Fluctuat nec mergitur. Nec mergitur ? Pas si sûr !
Au début étaient les Parisii, peuple gaulois installé autour de l’actuelle Île de la Cité. Les Romains en font Lutetia Parisiorum. Vers 310, Lutèce prend le nom de Paris. Depuis cette île de la Seine est devenue le cœur historique et politique de la France. Aujourd’hui, l’île de la Cité appartient en grande partie à l’État !
On y trouve :
• L’ancien Palais de Justice, classé aux monuments historiques, avec la Sainte Chapelle, une merveille.
• Le célèbre 36 quai des orfèvres au centre de tous les polars.
• Sur l’autre quai, la Conciergerie, immense bâtiment qui servit d’antichambre à la guillotine pour Louis XVI.
• L’Hôtel Dieu, lieu de toutes les solidarités.
• Le Marché aux fleurs et le Marché aux oiseaux.
• L’imposant Tribunal de Commerce qui occupe une grande partie de l’île. Et encore, en vrac :
• le bureau des naturalisations de la préfecture de Paris,
• la compagnie motocycliste,
• une partie de l’école nationale de la magistrature.
Enfin et pour terminer cette liste non exhaustive :
• Le joyau Notre-Dame.
Tous ces édifices à fonctions administratives sont déménagés les uns après les autres en périphérie et relogés dans des bâtiments réputés plus modernes. On le sait : l’État a besoin de beaucoup d’argent et dispose ici d’une opportunité bien tentante de transformer ses propriétés historiques en argent courant. Des milliers d’hectares bâtis à 20.000 euros le m2, faites le compte.
Les projets pour transformer l’île historique en un Luna Park juteux à touristes, hôtels de luxe, appartements de prestige sont dans les cartons et les promoteurs attendent dans les starting-blocks. Le rapport officiel de la mission Île de la Cité fut remise au Président François Hollande au Palais de l’Élysée le 16 décembre 2016 (ce rapport est accessible en ligne).
Entre l’État et les promoteurs immobiliers et réciproquement, ce sont les mêmes ! La seule question, c’est : comment orchestrer la grande braderie du patrimoine et faire avaler la pilule à tous ces gueux qui s’attachent bêtement à vouloir conserver leurs bijoux de famille.
C’est la stratégie du choc, créer des problèmes, puis offrir ses propres solutions, aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord une « situation » voulue pour susciter la sidération des foules, afin que celles-ci soient elles-mêmes en attente des mesures qu’on veut lui faire accepter.
• Première étape, se débarrasser de Notre Dame, la plus grosse pièce du puzzle. Un mégot de cigarette, ben voyons ! Comment faire plus simple et hop, on requalifie le site immédiatement dans la foulée. En plus beau bien sûr, comme nous l’a promis Macron le maître d’œuvre et des horloges.
• Dernière trouvaille, peur sur la ville au saturnisme : l’incendie a pollué au plomb tout le quartier qu’il faut alors vider de ses actuels occupants. Ainsi, pour bien marquer les esprits et valider ce pseudo désastre écologique, quelle imagination, voilà qu’on débarrasse une école de l’enrobé de sa cour pour le changer en bitume tout neuf. coût de l’opération : 200.000 euros ! Les grands alchimistes d’État, de connivence avec les grands argentiers, vont transformer le plomb en or !
Dans les temps à venir, on peut s’attendre à ce que se succèdent toutes sortes de nécessités pour achever les transformations de la plus emblématique île de France au bénéfice des intérêts d’argent. Au premier chef, les jeux olympiques à venir. Je verrais bien Notre-Dame en piste de 100 mètres et des tatamis dans la Sainte Chapelle.
Si le baron Hausmann a transformé Paris en profondeur, c’était d’abord pour des raisons d’assainissement et y construire des logements de qualité, qui perdurent de nos jours. Je doute que ces nouveaux « haussmanniens » prédateurs soient animés des mêmes salubres intentions.
Nec mergitur ? Pas si sûr ! Y aura-t-il une Sainte Geneviève pour empêcher ces Huns des temps modernes de couler Paris et son ïle de la Cité ?
Michel Lebon