l’arrivée en Belgique. 12 000 pendant la durée du conflit.
À cette époque, un régiment comptait environ 3 500 hommes. Ses effectifs étaient reconstitués au fur et à mesure des pertes sur le front. Au cantonnement, les réservistes étaient rappelés par ordre d’ancienneté de classe et partaient la fleur au fusil.
Jules Louis Pavie est engagé en Belgique et dans la première campagne de Champagne de janvier à mai 1915. Dans la Marne, le général de Langle se décide à porter tout son effort sur un front de huit kilomètres entre la ferme de Beauséjour et le bois de Perthes. Les Allemands siégeant sur une hauteur, les soldats français essaieront de reprendre la ferme. Mais les « casques à pointe » avaient organisé et fortifié un lacis de tranchées. Cette position à laquelle se heurteront les poilus tout au long du premier trimestre de 1915, sera baptisée « Fortin de Beauséjour ». Ce bastion est pris et repris 7 fois entre mi-février et mi-mars 1915. Il y règne une incessante guerre de mines souterraines et d’assauts à la baïonnette, particulièrement meurtriers.
Le 14 mars, les 122e et 142e régiments d’infanterie attaquent à l’est. Le 122e parvient à une vingtaine de mètres de la cote 196, où il se retranche. Des mitrailleuses installées dans le Ravin des Cuisines laissent les compagnies se déployer et les prennent par de violents feux de flanc.
La vie du soldat 2e classe Jules Louis Pavie s’arrêtera ce jour, à 13 heures dans ces sinistres tranchées. En donnant l’assaut.
Vers 15 heures, par suite des pertes subies, le mouvement en avant est suspendu. Le soir, on compte 126 hommes tués dans sa compagnie.
Mort moins de 10 mois après le début de la guerre. Passé de la la barre à mine dans les galeries de charbon à la baïonnette dans les tranchées. Le coup de grisou l’a épargné, l’explosion des mines militaires a eu raison de la vie de cet homme fauché à 35 ans par les Allemands.
Il aura sa médaille posthume, cité à l’ordre de la Division dans le Journal Officiel.
Après lui, cette guerre continuera encore trois ans, sur le même rythme des pertes humaines. Pendant ces quatre années, il sera tué ou blessé l’équivalent d’un régiment entier… par jour. Rien qu’en France : 1 400 000 morts. Un génocide européen. La France ne s’en remettra jamais.
Beaucoup de morts n’ont pu être identifiés (enterrés, déchiquetés ou abandonnés). Jules repose probablement dans l’un des six ossuaires de Minaucourt, parmi ses milliers de compagnons d’infortune.
Que reste-il de cette Histoire ?
Personne n’en tirera les conséquences. Aujourd’hui comme hier, les élites européennes se moquent de leurs populations, voire les méprisent. Et ce n’est pas notre président fantoche qui nous démontrera le contraire.
• Honte à tous les mondialistes, tueurs de masses pour leurs intérêts.
• Honte à tous ces fossoyeurs de notre Histoire pour qui notre pays n’est qu’un hôtel de passage sans fondements, sans racines.
• Honte à tous les industriels marchands d’armes. Les responsables marchands de canons ne seront jamais inquiétés, ils feront fortune et sont encore là aujourd’hui pour nous imposer leur Système génocidaire.
Jules Pavie a extrait le charbon pour les forges du Français Schneider qui fabriquait des tanks…
…pendant que « Hans » l’Allemand extrayait le charbon de la Ruhr pour les forges de Krupp :
Jules et Hans vont pouvoir s’entretuer pour défendre la capital de ceux qui les ont exploités, ceux qui envoyaient la troupe pour mater leurs grèves d’ouvriers en 1869. Les Français et les Allemands, qui ne se connaissaient pas, se sont étripés pour des nobliaux et capitalistes qui se connaissaient et passaient leurs vacances ensemble en villégiature dans les stations balnéaires de la Côte d’Azur ou d’ailleurs.
Le deuxième classe Pavie a laissé une veuve de 28 ans et deux orphelins de 4 et 6 ans. Sa fille de quatre ans, Juliette ma grand-mère, trop jeune, ne gardera aucun souvenir de son père mineur. Les ouvriers étaient rarement photographiés à cette époque. Il n’y a aucune image de cet homme.
Jules Louis Pavie est mon arrière grand-père. S’il lit ces lignes, j’espère qu’il aura un petit bonheur posthume dans son ciel. Celui de ne pas avoir disparu de la mémoire des vivants. Peut-être se retournerait-il dans son ossuaire s’il voyait ce qu’est devenu son pays, celui pour lequel il s’est sacrifié.
Jules Louis Pavie, simple troufion, mon aïeul, tu es un héros.
Reçois la médaille de la fierté de tes descendants.
Michel Lebon
Un bien bel hommage et une réalité de 2022 qui ne doit pas nous faire oublier nos souches, nos héros et notre histoire. Nous sommes les Français, les vrais. Continuons de défendre notre Patrie.
Quatre jours avant sa mort au combat le 14 mars 1915, Jules Pavie a pu croiser De Gaulle qui a été blessé à quelques centaines de mètres.
Le capitaine De Gaulle a rejoint le 33e RI sur le front de Champagne pour commander la 7e compagnie. Il est à nouveau blessé le 10 mars 1915 à la main gauche, au Mesnil-lès-Hurlus en Champagne. Beauséjour se trouve sur la même commune.