Nous avions noté l’ef­fer­ves­cence du monde laïc après la mort du pape François, qui était un bon pape pour les non-chré­tiens. Ceux-ci atten­daient que le pro­chain pape « aille encore plus loin ».

Macron était même inter­ve­nu auprès de cer­tains car­di­naux pour orien­ter leur vote. Il avait ren­con­tré le 26 à l’am­bas­sade de France quatre des cinq car­di­naux fran­çais élec­teurs : Jean-Marc Aveline (arche­vêque de Marseille), François-Xavier Bustillo (évêque d’Ajaccio), Christophe Pierre (nonce apos­to­lique aux États-Unis) et Philippe Barbarin (arche­vêque émé­rite de Lyon). Pour plu­sieurs ana­lystes Macron a ten­té de pro­mou­voir Aveline, consi­dé­ré comme un « papa­bile » proche de la ligne réfor­miste du pape François.

La veille des funé­railles du pape François, Macron a éga­le­ment ren­con­tré au cours d’un dîner avec Andrea Riccardi, fon­da­teur de la com­mu­nau­té catho­lique Sant’Egidio. Cette orga­ni­sa­tion, influente au Vatican et proche du défunt pape est per­çue comme « progressiste ».

L’élection de Robert Francis Prevost a don­né espoir à ces pro­gres­sistes car le nou­veau est un très proche du pape François. C’est ce der­nier qui a nom­mé Prevost admi­nis­tra­teur apos­to­lique puis évêque de Chiclayo au Pérou en 2014–2015, pré­fet du Dicastère pour les évêques en 2023, et car­di­nal la même année. Prevost a éga­le­ment accom­pa­gné François lors de dépla­ce­ments pon­ti­fi­caux, comme à Marseille en 2023 et à Ajaccio en 2024.

Voilà donc les « progressistes » rassurés, mais pas pour longtemps

Afin de savoir à quoi s’en tenir, tous atten­daient la pre­mière ren­contre du nou­veau pape Léon XIV avec les ambas­sa­deurs accré­di­tés auprès du Saint-Siège le 16 mai 2025, dans la salle Clémentine du Palais apos­to­lique. Il a pro­non­cé un dis­cours très ins­pi­ré de l’encyclique Rerum nova­rum de Léon XIII⁽¹⁾, au cours duquel il a sou­li­gné l’im­por­tance de la famille comme pilier fon­da­men­tal de la socié­té. Il s’est adres­sé aux res­pon­sables gou­ver­ne­men­taux en ces termes : « Il incombe à ceux qui ont des res­pon­sa­bi­li­tés gou­ver­ne­men­tales de s’efforcer à construire des socié­tés civiles har­mo­nieuses et paci­fiées. Cela peut être accom­pli avant tout en misant sur la famille fon­dée sur l’union stable entre un homme et une femme, une socié­té très petite sans doute, mais réelle et anté­rieure à toute socié­té civile ». Le pape a éga­le­ment appe­lé à défendre la digni­té humaine dans toutes ses dimen­sions, incluant expli­ci­te­ment « l’enfant à naître » et les per­sonnes âgées, affir­mant leur digni­té inhé­rente en tant que créa­tures de Dieu.

Famille fon­dée sur le couple homme-femme, pro­tec­tion de l’en­fant à naître… cette décla­ra­tion s’ins­crit dans la défense des posi­tions tra­di­tion­nelles de l’Église catho­lique sur la famille et l’a­vor­te­ment, affir­mant la digni­té inhé­rente de l’en­fant à naître en tant que créa­ture de Dieu, et anéan­tit les efforts du pape pré­cé­dent pour la recon­nais­sance des couples homo­sexuels. Le pape François avait décla­ré : « Les per­sonnes homo­sexuelles ont le droit d’être dans une famille. Ce sont des enfants de Dieu, elles ont droit à une famille. Ce qu’il faut, c’est une loi d’union civile, elles ont le droit d’être léga­le­ment pro­té­gées. » Il avait éga­le­ment approu­vé cette décla­ra­tion de Fiducia Supplicans du 18 décembre 2023 qui auto­rise les prêtres à bénir les couples homo­sexuels, à condi­tion que cette béné­dic­tion soit effec­tuée en dehors des rituels litur­giques et sans confu­sion avec le sacre­ment du mariage.

Les lob­bies LGBT ont per­du là une bataille qu’ils avaient enga­gée de longue date et qu’ils croyaient gagnée.