Turc mécanique, l’esclavage 2.0
En 1770, Johann Wolfgang von Kempelen, le Mozart de l’automate, présente son robot joueur d’échecs, appelé le « Turc mécanique ».
Cet automate était en fait truqué car il cachait, sous la table échiquier, un maître du jeu humain de petit gabarit ou infirme des jambes. Jusqu’en 1820, son robot mystifia les plus grands, de Benjamin Franklin à Edgar Poe. Même le stratège Napoléon y perdit son sang froid, il renversa la table.
The Mechanical Turk : c’est donc le nom retenu par le géant Amazon pour sa plate-forme qui permet à des centaines de milliers de « travailleurs du clic » d’effectuer des « micro-tâches », en complément des algorithmes. Il n’est donc pas anodin que le géant américain de la vente en ligne ait précisément retenu ce nom pour désigner ses petites mains. Cela veut dire que « derrière » les gigantesques ordinateurs qui brassent des milliards de données, c’est un être humain, dissimulé dans la machine, qui fait le choix in fine. C’est le cas de le dire : un être humain con-finé.
Dès l’instant où vous naviguez sur la Toile, les GAFA (Google Amazon Facebook Apple) vous pistent, vous traquent, vous profilent à l’aide d’algorithmes sophistiqués, pensez-vous. Pas tout à fait. Si puissants soient ces calculateurs, ces géants mondiaux du numérique font massivement appel à des petites mains. En effet, pour l’instant encore, n’importe quel péquin analysera mieux encore une photo ou l’une de vos phrases pour affiner votre personnalité marchandisable ou vos orientations politiques qui sont ensuite négociées.
Amazon recrute des « turkers » pour effectuer chez eux des micro-tâches répétitives et peu complexes, sans statut social et pour une rémunération minuscule, cela va de soi.
Dans la foulée de nombreux autres sites, comme le français Foulefactory, proposent de louer votre agilité au clavier pour arrondir de quelques ronds vos fins de mois difficiles.
Une activité qui a explosé pendant le… ? confinement miraculeux ! Le commerce mondial sait tirer profit de toutes les situations.
La censure également, qui sévit sur les réseaux sociaux et qui permet d’éliminer les contestataires du Nouvel Ordre Mondial, ne fonctionne pas uniquement avec les « mots clés » qui fâchent. Il y a derrière aussi des nuées de censeurs humains, payés au lance-pierre qui seuls peuvent encore décrypter et éliminer ce qui ne plaît pas à Bill Gates, Jeff Bezos, Zuckerberg ou encore au Gouvernement démocratique et républicain de la France progressiste. Combien de « turkers », le doigt prêt à cliquer sur la souris chez les décodeurs du Monde, le Décodex ?
Rien ne remplacera complètement l’homme, ça rassure. Il faudra toujours des esclaves, consentants ou pas, pour faire les sales besognes, qui de surcroît sont les moins bien payées.Michel Lebon
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