Flambée du prix de l’électricité : Bruxelles « nous a tuer »

4 octobre 2021 | 1 com­men­taire

On se sou­vient de cette ins­crip­tion « Omar m’a tuer » trou­vée ins­crite en lettres de sang sur une porte de cave, en 1991, dans une vil­la de Mougins où gisait une vieille dame assas­si­née. Aujourd’hui, face à la flam­bée des prix de l’électricité, cette dénon­cia­tion peut par­fai­te­ment être reprise à l’endroit de la Commission euro­péenne sié­geant à Bruxelles, grande cou­pable des fluc­tua­tions tari­faires assas­sines qui nous frappent régu­liè­re­ment.

En effet, au len­de­main de la guerre, la France du Général de Gaulle consciente de ses fai­blesses en res­sources éner­gé­tiques, a entre­pris un ambi­tieux pro­gramme d’indépendance éner­gé­tique basé sur le déve­lop­pe­ment du nucléaire. Si bien qu’en 2010, le pays pro­dui­sait 80 % de son élec­tri­ci­té grâce à son parc de cen­trales ato­miques. Une réus­site que l’on doit à EDF, entre­prise dyna­mique et clair­voyante qui a don­né à la France l’électricité la moins chère du monde. Certes, les esprits cha­grins objec­te­ront qu’EDF fonc­tion­nait en situa­tion de mono­pole et consti­tuait un véri­table état dans l’État mais l’entreprise par­ti­ci­pait gran­de­ment au déve­lop­pe­ment éco­no­mique du pays. Alors, qui pour s’en plaindre ?

Et bien, jus­te­ment, si elle conve­nait par­fai­te­ment aux usa­gers, cette situa­tion ne plai­sait pas à tout le monde. À com­men­cer par l’Allemagne enga­gée de façon incon­sé­quente dans une éco­lo­gie aus­si dog­ma­tique que stu­pide. Nos voi­sins d’outre-Rhin ont dès lors ban­ni le nucléaire de leur sys­tème de pro­duc­tion et tout fait pour convaincre les Européens d’en faire autant. Ainsi, pour satis­faire des ambi­tions poli­tiques, nos éco­lo­gistes mai­son leur ont emboi­té le pas et, à force de chan­tages répé­tés, ont réus­si à intro­duire le ver dans le fruit. En 1998, la ministre éco­lo, Dominique Voynet, obte­nait la fer­me­ture du sur­gé­né­ra­teur de Creys-Malville en échange de son sou­tien à Lionel Jospin. Ça ne fai­sait que com­men­cer : un peu plus tard les Khmers verts auront la peau de la cen­trale de Fessenheim.

Toutefois, le plus grand oppo­sant à cette indé­pen­dance éner­gé­tique res­te­ra sans conteste la Commission de Bruxelles qui ne sup­porte pas les mono­poles. Elle a donc obli­gé les États membres de l’Union euro­péenne à un mar­ché unique et concur­ren­tiel de l’électricité dans lequel les Français seront obli­gés de mettre fin au mono­pole d’EDF chez eux ! Conséquence : le prix de l’électricité est désor­mais indexé sur le coût « mar­gi­nal », prin­cipe cher aux éco­no­mistes de Bruxelles qui veut que le prix de vente de toute l’électricité pro­duite s’aligne sur le coût du der­nier kilo­watt pro­duit. En d’autres termes, quand les cen­trales les moins ren­tables (au gaz et au fuel) sont mises en route – cas de forte demande et/​ou d’absence de vent pour faire tour­ner les éoliennes –, tout le monde casque au prix fort ! Même les Français qui pro­duisent pour­tant l’électricité la moins chère.

En ce moment, les prix du gaz et des hydro­car­bures flambent. Ce qui a pour consé­quence d’augmenter le prix de revient de la pro­duc­tion élec­trique four­nie par les cen­trales à gaz et au fuel. Ainsi, du fait de la concur­rence obli­ga­toire impo­sée par Bruxelles, le prix du kWh en France se trouve indexé sur le prix du gaz. Quand celui-ci aug­mente, les tarifs de l’électricité suivent pour le consom­ma­teur fran­çais. C’est ce qui se passe aujourd’hui jus­ti­fiant l’intervention du pre­mier Ministre pour démi­ner un ter­rain deve­nu dan­ge­reux en période pré-électorale.

Mais il y a pire

Le tra­vail de sape conju­gué de Bruxelles et des éco­los nous conduit à devoir impor­ter de plus en plus d’élec­tri­ci­té. Et la fer­me­ture pro­gram­mée des cen­trales nucléaire nous condamne à réorien­ter notre pro­duc­tion. Suite à la fer­me­ture de Fessenheim, par exemple, la France a dû pas­ser com­mande à l’Allemand Siemens pour la construc­tion d’une cen­trale au gaz à Landivisiau ! Avec en prime un contrat de main­te­nance nous obli­geant sur vingt ans com­pre­nant la four­ni­ture par les Allemands de gaz… russe !

Nos éco­los tout penauds ont ten­té des recours pour contrer le pro­jet mais pas pour des ques­tions de pol­lu­tion comme on pour­rait le pen­ser. Pas du tout ! Pour eux, la construc­tion de la cen­trale, met­tait en dan­ger une espèce pro­té­gée : l’escargot de Quimper ! C’est ce qui s’appelle se foutre de la gueule du monde.

Centrale électrique Siemens Landivisiau

[Source : copie d’é­cran Le Télégramme]

Enfin, pour ache­ver de réjouir l’usager Français, ajou­tons que, pour faire face à l’affaiblissement de son réseau, RTE pré­voit de mettre en place un pro­gramme de cou­pures d’électricité « tour­nantes » (deux heures par paquets de 200 000 foyers) lors des pic de consom­ma­tion de l’hiver. Coupures de cou­rant et hausse des fac­tures, voi­là qui res­semble for­te­ment à une double peine. Assurément, les Français peuvent dénon­cer, non pas avec du sang mais avec des larmes : « Bruxelles nous a tuer ».

Charles ANDRÉ

« L’important n’est pas de convaincre mais de don­ner à réflé­chir. »​

1 commentaire

  1. Très bien qu’EdF se trouve en situa­tion d’être concur­ren­cée mais pas avec des direc­tives euro­péennes pour les rai­sons clai­re­ment énon­cées dans l’ar­ticle mais par des opé­ra­teurs natio­naux comme cer­taines coopé­ra­tives muni­ci­pales voire régio­nales.
    Et puis, arrê­tons de payer pour les ronds-de-cuir d’EdF : nous leur payons les CCAS, leurs retraites et en plus, eux ne paient que 10 % de leur élec­tri­ci­té !! Pur scan­dale que ce pri­vi­lège éhon­té et anti-démocratique.

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