Syrie : les racines du chaos
Qu’est-ce que le chaos ? Les mensonges éhontés des médias corrompus, le martyre de la Syrie, la C.I.A. et le camp américain, les terroristes islamistes et le projet turc d’un nouvel empire ottoman, le pacte judéo-islamiste pour le Grand Israël… Conclusion : et après ?
Qu’est-ce que le chaos ?
(du grec χάος khaos : abîme)
Imaginons le monde, avant sa formation : « Dans un monde à peine délivré des bouillonnements de la gestation, il y avait la déesse des origines, celle qui règne sur les tertres, au-dessus des eaux marécageuses, entre la terre et la mer, des eaux lisses à la surface mais grouillantes de germes, ceux qui annoncent la naissance d’un nouveau monde(1) ».
Et madame Blavatsky s’exprimait ainsi dans sa Doctrine secrète : « Rien n’existait. Seule, l’unique forme d’existence s’étendait sans bornes, infinie, sans cause, dans un sommeil sans rêves ; et la vie vibrait inconsciemment dans l’espace universel ».
Le poète latin Ovide (-43-+17), définit le chaos dans ses Métamorphoses comme « une masse informe et confuse qui n’était encore rien que poids inerte, amas en un même tout de germes disparates des éléments des choses, sans lien entre eux ».
L’ordre vient après le chaos, donc après le désordre et, de même, la diversité vient après l’uniformité. Nous vivons sous les lois cosmiques de la nature, et le mot grec « κόσμος – Kosmos » signifie : « Ordre ».
Le chaos est, ce qui semble paradoxal, une uniformité de laquelle se dégage la diversité, l’ordre ; lorsqu’une civilisation retourne au chaos, à l’uniformité – et l’on voit très bien que le bien mal nommé « Ordre mondial(2) » veut absolument conduire la planète à l’uniformisation – cette civilisation est très proche de voir arriver sa fin, la fin du cycle, mais aussi, le début du cycle suivant qui sera à nouveau dédié à la diversité.
Ordo ab chao, une devise franc-maçonne, rappelle ce concept, souvent représenté par l’ouroboros, ce serpent qui semble se nourrir de lui-même en avalant sa queue et qui représente sur le plan temporel le principe du cycle qui revient éternellement, l’éternel retour évoqué par Nietzsche et par Mircéa Eliade.
Jacques Baud, ancien colonel de l’armée suisse, éminent analyste stratégique, cite la formule, en anglais, roots’s causes, les racines du conflit, ses causes fondamentales, dans la vidéo « Effondrement de la Syrie, défaite de l’Ukraine, Orechnik, doctrines nucléairesl(3) »
On comprend beaucoup mieux les événements hallucinants qui se déroulent depuis cinq années en recherchant les bases, les racines de leur venue au monde, fondements qui tirent leurs origines quelquefois plusieurs milliers d’années avant l’époque que nous vivons. Les faits que nous relatons ci-après ne sont que des épiphénomènes, des bulles qui éclatent à la surface d’un océan qui est lui-même la manifestation d’une Histoire grandiose et multimillénaire.
Le passé n’est pas un port, c’est un phare.
Mensonges éhontés des médias corrompus
Aucun de nos « brillants » experts généreusement appointés par nos médias subventionnés n’avait prévu la victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines, tout simplement parce que leurs pseudo-analyses ne sont guère que de la propagande qui ne tient aucun compte de la réalité, ni des causes, ni des conséquences de cette réalité ; ils vivent dans le monde virtuel d’un mensonge décrivant la situation dans laquelle ils aimeraient bien que le monde vive, mensonge auquel ils finissent par croire, et auquel croient la plupart de nos dirigeants politiques paresseux et irresponsables qui se réfèrent à leurs dires pour ne pas avoir à étudier les rapports généralement bien documentés de leurs services de renseignements.
À tel point que, à la fin de cette même vidéo à laquelle nous venons de faire référence, le même Jacques Baud suggère de traduire en justice ces pseudo-journalistes coupables d’avoir provoqué des guerres et des millions de morts, comme celle qui se déroule toujours en Ukraine et celle qui se déroule actuellement en Syrie.
Ces médias, comme à leur habitude lorsqu’ils reçoivent l’instruction de leurs maîtres de déclencher une campagne de diabolisation, ont inventé les pires horreurs à propos de Bachar-El-Assad et de son régime : le chef de l’État syrien est un dictateur sanguinaire qui n’hésite pas à torturer de ses propres mains les dissidents, les prisons de Syrie sont pleines de pauvres gens innocents et la population qui vit sous la terreur est pleine de haine contre le régime.
Pour vous permettre d’évaluer le degré effarant de bêtise et d’ignorance de nos politiciens (ils ont tous le même consternant niveau d’inculture, sauf exceptions comme Philippe de Villiers, Florian Philippot, Sarah Knafo ou François Asselineau en France), voici ce qu’écrivait l’écologiste Marine Tondelier le 8 décembre : « Émue pour la Syrie. C’est un jour historique pour le peuple syrien qui est en passe de se libérer de plus de 50 ans d’une des pires dictatures du monde. Je pense aujourd’hui aux centaines de milliers de civils ou opposants tués, emprisonnés et torturés de manière systémique par les barbares du régime Al Assad père et fils. Justice devra leur être rendue. L’avenir de la Syrie doit passer par une transition pacifique du pouvoir et des élections libres. » Tout est faux, bien sûr. La Syrie était l’un des derniers États laïcs de la région, les agissements de la C.I.A et du monde occidental, y compris nos pays européens et, en première ligne, la France, ont semé la misère et le chaos dans la quasi-totalité de ces pays qui étaient encore des États musulmans modérés et la population syrienne, faite de multitude de minorités (dont la minorité alaouite à laquelle appartient Bachar El Assad), soutenait activement le régime afin de ne pas tomber entre les griffes des islamistes.
Bachar El Assad a été obligé d’assumer la direction de cet État martyr en lieu et place de son frère Bassel mort dans un accident de voiture ; Bachar se destinait à une carrière médicale, il est ophtalmologiste ; il a fait ses études en Angleterre où il a rencontré sa future femme, la belle Asma dont la beauté met en rage les wokistes. Asma est une universitaire anglo-syrienne d’origine sunnite qui détient, entre autres, une licence de littérature française.
Bien sûr que Bachar exerçait un pouvoir autoritaire. Pouvait-il faire autrement pour diriger ce pays persécuté dont le blocus occidental — mis en place pour s’approprier les richesses de ce pays et satisfaire aux ambitions des grandes puissances régionales et internationales — ne permettait pas son développement.
À l’heure où nous terminons la rédaction de ce texte, le spécialiste du Proche et Moyen-Orient, Thierry Meyssan, vient de faire paraître un important article fort bien documenté daté du 19 décembre 2024 qui prouve à l’évidence la pertinence de ce que nous venons d’écrire et détruit toute la propagande occidentale sur la fable d’un pouvoir syrien tortionnaire. Dans une intervention vidéo publiée sur son site voltairenet.org(4), Thierry Meyssan souligne, entre autres, l’inanité des accusations contre le régime de Bachar-El-Assad d’entretenir des salles de torture dans la prison de Saïdnaya : « Le 7 décembre, HTC et la Türkiye prennent la prison de Saïdnaya. C’est un enjeu important pour la propagande de guerre qui l’a surnommée “l’abattoir humain”. On prétend en effet que des milliers de personnes y ont été torturées, exécutées et que leurs cadavres ont été brûlés dans un crématorium. Durant trois jours, les Casques blancs, une ONG qui a à la fois sauvé des vies et participé à des massacres, fouillent la prison et ses alentours à la recherche de souterrains secrets, de salles de tortures et d’un crématorium. Las ! Ils ne trouvent aucune preuve des crimes dénoncés. »
Dix jours plus tard, un article du Figaro du 17 décembre 2024, nous apprend que « la reporter de CNN qui avait interviewé un détenu à la sortie d’une prison de Damas reconnaît qu’il était un ancien officier des renseignements ; L’homme dirigeait plusieurs postes de sécurité dans la ville de Homs et serait mêlé à ʺdes vols, des extorsions et des manœuvres visant à contraindre les habitants à devenir des informateurs(5)»
Le martyre de la Syrie
Nos belles âmes occidentales qui ont cru et répandu ces sornettes sur le régime « sanguinaire » de Bachar-El-Assad ont-elles pensé un instant à la pénurie de nourriture et de soins, entre autres, dont souffrait le peuple syrien, engendrée par l’application de ces « sanctions » ? Non, comme elles ne pensent pas au million de morts ukrainiens et à la souffrance du peuple ukrainien ; le soutien de ces imbéciles jusqu’au-boutistes au gouvernement corrompu de Zelensky ne fait qu’amplifier le massacre de la population ukrainienne — pour rien — parce que la Russie ne peut que gagner cette guerre voulue par l’Otan.
Nous vous renvoyons à l’article de Claude Janvier paru dans le site Résistance et Réinformation, et repris par SOTT.net intitulé : « Hommage au peuple syrien et à son pays qui fut laïc, moderne, et progressiste » ; vous pouvez aussi consulter mon article paru le 17 octobre 2020 sur Nice-Provence-Info sous le titre : Terrorisme islamique et terreur sanitaire : le monde pris dans l’étau de Big Brother(6) qui reprend un extrait de mon livre La Roue et le sablier paru en 2015 : « … les derniers conflits internationaux concernant notamment les pays arabes à majorité musulmane : Tunisie, Égypte, Libye, Irak, Syrie, ou des régions européennes elles aussi à majorité musulmane comme le Kosovo, sont la démonstration évidente de cette collusion d’intérêt des “Occidentistes” avec les pays musulmans qui financent les islamistes : l’Arabie saoudite et le Qatar principalement, où la connivence entre l’argent et le fanatisme, entre les “démocraties occidentales” et le terrorisme, est ici flagrante. Les “Occidentistes” et leurs alliés objectifs islamistes ont pour but principal de déstabiliser les nations traditionnelles, de faire éclater tous les éléments qui les maintiennent en cohésion (langue, terroir, famille, sécurité, religion traditionnelle, etc.) pour mieux installer leur tandem infernal. Quitte ensuite à se combattre dans le monde entier jusqu’à extinction de l’une des deux parties. Tous les pays musulmans non fondamentalistes (ou plus ou moins attachés à des valeurs laïques) où les “Occidentistes” sont intervenus (voir la liste précédente), sans qu’on ne leur demande rien, ont vu l’arrivée au Pouvoir des islamistes. »
C’est donc ce pays, la Syrie, dont la civilisation, la Mésopotamie, est considérée comme la plus ancienne du monde, que ces forces malfaisantes ont décidé de détruire d’un commun accord.
Sait-on, par exemple, que la Syrie a vu les tout débuts du christianisme, là où fut inventé le mot même de « chrétiens » vers l’an 35(7) ? Nous avons déjà fait remarquer, dans d’autres articles, que l’Ordre mondial s’attaque systématiquement aux fondements de toutes les cultures et civilisations traditionnelles afin de les détruire puisqu’il s’agit de leurs bases spirituelles et historiques : la Serbie, dont le berceau reste le Kosovo, la Russie, dont le berceau reste la Rus de Kiev, la Grèce, berceau de l’Europe, que l’Ordre mondial a réussi à faire disparaître économiquement, et autres symboles qu’il tente d’anéantir comme Notre-Dame de Paris en France, les vestiges de la civilisation mésopotamienne en Irak et maintenant en Syrie.
Rappelons que l’Ordre mondial autrement appelé l’Occident ou la « communauté internationale » est constitué de trois entités à ce jour : les États-Unis, l’État d’Israël et l’Union européenne, cette dernière étant inféodée aux deux autres.
Ces trois entités, plus une nouvelle qui se révèle tout aussi malfaisante que les trois autres précédemment citées, à savoir la Turquie, sont à l’œuvre pour démanteler la Syrie, pour des raisons tout à fait différentes, mais chacune des parties y trouve son compte. Il est fort possible que des rencontres aient eu lieu entre ces diverses entités pour préparer le cataclysme actuel en envoyant leurs orques innombrables (les terroristes islamistes) qu’ils gardaient soigneusement sous le coude en Syrie même.
Voyons qui est à la manœuvre.
La C.I.A. et le camp américain
Fondée en 1947, la CIA — Central Intelligence Agency — est censée être indépendante du gouvernement américain. Les médias, vraisemblablement sur injonction, minimisent son pouvoir, ses moyens et son efficacité ; par exemple, l’article de Wikipedia qui lui est consacré touche au ridicule par sa fausse naïveté.
L’analyse qu’en fait Idriss Aberkane, dans une récente vidéo consacrée à cet important événement qui s’est déroulé en Syrie, paraît beaucoup plus crédible(8), même si nous ne sommes pas entièrement d’accord avec sa position qui se résume dans son titre : Effondrement syrien : un coup brutal à l’influence russe ? En revanche, Aberkane souligne la capacité de la CIA à mener actuellement de front cinq coups d’État ou tentatives (on sait que c’est la spécialité de l’Agence) en Syrie donc, au Pakistan, au Bangladesh, en Géorgie et en Roumanie pour le compte de l’État profond américain tant qu’il est encore en place, à l’heure où nous écrivons, pour encore un mois.
L’actuelle directrice du Renseignement national des USA, Avril Haines, cèdera alors la place à la brillante et courageuse Tulsi Gabbard, originaire des Iles Samoa américaines, qui nommera la personne qui succèdera à William Joseph Burns, le directeur en place de la CIA, laquelle personne devra avoir autant de qualités que Tulsi Gabbard pour gérer cette administration devenue folle ; ce ne sera pas une mince affaire de mettre au pas cette organisation qui, comme un cheval qui s’est emballé, ne se reconnaît plus de maître.
Il est même possible que la CIA agisse pour son compte personnel si, selon les dires d’Idriss Aberkane, l’Agence s’est donné les moyens de son propre autofinancement et représente, de ce fait, un État dans l’État.
La trifonctionnalité était la base organisationnelle vertueuse des antiques sociétés indo-européennes, un concept que Georges Dumézil (1898−1986) avait exhumé avec la précision que l’on connaît au savant, à savoir :
• les conducteurs (prêtres et rois),
• les protecteurs (armée et police) et
• les producteurs (artisans, paysans, commerçants, entrepreneurs), concept qui s’est bien dégradée au fil des siècles.
Dans la même veine considérablement dévaluée, on se rappelle du trio parti à la conquête de l’Amérique du Sud, composé du missionnaire chrétien prosélyte soucieux de convertir de nouvelles brebis pour son Église, du soldat avide de territoires à conquérir et du marchand qui avait déjà baptisé ces nouvelles terres du nom d’El Dorado, le pays de l’or.
Nous sommes au XVe siècle et déjà très loin moralement du marchand de Venise (nous voulons parler de l’explorateur intrépide Marco Polo, non du Shylock de l’œuvre de Shakespeare éponyme, bien sûr).
Cette conquête avait alors les faveurs des rois très puissants de la péninsule ibérique qui considéraient — déjà pour des questions de monnaies sonnantes et trébuchantes — d’un bon œil ces aventuriers rustres et brutaux ; mais l’Histoire n’a retenu de leurs exploits que les massacres de populations et la destruction des brillantes civilisations précolombiennes, exactions dont ces barbares n’ont même pas eu conscience.
La CIA est la très indigne héritière de ces sauvages : l’Agence représente la première fonction : elle tient le rôle du prêtre (diabolique) qui conseille le roi (les patrons milliardaires des GAFAM), la deuxième fonction qui ne protège personne, bien au contraire, et qui n’est même pas représentée par des êtres humains mais par la technologie mortifère produite par le conglomérat militaro-industriel (bombes, missiles, drones…) et les commerçants (BlackRock, Vanguard et autres fonds d’investissement) qui ne sont, en fait, que des vautours venus piller les ressources énergétiques des pays ou des civilisations que les deux premières fonctions ont pour mission de détruire. Pillage qui était déjà en cours en Syrie près de la frontière irakienne, un peu comme ces fauves qui commencent à manger leur proie encore vivante. N’oublions pas que la Syrie, même à l’agonie, était encore un État de droit avant l’offensive des islamistes opportunément « surgis d’on ne sait où », selon nos médias subventionnés.
De fait, chacune des trois fonctions, dans leur aspect moderne dégradé, ne se consacre plus qu’au culte du veau d’or.
La C.I.A. en roue libre continue à suivre le parcours qui lui avait été indiqué par les « néo-cons », nommés aussi les « faucons » de l’État Biden. La langue française a de ces subtilités phonétiques…
Mais, en même temps, nous pouvons estimer que, dans cette partie du monde, la nouvelle administration Trump n’aura pas la possibilité d’inverser le cours des choses par le fait, tout à fait pragmatique, de l’implication de la famille proche de Trump dans le déroulement de cette agression ; il s’agit ici de Jared Kushner, milliardaire d’origine juive, promoteur immobilier aux pratiques commerciales parfois douteuses, fortement engagé aux côtés du gouvernement actuel israélien ; la fille de Donald Trump, Ivanka, n’a pu épouser Jared Kushner qu’à la condition que celle-ci se convertisse au judaïsme. Jared Kushner est devenu l’un des principaux conseillers de Donald Trump, ce qui n’augure rien de bon.
Le 1er décembre 2024, Donald Trump a également nommé conseiller pour le Moyen-Orient le milliardaire américano-libanais Massad Boulos, père de Michaël, mari de l’autre fille de Donald Trump, Tiffany. Peut-être Donald Trump espère-t-il ainsi contrebalancer les relations au sein de sa propre famille (l’un des deux gendres, Jared, ayant la ferme intention d’envahir le pays de l’autre) et, par la même occasion, Donald Trump aimerait-il rééquilibrer les forces de l’Amérique et des grandes puissances dans l’espace-monde, ce qui est quand même une autre affaire…
Bonjour, l’ambiance du prochain repas de Noël en famille chez les Trump !
Les terroristes islamistes et le projet turc d’un nouvel empire ottoman
Oui, voilà une bonne question : d’où sortent-ils, ces prétendus « rebelles » qui, en quelques jours, ont réussi à mettre à terre un grand pays comme la Syrie ?
Eh bien, ils sortent d’un coup de pied du dictateur-joueur de football islamiste Erdogan.
Celui-ci s’est fait remarquer, aux tout débuts de sa carrière politique en reprenant à son compte la phrase d’un « poète » islamiste : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats ». Ce qui l’a conduit en prison pendant quelques mois, la Turquie étant alors sous le régime de militaires peu réceptifs à la « poésie » islamiste de Récep.
En 2017, La Turquie, sous la présidence d’Erdogan, a signé les accords d’Astana (au Kazakhstan) avec l’Iran et la Russie, alliés du gouvernement El Assad, pour mettre en place quatre zones de cessez-le-feu, dites de « désescalade » afin de faire taire les armes en Syrie ; la Turquie, soutien des groupes islamistes, était chargée de les regrouper sur le territoire syrien afin de les contrôler et de les brider le cas échéant ; regroupement qui fut fait à Idlib où un nombre indéterminé de djihadistes (40 000 ?) s’est constitué alors en État sous la férule de Abou Mohammed al-Joulani, un Saoudien né à Riyad, se prétendant syrien(9) qui, après avoir quitté Al-Qaïda et fondé le groupe islamiste Al-Nosra (oui, ceux dont le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius disait qu’ils faisaient « du bon boulot »), a créé HTS, acronyme de Hayat Tahrir al-Sham, un autre groupe tout aussi fanatique que les deux précédents ; les auteurs d’attentats et autres coupeurs de têtes en France étaient en contact avec cette faction (notamment l’homme qui a décapité l’enseignant français Samuel Paty).
Les islamistes de HTS sont composés d’une multitude de groupes venus de toute la planète, ainsi, une partie de ces islamistes est constituée par un groupe de Ouighours chinois, une autre par des Tchétchènes qui combattaient côté ukrainien.
Il paraît probable qu’Erdogan a lâché la meute de ces islamistes qu’il tenait en laisse, bien opportunément juste après le cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah, non respecté par Israël.
Les islamistes de HTS se préparaient vraisemblablement de longue date à prendre le contrôle de la Syrie ; certains commentateurs comme Alain Juillet, ancien directeur français de la DGSE, faisant remarquer que les centaines de drapeaux qui accompagnaient les prises de contrôle des villes syriennes par HTS n’avaient pas été fabriqués la veille ; Alain Juillet précisant également que les combattants islamistes disposaient d’un équipement militaire important, comme des chars, et ne pouvaient donc pas avoir organisé cette opération sans l’appui de puissances étrangères comme la Turquie, Israël ou les USA, ou les trois à la fois rassemblées pour dépecer la Syrie(10). Alain Juillet insiste aussi sur le fait que les islamistes de HTS ne sont en rien issus du peuple syrien, qui seraient des « rebelles » au gouvernement syrien, puisque ce sont des éléments venus de l’étranger.
Erdogan, en manipulant les islamistes de HTS, a deux buts bien précis :
• D’abord, affaiblir les Kurdes installés en Syrie, voire les faire disparaître. Erdogan pourchasse l’ethnie kurde où qu’elle se trouve parce que les Kurdes installés en Turquie (qui constitue une partie de leur territoire) lui ont donné bien du fil à retordre avec leur mouvement insurrectionnel, le PKK ; les Kurdes qui sont un peuple iranien indo-européen(11) constituent une ethnie de près de 50 millions d’âmes répartis sur plusieurs pays de la région et dont le territoire, le Kurdistan, pour l’instant virtuel, approche les 600 000 km²
Les Kurdes de Syrie sont actuellement sous contrôle des Etats-Unis.
Erdogan a appelé le 20 décembre 2024 à « éradiquer les organisations terroristes en Syrie, en citant le groupe Etat Islamique (EI) et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) » selon la Libre Belgique du même jour. « Eradiquer » le PKK (c’est décidément une obsession turque) mais pas le HTS ? En effet, il faut savoir que ce sont justement les Kurdes qui se sont battus contre l’Etat islamique en Syrie en 2019. Erdogan pratique là en toute conscience un amalgame fallacieux. On voit bien la duplicité du personnage qui applique ce que les musulmans appellent la Taqiya, le mensonge « pieux » (voir la note 9). D’autant plus que l’armée turque a encadré l’invasion islamiste en se faisant passer pour « l’armée nationale syrienne » ! (Voir l’article de Meyssan)
• Deuxième objectif qui consistera à flatter l’ego d’Erdogan : faire en sorte que la Turquie devienne une grande puissance mondiale islamique (et islamiste en l’occurrence) en recréant l’ancien empire ottoman : c’est le rêve d’Erdogan qui veut devenir le nouveau calife, comme Iznogoud.
Rappelons que l’empire ottoman fut créé à la fin du XIIIe siècle par Osman 1er et vit son apogée avec la prise de Constantinople en 1453 ; après avoir conquis un immense territoire en Europe, en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, cet empire disparaîtra après sa défaite lors de la Première Guerre Mondiale pour être remplacé par la Turquie en 1923.
Rappelons aussi que l’armée turque est forte de 800 000 hommes.
Le pacte judéo-islamiste pour le Grand Israël
Erdogan se trouve en Syrie face à un concurrent sérieux qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, il s’agit de Benjamin Netanyahou ; ils sont tous les deux atteints de mégalomanie qui, d’après le Larousse, « se dit, en psychiatrie, d’un malade atteint d’un délire caractérisé par la surestimation de soi, et, dans la langue courante, d’une personne qui manifeste des idées de grandeur, un orgueil excessifs. »
Ce qui est encore plus remarquable, c’est que Erdogan tout autant que Netanyahou ont un double objectif identique : religieux et territorial (ou impérialiste, si l’on préfère) ; celui de Netanyahou se limite au « Grand Israël » qui concerne territorialement et religieusement les pays qui entourent l’actuel Israël
alors que celui d’Erdogan a une vision élargie au monde, l’islam conquérant visant à convertir l’ensemble de la planète, les non-musulmans — les dhimmis — étant tolérés avec un statut inférieur (ceci concerne les monothéistes, qui sont alors des « privilégiés » qui payent un lourd tribut, mais ne concerne pas les polythéistes qui doivent être « éradiqués »)
Le judaïsme, lui, se limite (si l’on peut dire) au « Peuple élu » de Dieu, le reste de l’humanité étant généralement considéré comme une sous-humanité, les goyims, voire comme une animalité(12).
Les deux pays, Israël et Turquie, se sont appuyés sur les islamistes de HTS pour envahir la Syrie, « Les Forces de défense israéliennes (FDI) lancent une opération de destruction des matériels et des fortifications de l’armée arabe syrienne. En quatre jours, 480 bombardements coulent la flotte et incendient les armureries et les entrepôts. Simultanément, des équipes au sol assassinent les principaux scientifiques du pays » (Meyssan) ; ainsi, opportunément, quand ça l’arrange, Israël peut s’allier avec les groupes islamistes. Israël s’est, en outre, emparé de la zone-tampon du Golan, afin de couper le Hezbollah de toute lien avec d’éventuels soutiens provenant de Syrie, ou d’Irak.
Si Netanyahou, comme Erdogan, se donnent des justifications religieuses pour envahir la Syrie, ils ne perdent pas de vue l’intérêt économique qu’il y a à tenter, eux aussi, d’exploiter les ressources énergétiques du pays martyr.
Conclusion : et après ?
Le pacifique océan sur lequel éclataient les petites bulles d’une histoire convenue s’est transformé en chaudron imprévisible ; les bulles sont plus grosses, elles explosent avec plus de fracas, l’Histoire du monde semble s’accélérer dans cette région qui l’a vu naître.
La fin d’un cycle, comme un passage de témoin dans une course de relais, se déroule souvent à l’endroit même où il a commencé.
Quelles lumières nous apporte le passé de chacune des parties en présence pour essayer d’imaginer le déroulement de cet imbroglio ?
Russie et Iran
Les héritiers des grandes civilisations traditionnelles impliquées dans cette région bouillonnante, Russie et Iran en l’occurrence — on se souvient qu’elles avaient tenté de mettre en place les accords d’Astana, en vain —contemplent, impassibles, le charivari en cours : wait and see.
Aucune de ces deux puissances n’est intervenue au-delà de quelques raids aériens russes sur les colonnes de HTS et d’un contact de l’Iran avec le gouvernement légal de la Syrie pour proposer son aide à certaines conditions qui auraient été refusées.
À vrai dire, il n’y avait pas lieu d’être plus royalistes que le roi, l’armée syrienne, dont plusieurs unités se sont réfugiées en Irak, ayant renoncé à combattre.
Israël et Turquie
Il est fort possible que l’idylle qui a réuni les deux satrapes psychopathes ne durera que peu de temps.
L’un et l’autre se prennent pour les maîtres du monde, comme leurs lointains ancêtres, partant tous les deux la fleur au fusil et main dans la main, et ne réagissent que par les pulsions primaires dictées par leur incommensurable ego.
Il est à prévoir que les deux « tourtereaux » ne tarderont guère à s’écharper jusqu’à épuisement des forces de l’un et de l’autre.
Les États-Unis
Les États-Unis sont impliqués de facto par la CIA, coutumière du fait, dans cette situation qui semble inextricable pour la nouvelle administration qui se mettra en place fin janvier.
Nous supposons que Trump, aux prises avec des tensions au sein de sa propre famille, tensions qui reflètent celles en cours dans cette région, refusera de se mêler à cette bagarre de chiffonniers pour être en paix à la maison (blanche) ; nous ne savons pas ce qu’il va faire, il ne le sait peut-être pas lui-même ; il aura besoin de ses nouveaux conseillers qui lui demanderont vraisemblablement de rester sur les positions acquises favorables aux États-Unis en territoire syrien, à savoir défendre les puits de pétrole contre les appétits des diverses factions en présence ; même si ces ressources qu’ils exploitent sans vergogne se situent sur une terre qui ne leur appartient pas.
Les Kurdes
Les États-Unis se serviront des Kurdes pour les protéger de toutes les parties en présence en continuant à leur fournir toute la logistique dont ils auront besoin au grand dam d’Erdogan.
Il y a tout lieu de penser que la Turquie foncera tête baissée vers son principal ennemi, le Kurde, comme le taureau sortant du corral se précipite vers le chiffon rouge, entrant de facto en conflit contre les États-Unis.
Les groupes islamistes
Une fois qu’ils auront bien servi, toutes les parties en présence (y compris la Turquie, qui ne voudra pas de leur concurrence) voudront se débarrasser de ces sauvages, soit en les éliminant physiquement, soit en les expédiant sur des scènes de conflit, en cours ou à venir.
Lorsque les clameurs de la bataille se seront tues, la Russie et l’Iran reviendront en Syrie pour faire le ménage après cette bien triste fête qui aura eu quand même le mérite de remettre chacun à sa place et les pendules à l’heure.
Dans cette hypothèse qui libérerait la planète des fantasmes des deux trublions mégalomanes, nous pourrions entamer cette année 2025 avec plus de légèreté, surtout si, comme Trump nous l’a promis, les États-Unis s’occupent enfin de leurs propres affaires et cessent de tourmenter la planète en agressant des peuples qui ne leur ont rien fait.
Pierre-Émile Blairon
In La Roue et le sablier, p.104, Pierre-Émile Blairon, 2015, Amazon
À la fin d’un cycle, toutes les valeurs traditionnelles sont inversées et l’on voit apparaître une imposture et une confusion généralisées ; l’Ordre mondial devrait donc se nommer : le Chaos mondial.
Syrie : la reporter de CNN qui avait interviewé un détenu à la sortie d’une prison de Damas reconnaît qu’il était un ancien officier des renseignements [source]
Voir Le Monde de la Bible, hors-série automne 2010, Daniel Marguerat, professeur à l’Université de Lausanne
Comme tous les musulmans, Abou Mohammed al-Joulani pratique la « taqiya ». « La notion de taqiya, dissimulation de son appartenance à un islam politique radical, est de plus en plus utilisée dans le débat public en tant qu’elle est un des outils de la panoplie idéologique du terroriste islamiste » (Marianne du 6 décembre 2023).
En réalité, ce concept ne concerne pas seulement les islamistes mais l’ensemble du monde musulman.
Comme les Arméniens que les Turcs ont voulu éradiquer en faisant 1 500 000 morts en 1915–1916 perpétrant ainsi le premier génocide du XXe siècle, à peu près en même temps que les mêmes Turcs procèdent aussi aux génocides des Grecs pontiques (350 000 morts) et des Assyriens (600 000 morts).
« Nous combattons des animaux humains » a lancé le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant (Radio France, 9 octobre 2023)
Excellent article, merci Monsieur. Si Thierry Meyssan est incontournable, pour essayer de deviner la future position de Donald Trump, je conseille Radio Québec avec l’inébranlable Alexi Cosette, même si ses origines pédagogiques le rendent redondant !
Article extrêmement intéressant dans la mesure où il entre en conflit total avec les analystes des pseudo experts qui sévissent à longueur de temps sur les plateaux tv, interrogés par des pseudo journalistes qui n’ont qu’à répéter ce que leur apprend le « gouvernement » français (qui n’existe toujours pas à l’heure où j’écris ces lettres) pour le « service » public et leurs maîtres milliardaires qui ne songent qu’à leur pognon et donc sont des alliés puissants pour l’Occident pro américain.
J’ai quand même un peu de mal à comprendre comment l’armée syrienne, a priori puissante, a été quasiment décimée en quelques jours.