Le Veau d’Or : toujours et encore

Le mythe du Veau d’Or apparaît dans la Bible

Apis divinité égyptienneCe mythe trouve sa source dans la mytho­lo­gie égyp­tienne, plus pré­ci­sé­ment avec Apis, le tau­reau dont la tête était tou­jours sur­mon­tée d’un disque d’or.
Ce n’est pas tant l’or que véné­raient les Égyptiens dans cette divi­ni­té, mais le tau­reau qui sym­bo­li­sait la nais­sance ou la renais­sance à tra­vers la fécon­di­té mâle. Ce culte du tau­reau-puis­sance per­dure jusque de nos jours.

Lorsque les Hébreux, libé­rés de l’es­cla­vage et fuyant l’Égypte, se trou­vèrent désem­pa­rés dans le désert, ils se tour­nèrent vers une divi­ni­té qu’ils venaient de quit­ter, le dieu solaire égyp­tien Apis. Ce qui engen­dra la colère de Moïse alors qu’il des­cen­dait du mont Sinaï car les Hébreux ado­raient une idole contrai­re­ment au troi­sième com­man­de­ment. Ce n’est pas tant le dieu de la fer­ti­li­té que condam­nait Moïse, mais l’or qui le coif­fait. Le tau­reau auréo­lé d’or s’est trans­for­mé en idole en or :Moïse - Veau orLe tau­reau s’est trans­for­mé en veau.

Ainsi est né le mythe du Veau d’Or, symbole de matérialisme

Deux mille ans plus tard, c’est Jésus qui se révolte à son tour contre cette pro­pen­sion à l’en­ri­chis­se­ment et l’ou­bli des valeurs spi­ri­tuelles. L’Évangile selon saint Jean (2, 13–21) nous trans­met : « Comme la Pâque juive était proche, Jésus mon­ta à Jérusalem. Dans le Temple, il trou­va ins­tal­lés les mar­chands de bœufs, de bre­bis et de colombes, et les chan­geurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chas­sa tous du Temple, ain­si que les bre­bis et les bœufs ; il jeta par terre la mon­naie des chan­geurs, ren­ver­sa leurs comp­toirs, et dit aux mar­chands de colombes : “Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la mai­son de mon Père une mai­son de com­merce !» C’est ce cri de révolte de Jésus qui pro­vo­qua sa condam­na­tion par les Juifs qui le firent exé­cu­ter par les Romains.Jan Sanders Van Hemessen - Christ chassant marchands Temple

Encore deux mille ans plus tard, le culte du Veau d’Or atteint un nouveau paroxysme

À peine remis de Halloween recy­clé à la sauce amé­ri­ca­no-gui­gno­lesque, voi­ci que se pro­file le Black Friday, tan­dis que nous sommes som­més de pré­pa­rer d’ores et déjà nos achats pour Noël, qui n’est plus que la fête des cadeaux.

Afin de ne pas se « faire piquer le busi­ness », les mar­chands avides se placent avant les autres et anti­cipent tou­jours plus leurs pro­mo­tions. Ainsi Carrefour lance son cata­logue des jouets pour Noël dès fin octobre :Carrefour - jeux Noël 2019 novembre

Même angoisse pour Thiriet qui anti­cipe depuis plu­sieurs jours déjà… l’Épiphanie 2020 !Thiriet Épiphanie 2020 L’Épiphanie n’est plus éga­le­ment qu’une fête où l’on doit consommer.

N’en jetez plus, la cour est pleine !

Non seule­ment les fêtes ne sont plus que des pré­textes à consom­mer, mais le calen­drier de ces fêtes maté­ria­listes n’est même pas res­pec­té. Nous ne savons plus où nous en sommes. Tout fout le quand ! Halloween, Black Friday, Noël, Épiphanie, nous ne savons plus où don­ner de la tête et du porte-mon­naie. Et si nous n’a­vons plus assez d’argent, ce n’est pas grave : les ban­quiers seront ravis de vous faire un cré­dit à la consommation.

Tout ceci montre com­bien le mythe du Veau d’Or renaît tou­jours de ses cendres et qu’il convient à nou­veau de le com­battre et de chas­ser les mar­chands du temple.

Georges Gourdin