Mougins : une élection municipale à suspense (enfin !)

À Mougins, le maire sor­tant Richard Galy, brigue un 4e man­dat lors des élec­tions muni­ci­pales du dimanche 15 mars pro­chain. Un scru­tin qui, cette fois, ne s’annonce pas comme une pro­me­nade de san­té pour l’édile en poste depuis 19 ans.

C’est ce qui a sans doute ins­pi­ré Nice-Matin, le quo­ti­dien régio­nal qui aime reprendre à son compte sans oser le dire la for­mule de Paris Match « Le poids des mots, le choc des pho­tos », pour pré­sen­ter ain­si les trois listes en concur­rence dans cette com­mune des Pays de Lérins : « Entre défis et tra­hi­son pour rem­por­ter les muni­ci­pales à Mougins ». « Défis » au plu­riel et « tra­hi­son » au sin­gu­lier. Derrière ce titre raco­leur, on devine un cer­tain mépris à l’égard d’une adver­saire issue de l’équipe sor­tante – la trai­tresse, donc – et, glo­ba­le­ment, une cer­taine condes­cen­dance vis à vis des deux listes qui osent défier le monarque en place. Faut-il y voir une forme de par­ti pris du jour­nal ? Qui s’en étonnerait ?

Quoi qu’il en soit, la situa­tion est inédite depuis 1977, date depuis laquelle les maires suc­ces­si­ve­ment élus n’ont jamais ren­con­tré d’opposition franche. Dans cette com­mune bour­geoise plu­tôt hup­pée, la liste divers gauche à forte ten­dance éco­lo­giste menée aujourd’hui par Jean-Jacques Bregeaut qui, avec opi­niâ­tre­té d’élection en élec­tion tente de se dres­ser sur la route des repré­sen­tants de la droite répu­bli­caine, n’a jamais été un caillou gênant dans la chaus­sure de ces nababs locaux.

Cette fois, la donne est différente

Des piliers de la liste Galy font aujourd’hui défec­tion, soit parce qu’ils ont démis­sion­né au cours du der­nier man­dat soit parce qu’ils ne se repré­sentent pas. Ce qui laisse entendre que de sérieuses diver­gences sont nées au sein de l’équipe sor­tante quant à la ges­tion de la com­mune. La prin­ci­pale pomme de dis­corde connue est l’excès de béto­ni­sa­tion dans le cœur de ville à Tournamy et le centre pri­vé Diagana dans la zone humide du Font de l’Orme. Par ailleurs, l’opposition s’indigne una­ni­me­ment de l’abandon total de ces pro­jets à des pro­mo­teurs immo­bi­liers entraî­nant la perte de maî­trise de la com­mune sur les orien­ta­tions futures. D’où la rumeur qui court que le maire aurait ain­si dédom­ma­gé Altarea-Cogedim de son pro­jet IKEA avorté.

Richard Galy a donc en face de lui deux adver­saires de sen­si­bi­li­tés poli­tiques dif­fé­rentes, certes, – Françoise Duhalde-Guignard reste adhé­rente LR – mais qui se rejoignent dans la cri­tique de la ges­tion sor­tante et dans l’attaques de son bilan comme de ses pro­jets. Il a beau jeu de par­ler de « tra­hi­son », il se pour­rait bien que les assauts de ses oppo­sants aient quelque peu ébran­lé son pié­des­tal :
Françoise Duhalde-Guignard parce qu’en qua­li­té d’adjoint aux finances pen­dant 17 ans, elle connaît par­fai­te­ment les dos­siers et leurs fai­blesses et
Jean-Jacques Bregeaut, conseiller muni­ci­pal de l’opposition sor­tant, parce qu’ils est fort de ses com­bats menés sur ces mêmes dos­siers depuis le début (bien que, selon lui, la majo­ri­té se soit tou­jours effor­cée de lui sous­traire les docu­ments utiles).

Ce qui est fort pro­bable, c’est que, si elle rem­porte le scru­tin, l’équipe sor­tante du doc­teur Galy n’aura plus de majo­ri­té écra­sante au conseil muni­ci­pal. Les élus de l’opposition vont ain­si deve­nir un poil à grat­ter fort urti­cant pour le nou­veau maire qui ne règne­ra plus en maître incon­tes­té sur la com­mune. Faudrait-il s’en plaindre ?

Charles André