Le panégyrique grotesque de Chirac par Macron

On l’attendait au tournant. Exercice obligé, de sa loge Macron s’est fendu d’un éloge vide et creux

« Le pré­sident Jacques Chirac nous a quit­tés ce matin. Nous, Français, per­dons un homme d’État que nous aimions autant qu’il nous aimait… »

Ça com­mence mal : Jacques Chirac — le tueur poli­ti­cien — a su se faire des enne­mis jurés dans ce panier de crabes de la poli­tique, sur­tout dans son camp. Comme ici Marie-France Garaud en 1985, pour­tant hier co-fon­da­trice de son célé­bris­sime RPR :
« Je croyais que Chirac était du marbre dont on fait les sta­tues. En réa­li­té il est de la faïence dont on fait les bidets ».
Quant aux Français… Ils auront appré­cié son goût pour la bière et pour le sau­cis­son. Moi aus­si (la bière et le saucisson).

« …Plus de qua­rante années de vie poli­tique avaient fait de Jacques Chirac un visage familier… »

Surtout chez les Guignols de l’in­fo… en Super Menteur. Pendant sa tra­ver­sée du désert, les deux sep­ten­nats de Mitterrand, les Guignols auront lar­ge­ment contri­bué à rendre Chichi sympathique.
Jacques Chirac - Super-menteur

« …Et que nous par­ta­gions ou non ses idées, ses com­bats, nous nous recon­nais­sions tous en cet homme qui nous res­sem­blait et nous ras­sem­blait… Le pré­sident Chirac incar­na une cer­taine idée de la France… »

Expression vide de sens, passe-par­tout, emprun­tée à De Gaulle dans ses mémoires.
de Gaulle - Une certaine idée de la France

Une France dont il a constam­ment veillé à l’unité et la cohé­sion et qu’il a pro­té­gée cou­ra­geu­se­ment contre les extrêmes et la haine… »

Il faut dire, qu’à 19 ans, le jeune Chirac, élève de Science-Po, ven­dait L’Humanité-Dimanche devant l’é­glise Saint-Sulpice à Paris. Communiste un jour, com­mu­niste tou­jours. Encore un dont la grande gloire aura été de faire bar­rage au Front natio­nal toute sa vie.

« …Une France qui regarde son Histoire en face, dont il sut recon­naître, lors du dis­cours du Vel’ d’Hiv, les res­pon­sa­bi­li­tés dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mon­diale. Comme il sut éle­ver les Justes en exemple douze années plus tard… »

Nous y voi­là : la repen­tance ! La France est une grande cri­mi­nelle de guerre, la sem­pi­ter­nelle ren­gaine aux heures les plus sombres (cela en devient cari­ca­tu­ral), une France escla­va­giste, colo­nia­liste, auteur de crime contre l’Humanité, une France qui ne doit ces­ser de se culpa­bi­li­ser. Voilà qui plaît à notre mon­dia­liste Macron qui n’aime pas les Français.

« …Le pré­sident Chirac incar­na une cer­taine idée du monde… »

Encore, mais LAQUELLE ?

« …En s’engageant pour une Europe des hommes plus que du mar­ché, une Europe plus forte et plus pro­tec­trice, assise sur une ami­tié fran­co-alle­mande indéfectible… »

Europe que vont pour­tant reje­ter les Français par réfé­ren­dum, mais qui pas­se­ra tout de même par la force des baïon­nettes par­le­men­taires sous l’im­pul­sion du traitre sui­vant, Sarkozy.

« …Une France indé­pen­dante et fière, capable de s’élever contre une inter­ven­tion mili­taire injus­ti­fiée lorsqu’il refu­sa en 2003 l’invasion de l’Irak sans man­dat des Nations Unies… »

Au pré­texte du risque de désta­bi­li­ser la région ce qui pou­vait encou­ra­ger le ter­ro­risme ? Raté ! La suite, on la connait : des cen­taines de morts, d’é­gor­gés, du Bataclan à la Promenade des Anglais, une insé­cu­ri­té per­ma­nente et omni­pré­sente. Sans doute pour nous remer­cier de Jacques Chirac.

« …lorsqu’il s’engagea pour mettre un terme aux guerres dans l’ex-Yougoslavie… »

N’importe quoi ! Chirac s’en­ga­gea hon­teu­se­ment avec l’OTAN en 1999 pour bom­bar­der la Serbie, pays qui res­te­ra dans l’Histoire le seul euro­péen avec lequel nous n’a­vons JAMAIS été en guerre, depuis le Moyen-Âge. Bien au contraire : la Serbie s’en­ga­gea aux côtés de la France lors de la Première Guerre mon­diale.
Avec Chirac pro­tec­teur des Irakiens, des Palestiniens, on ne tape pas sur les pays musul­mans. Il pré­fé­ra donc les musul­mans koso­vars à nos frères chré­tiens serbes. 

« …ou lorsqu’il œuvra pour réta­blir la paix et la sécu­ri­té au Liban. Une France qui assume son rôle his­to­rique de conscience universelle… »

À l’ins­tar du bom­bar­de­ment de la Serbie, la France n’a pas réta­bli la paix au Liban.
Et puis encore et tou­jours, la France don­neuse de leçons uni­ver­selle, auto­pro­cla­mée la Lumière des Lumières éclai­rant le Monde, mais inca­pable d’é­clai­rer son peuple mar­ty­ri­sé par son féroce ministre Castaner.

« …En s’engageant pour le cli­mat. Tôt. Car Jacques Chirac était habi­té par la conscience du temps long, cette conscience qui enseigne l’infinie fra­gi­li­té de la vie. “Notre mai­son brûle”… »

En effet, pirouette de l’Histoire, il va mou­rir le jour où l’in­cen­die de Rouen fait rage. Lequel incen­die-catas­trophe éco­lo­gique sera habi­le­ment éclip­sé par la mort de Super Menteur.

« …Le com­bat de sa vie, fut celui du res­pect des dif­fé­rences et du dia­logue des cultures. À ses yeux, nul art supé­rieur aux autres. Mais des arts, des expres­sions sen­sibles de l’homme et de l’âme, qu’il faut éga­le­ment consi­dé­rer, éga­le­ment pro­mou­voir. C’est ce qu’il fit en ini­tiant la créa­tion du musée qui porte aujourd’hui son nom, où des tré­sors des civi­li­sa­tions d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques dia­loguent par-delà les siècles… »

Chirac, élève médiocre à l’é­cole, souf­frait d’un com­plexe d’in­fé­rio­ri­té cultu­relle, notam­ment envers Giscard, son enne­mi juré. Nul doute qu’il trou­va dans les arts pre­miers, les gris-gris, les masques et les bou­bous, une culture à sa mesure.

« …Oui, une cer­taine idée du monde, des échanges, des coopérations… »

Encore ! Jacques Chirac aura donc eu une cer­taine idée sur tout.

« …Ce soir, le pré­sident Chirac n’est pas seule­ment pleu­ré en France. Il l’est à tra­vers l’Europe, je le sais aus­si dans le beau conti­nent d’Afrique qu’il aimait tant et dans le reste du monde… »

Toute la pla­nète pleure Chirac, mais pas les Français.

« …Jacques Chirac était un grand Français… »

En effet, 1m89 à la toise, quand-même ! Bel homme à femmes. Mais tou­jours marié à Bernadette Chodron de Courcel dans cette époque révo­lue du mâle blanc domi­nant. Il sera sans doute le der­nier sur ce modèle. Sarkozy, Hollande, divor­cés, reca­sés pen­dant leur man­dat, quant à Macron, dif­fi­cile à cer­ner dans le choix des lettres LGBTQ+.
Bernadette Chodron de Courcel - épouse Chirac

« …Libre, épris de notre terre, pétri de notre his­toire… et amou­reux tai­seux de culture… »

Quelle Histoire ? Quelle culture ? Celle que Macron n’a jamais vue ? Chirac tai­seux de culture et pour cause, il n’en connais­sait pas grand chose non plus. Épicurien, à un bon livre, il pré­fé­rait la pomme, la tête de veau et Madonna.
Chirac - Madonna

« …Lui qui atti­rait la sym­pa­thie de l’agriculteur et du capi­taine d’industrie, lui qui pre­nait le temps d’échanger lon­gue­ment avec l’ouvrier d’usine comme avec les plus grands artistes, aimait pro­fon­dé­ment les gens, dans toute la diver­si­té de leurs convic­tions, de leurs pro­fes­sions, de leurs conditions… »

Macron en pro­fite pour pro­mou­voir sa diver­si­té.

« …Il aimait les Français pour les saluer, leur par­ler, leur sou­rire… les embras­ser. Les plus humbles, les plus fra­giles, les plus faibles furent sa grande cause. Il ne ces­sa d’agir pour ceux qui, frap­pés par le sida, malades du can­cer, tou­chés par le han­di­cap, avaient été bous­cu­lés par la vie… »

Enfin quelque chose qui n’est pas faux : Chirac aura été mar­qué par la grande dou­leur de sa fille handicapée.

« …Pour Jacques Chirac, nulle hié­rar­chie entre les par­cours, entre les his­toires. Simplement des femmes et des hommes, des vies qui toutes méritent une égale atten­tion, une égale affec­tion…
… Si long­temps, nous n’avons osé l’aimer pour fina­le­ment conce­voir pour lui un atta­che­ment affec­tueux, qua­si filial… »

Repose en paix, papa !

Ni de droite, ni de gauche, mais les deux à la fois, comme Macron. Ce der­nier aura bien rete­nu de Chirac : une cer­taine idée de la France, c’est une grande embrouille poli­tique qui accom­pagne sa dégra­da­tion au pro­fit d’une ambi­tion toute personnelle.

Michel Lebon