Sommes-nous devenus des toutous dociles aux ordres de leurs maîtres ?
Ça y est ! Les masques deviennent obligatoires dans de nombreuses villes et régions, notamment la nôtre. Ils devront être portés quasiment partout y compris en extérieur à l’air libre. Désormais, c’est le conflit entre les pro et les anti-masques qui fait les choux gras des médias de l’audiovisuel : c’est le sujet phare dans les émissions à forte popularité comme « Les auditeurs ont la parole » sur RTL où le très patelin Pascal Praud se complaît dans le rôle d’arbitre partial des débats polémiques qu’il initie entre auditeurs remontés. Ce mercredi, il s’est employé à donner la parole à des pro-masques plutôt vindicatifs, au discours proprement totalitaire. Il est effarant d’entendre ces gens appeler au baillonnage général, même après la crise du Covid.
C’est symptomatique d’une population qui vit dans la peur et évite de se poser des questions – surtout les bonnes – telles que :
• Pourquoi avoir peur de la Covid plus que d’une autre affection ?
• Pourquoi une maladie qui tue 0,05 % de la population, majoritairement des personnes très âgées proches de leur fin prochaine, devrait-elle nous effrayer outre mesure ?
• Quand la grande faucheuse vient vous dire que c’est l’heure, partir du cancer, d’un AVC, d’un infarctus, de la grippe ou de la Covid, que craindre le plus ?
La psychologie nous apprend que, si la peur est une émotion de protection et une alerte face au danger, lorsque le danger n’est pas réel, la peur devient pathologique.
Montaigne qui n’a pas connu la Covid-19 à 0,3 % de létalité mais a vécu des épidémies de peste… à 99,9 % de létalité disait : « Ce dont j’ai le plus peur, c’est de la peur ». Le grand écrivain, précurseur et fondateur des sciences humaines, avait compris que la peur pathologique induit des réactions qui limitent la vie quotidienne dans la mesure où elle paralyse au point d’interdire toute réaction. Se nourrissant d’elle-même, elle s’amplifie jusqu’à ce que, enfin, la réalité soit affrontée.
Il meurt environ 600 000 personnes par an en France. Les 35 000 morts du Covid représentent seulement 5 % du total. Triste, certes, mais pas apocalyptique. La banale gastro-entérite fait chaque année plus de victimes ! A‑t-on jamais assisté à pareilles mesures sanitaires pour l’endiguer ? A‑t-on jamais assisté à pareille psychose dans la population ?
Grâce à l’action conjuguée des autorités sanitaires et des médias – hier encore, le professeur Delfraissy appelait à des « décisions difficiles » mais nécessaires contre l’épidémie –, le pays est majoritairement dominé par la peur. Quand on était en confinement, on savait que ça n’allait pas durer, sous peine d’anéantir toute l’économie. Mais le masque étant devenu l’universelle panacée, combien de temps va-t-il être imposé ? Si dans 10 ou 20 ans, le virus est toujours là, en perpétuelle mutation, serons-nous toujours masqués et tenus à une stricte distanciation physique ? Notre jeunesse, mise au pilori pour sa désinvolture par les zélateurs du masque, doit-elle se préparer à passer une partie de sa vie masquée avec interdiction de se serrer la main, de s’embrasser ?
Ah, mais, c’est que c’est important la santé, argueront les Ayatollah de l’hygiénisme. Certes mais, comme le dit pertinemment le philosophe André Compte-Sponville : « La santé est un bien mais elle n’est pas une valeur. Un bien est quelque chose que l’on peut désirer, convoiter, jalouser… La richesse est aussi un bien. Par contre, une valeur n’est pas quelque chose que l’on peut envier mais que l’on peut admirer. Si j’admire quelqu’un parce qu’il est en meilleure santé que moi ou plus riche que moi, je suis un imbécile. Les valeurs, c’est ce qu’on peut admirer : le courage, la justice, la générosité, l’amour… Voilà les valeurs suprêmes ». Et de fustiger cet ordre nouveau, qu’il nomme « pan-médicalisme », qui fait de la santé la valeur supérieure et tend à déléguer aux médecins la gestion, non seulement de nos maladies, mais aussi de nos vies et de nos sociétés. Une dérive « proprement inadmissible » selon le philosophe. Une position qui lui valut d’être vivement critiqué pendant la crise notamment quand il déclara qu’il fallait, en toute logique, davantage protéger les jeunes que les personnes âgées. Mais aujourd’hui, on fait les bilans et on commence à s’interroger, comme Le Parisien qui titrait avant-hier à sa une : « Emploi des jeunes, inquiétude de la génération Covid ».
André Compte-Sponville n’en tire aucune gloriole mais insiste sur le fait qu’il est plus normal de se faire du souci pour l’avenir de ses enfants que pour la santé de septuagénaires (génération à laquelle il appartient). On parle beaucoup, à juste titre, de solidarités intergénérationnelles, explique-t-il, mais on oublie de dire que cette solidarité est traditionnellement orientée et asymétrique, c’est à dire que les parents se sacrifient pour leurs enfants beaucoup plus que les enfants pour leurs parents, ce qui est normal. Tout parent donnerait sa vie pour ses enfants… En revanche, qui accepterait que ses enfants donnent leur vie pour la sienne ? Quant à ces écoles où élèves et enseignants travaillent masqués, c’est « effrayant », dit-il : « Quelle déperdition, d’attention, de communication, d’échanges de compréhension ! Va-t-on sacrifier l’éducation de nos enfants à la santé de leurs grands-parents ? »
Ce qui est à craindre c’est que pour protéger les vieux, on en arrive à sacrifier toute une génération pour une maladie qui n’est mortelle, répétons-le, qu’à 0,3 % des cas. Car nos politiques, prisonniers du principe de précaution, n’ont plus aucune marge de manœuvre. L’ordre sanitaire ou le sanitairement correct font que, lorsque la santé devient la principale préoccupation, on en arrive à sacrifier l’avenir des jeunes générations pour sauver la santé de quelques vieillards.
Les médias avides de sensationnel ont installé une ambiance totalement anxiogène dans notre pays en nous annonçant, chaque jour, le nombre de « cas » touchés par la maladie, mais bizarrement pas le nombre de morts. Pourquoi ne le font-ils pas aussi pour le nombre de morts du cancer (150 000 par an), des infarctus (140 000), des AVC (30 000), etc ? Étant donné qu’il n’y a plus que quelques rares décès imputables à la maladie, les médias ont entrepris de nous annoncer le nombre de « cas » au même rythme. Toujours pour entretenir la peur. La peur du monde dans lequel nous vivons. D’abord à grand renfort de projections écologiques apocalyptiques et maintenant par une crise sanitaire artificiellement surdimensionnée… C’est de la manipulation mentale.
Le masque est un symbole d’obéissance et de soumission. Il symbolise la muselière qui réduit au silence l’animal et l’empêche de mordre. Si nous acceptons ce symbole, c’est que nous sommes déjà bien lobotomisés. Nous sommes prêts à être des animaux envoyés au dressage… Muselés, vaccinés, pucés…
Des toutous dociles aux ordres leurs maîtres.
Charles ANDRÉ
Aucun commentaire