Déremboursement de l’homéopathie : une mesure de bon sens et de justice
Depuis mercredi dernier 26 juin 2019, la tempête souffle sur l’homéopathie
En effet, la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) vient de valider un avis provisoire estimant que le « service médical rendu » par l’homéopathie est insuffisant, et qu’elle ne doit plus être remboursée. Cette décision de bon sens arrive cependant après un siècle de traitements de faveur.
Alors qu’en France, le code de la Santé Publique exige que tous les médicaments mis sur le marché démontrent leur efficacité thérapeutique par des essais pharmacologiques et cliniques, depuis 1923, les médicaments homéopathiques, eux, ont toujours bénéficié de procédures allégées. Et, depuis la vague des déremboursements entamée en 2003, l’homéopathie n’a presque jamais été touchée par cette mesure. Pourquoi ?
En plus de deux cents ans d’existence, l’homéopathie n’a jamais pu prouver son efficacité de manière irréfutable ni expliquer son mode d’action. Pourtant, elle a su s’est imposer. Pour cela, elle a usé d’armes plus efficaces que la démonstration scientifique : des appuis politiques ! Comme ceux qui lui ont permis de s’immiscer dans la pharmacopée française en 1965 quand, pour la première fois en Europe, des médicaments homéopathiques étaient inscrits dans le Codex. Plus de 3 000 souches étaient désormais reconnues comme remèdes que les pharmacies devaient tenir à disposition. Les fameux « granules » sortaient de la clandestinité et entraient dans la lumière. Henri Boiron, cofondateur des laboratoires du même nom, qui produisent l’essentiel des remèdes homéopathiques, triomphait.
Mais comment ces substances ont-elles pu braver les obstacles juridiques, les attaques de l’Académie de médecine, les réticences des ministères pour réussir à entrer dans le Codex puis obtenir le remboursement par la sécurité sociale ?
Histoire d’une légalisation
Dans un entretien avec le magazine Sciences & Avenir de novembre 2004, Olivier Faure, professeur d’histoire de la faculté de Lyon et spécialiste de l’homéopathie y voit l’aboutissement d’un intense mouvement idéologique amorcé au XIXe siècle prolongé par une efficace action politique menée au XXe siècle. « L’homéopathie fonctionne dès le départ comme une religion, explique-t-il, avec son « maître » (Samuel Hahnemann), son livre (Organon), ses guérisons miraculeuses, ses conversions… Elle se structure en une église constituée de sectes et de chapelles où l’on pratique l’exclusion et l’excommunication. » Hahnemann n’hésitait pas à parler « d’art divin » à ses adeptes de telle sorte que de nombreux catholiques furent séduits par ses concepts. Ces gens assureront l’assise idéologique et sociale de la doctrine.
Au cours du second empire, celle-ci touchera nombre d’hommes d’affaires et d’industriels parmi lesquels des autorités et des gouvernants. Mais l’homéopathie se heurte encore aux législations sur les médicaments qui prohibent les remèdes dits « secrets » et aux pharmaciens rebutés par les innombrables manipulations nécessaires à leur élaboration. C’est alors qu’entre en scène l’un des acteurs majeurs de l’homéopathie française : Léon Vanier, un médecin angevin qui va tout faire pour la sortir de la clandestinité et la promouvoir. Il assure le ravitaillement, crée une pharmacie produisant mécaniquement et lance la revue « l’homéopathie française ». En 1926, il crée les « Laboratoires homéopathiques de France » en convainquant 34 actionnaires de la finances, de l’industrie et de la politique de lui fournir l’argent.
Léon Vanier s’installe alors dans un cabinet chic du XVIIe arrondissement de Paris et sa clientèle se compose, en grande partie, d’hommes et de femmes influents ou très bien placés. Comme par enchantement, cette même année 1926, un décret du ministre de l’Hygiène, Antoine Durafour, transforme le remède « secret » en « spécialité reconnue ». Étrangement ces « spécialités » échappent du même coup aux conditions requises pour obtenir le visa, à savoir la « nouveauté », l’« intérêt thérapeutique » et des « dosages précis », alors que, précisément, les médicaments homéopathiques étaient en difficulté sur ces trois clauses. Vanier avait fait tourner à plein ses réseaux.
Dès lors, rien n’arrêtera plus l’entreprise de communication des homéopathes
Les laboratoires ouvrent les uns après les autres, de nouvelles revues voient le jour ainsi qu’un Syndicat des pharmacies et laboratoires homéopathiques. Ce dernier « permet d’établir des relations avec le reste de l’industrie et d’intégrer des groupes de pression qui agissent pour la reconnaissance des produits », explique le professeur Faure. En 1941, sous le gouvernement de Vichy, le décret de 1926 est transformé en loi. L’homéopathie a mis ses pieds dans la législation, elle n’en sortira plus. Une nouvelle classe de médicaments est même inventée pour elle : les produits « sous cachet ». Ainsi, les remèdes n’ayant pas reçu de visa pourront quand même être commercialisés sous cette appellation !
Pour asseoir cette victoire, la loi de 1941 sera abrogée puis revotée sans discussion, dans une même séance à l’assemblée, en 1946. Mais cela ne suffit pas : l’homéopathie veut entrer dans le Codex. Pour cela, elle fera le grand sacrifice de ne retenir que les dilutions inférieures à la 9e centésimale hahnemanienne en renonçant à celles dans lesquelles il n’existe mathématiquement plus de produit actif. La branche dure de l’homéopathie est ainsi coupée pour mieux faire accepter le reste. Le « projet » de régulation est déposé à la commission plénière du Codex le 11 janvier 1947 par… Pierre-Édouard Vanier, fils de Léon et président du Centre homéopathique de France ! Celui-ci deviendra peu après membre de la Commission permanente de la pharmacopée française.
Mais la Commission se divise : on y dénonce les sourdes manœuvres de l’homéopathie. En séance du 25 novembre 1948, faute de majorité, l’homéopathie n’est pas inscrite dans la VIIe édition du Codex. Mais, ô surprise, un décret ministériel paraît moins d’un mois après qui l’inscrit sur une liste annexe ! Les preuves font défaut mais un certain M. Mattei, chef de bureau au ministère des Anciens combattants, est fortement soupçonné d’être à l’origine de l’intrigue. Le 21 avril 1960 la liste annexe est intégrée dans la pharmacopée puis est rendue officielle dans la VIIIe édition du Codex.
Depuis, par reconduction tacite des dossiers, sans aucun réexamen scientifique, les médicaments homéopathiques ont obtenu toutes les autorisations de mise sur le marché et, consécration ultime, le remboursement par la Sécurité sociale pour 1163 d’ente eux. En 1998, un décret – encore un ! – relatif aux conditions de mise sur le marché stipule que « le demandeur est dispensé de produire tout ou partie des résultats des essais pharmacologiques, toxicologiques et cliniques, lorsqu’il peut démontrer pas référence détaillée à la littérature publiée […] que l’usage des souches le composant est bien établie et présente toutes les garanties d’innocuité. » Vous avez dit régime de faveur ?
L’homéopathie a donc gagné ses galons bien plus sur le terrain de la politique que sur celui de la science
Si ses privilèges indus sont aujourd’hui remis en question, on ne peut y voir qu’un juste retour des choses, une sorte de justice. Pourtant, cet avis de déremboursement de la HAS a peu de chance d’aboutir. Les pro-homéopathie se mobilisent : « On ira jusqu’au bout pour les mobiliser », a prévenu le Dr. Antoine Demonceaux, président de l’association SafeMed, en promettant de manifester « devant les caisses d’assurance maladie s’il le faut ». De son côté, Boiron a déjà entrepris le chantage à l’emploi et de nombreux politiques, dont une cinquantaine de députés, auraient déjà écrit à la ministre.
Alors, Agnès Buzyn, va-t-elle décider de continuer à rembourser l’homéopathie pour satisfaire un labo ?
… dans un contexte où les urgences sont en crise et où l’on impose des économies drastiques à la Sécu ? Ce serait totalement aberrant. Mais il ne faut pas sous-estimer la capacité d’influence des opposants à la mesure. Aussi, la porte de sortie politique consisterait peut être à couper la poire en deux en baissant le taux de remboursement de 30 à 15% comme l’a évoqué Bruno Le Maire. Un pis-aller qui ne satisferait aucun des deux camps, je le crains.
Agnès Buzyn a donc de quoi se faire des cheveux blancs !
Charles André
Absolument du même avis que les commentateurs précédents. Alors qu’il est avéré que 40% des médicaments conventionnels NE SERVENT A RIEN (dixit le Professeur Even) sauf à enrichir Big Pharma et coûtent une fortune à la sécu, les remèdes homéopathiques, peu coûteux, soignent sur le long terme, n’ont aucun effet secondaire. On peut craindre que la Buzyn, celle des 11 vaccins à l’aluminium, s’attaque ensuite, pourquoi pas, à la phytothérapie, à l’aromathérapie… médecines douces et naturelles qui ont fait leurs preuves depuis la nuit des temps.
Je lis régulièrement vos excellents articles avec beaucoup d’intérêt j’ai donc été extrêmement déçue de lire cet article. Déception de constater que vous faites le jeu du système que vous decriez tant par ailleurs. Comme le disent si bien les commentaires précédents, l’homéopathie a fait ses preuves sur le terrain. La majorité des homeopathes sont des médecins généralistes ou spécialistes inscrits à l’ordre des médecins. De plus en plus de médecins généralistes (non homeopathes) en prescrire. Ils ont le bon sens de prescrire des médicaments qui ne produisent pas d’effets secondaires (et non, pas parce qu’ils ne font pas d’effets bien au contraire). Les traitements homéopathiques coûtent 4 à 5 fois moins chers que la moyenne des autres médicaments. Un déremboursement entraînera un très faible gain pour la sécu car ceux qui ne pourront pas les payer prendront dautres médicaments plus chers et plus nocifs. Les lobbies pharmaceutiques ne pouvaient laisser partir cette manne financière avec bien sûr le soutien de nos politiques qui veulent nous contrôler jusqu’à notre sante. Comme le dit M. Blairon on sait très bien que certains médicaments soignent dun cote mais detruisent de l’autre. Pour soigner ce nouveau mal, on prescrit un autre médicament etc ce qui rapporte beaucoup à l’industrie pharmaceutique et creuse un peu plus le déficit de la sécu. Alors avec ce genre d’article vous faites le jeu du système que vous decriez par ailleurs. Décevant de votre part.
Chers lecteurs, merci de votre attention. Malheureusement, vos commentaires déplacent le sujet traité dans cet article où il n’est question ni de contester le droit de se soigner avec les méthodes de son choix ni de de plaider pour les lobbies pharmaceutiques.
Cet article dévoile simplement la face cachée de l’homéopathie : sa troublante ascension, les trafics d’influence qui ont mené à aux passe-droits dont elle a indiscutablement bénéficié. Il montre comment elle a réussi à s’imposer, elle aussi, par le lobbying (que vous dénoncez).
Quant à l’efficacité ou non de l’homéopathie, c’est un tout autre débat.
L’homéopathie, quoi que vous en pensiez, à gagné ses galons sur le terrain, c’est évident. Pourquoi des millions de gens dans le monde se soignent-ils ainsi, et surtout guériraient-ils ainsi, si l’homéopathie était une escroquerie inefficace comme vous le sous entendez ? Ces malades seraient morts depuis longtemps puisque selon vos dires, ils ne se seraient pas soignés. Or ils continuent, année après année, à choisir Oscillo plutôt que le vaccin Buzzin, ne meurent pas plus que les autres, et en tous cas jamais d’effets secondaires !
De grâce, laissons les gens se soigner commis veulent sans céder aux forces industrielles de la chimie. Une médecine naturelle, si elle n’est pas efficace, n’entraîne au mois jamais de scandale sanitaire.…
J’espère bien qu’elle s’en fera, des cheveux blancs, la Buzyn ; elle et sa belle-mère (Veil) ont déjà fait suffisamment de mal aux Français ; les lobbies pharmaceutiques avec leurs produits chimiques hautement toxiques ont beau jeu de traiter de sectaires tous ceux qui veulent se soigner d’une manière naturelle et, notamment, par les plantes comme le faisaient nos ancêtres. Les labos pharmaceutiques ne tiennent que par les complicités qu’ils achètent au sein des gouvernements et des médias ; on n’a jamais vu un labo produire des médicaments qui guérissent ; sinon, il y a longtemps qu’ils auraient fait faillite ; leur but est de maintenir le plus longtemps possible les malades en vie pour leur vendre le plus longtemps possible leurs drogues.