Europe : le paradoxe Trump
Panique à l’Europe de Bruxelles qui n’a pas anticipé le vote populaire américain !
Il a fallu que le nouveau président des États-Unis réitère, lors d’un entretien au Times et à Bild ce dimanche 15 janvier 2017, les propos qu’il avait tenus à maintes reprises lors de sa campagne électorale, et récemment encore lors de sa première conférence de presse, pour semer la panique dans la classe dirigeante européenne.
Qu’a dit Donald Trump ? Rien de bien nouveau de sa part pourtant. Dans les grandes lignes :
• les Anglais ont bien fait de voter pour le Brexit et d’autres pays suivront
• s’ils l’ont fait, c’est avant tout pour sortir de l’enfer migratoire imposé par l’Europe et notamment par la chancelière allemande Angela Merkel car
• celle-ci a fait une erreur grossière en ouvrant toutes grandes les portes de l’Europe à une immigration incontrôlée
• d’autres pays européens suivront l’exemple britannique et quitteront cette Europe dont les peuples ne veulent pas
• l’OTAN doit être repensée fondamentalement puisque de nombreux pays membres ne paient pas leur quote-part budgétaire et que la relation avec la Russie sera revue sous l’angle de l’entente et non plus de la confrontation.
Nos dirigeants sont sonnés. Ils emboitaient leurs pas dans ceux de l’oncle Sam et voilà que celui-ci change de cap. Alors ils sont désorientés, paumés.
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a pris l’initiative de « redire “sa confiance absolue” dans le maintien d’un “engagement fort” des États-Unis, au moment où certains pays européens — en particulier ceux situés sur le flanc Est de l’Alliance — s’inquiètent de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ». Or Donald Trump n’a cessé de proclamer pendant toute sa campagne et l’a répété lors de sa première conférence de presse, qu’il souhaitait établir des relations de bonne entente avec la Russie en rupture avec les relations bellicistes de son prédécesseur et de sa concurrente Hillary Clinton. L’OTAN se trouve bien embarrassée avec ses 1 200 chars récemment acheminés en Pologne et dans les pays baltes. Si nous avons bien entendu Jens Stoltenberg : les Européens ont raison de « s’inquiéter de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche » parce-que celui-ci veut apaiser les relations avec Poutine. Comprenne qui pourra.Dans le même genre paradoxal notre président François Hollande n’est pas en reste. Il avertit Donald Trump : « Je vous l’affirme ici : l’Europe sera toujours prête à poursuivre la coopération transatlantique, mais elle se déterminera en fonction de ses intérêts et de ses valeurs. Elle n’a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu’elle à a faire ».
L’Europe a subi une intervention militaire de l’OTAN sur son sol en Yougoslavie décidée par Washington ; le but des États-Unis était d’installer une nouvelle et gigantesque base militaire au centre du Kosovo.
L’Europe n’a pas réagi lorsqu’Obama a fermement plaidé en 2009 à Ankara pour l’entrée de la Turquie en Europe.
L’Europe n’a pas réagi non plus lorsqu’Obama a fermement plaidé en avril 2016 contre le Brexit tant à Londres qu’à Hanovre.
L’Europe soutient la rébellion terroriste en Syrie après avoir semé le chaos en Libye sur ordre de Washington. En retour elle est contrainte d’accueillir des centaines de milliers d’immigrés du Moyen Orient, … et d’ailleurs.
L’Europe décrète contre ses intérêts des sanctions économiques envers la Russie sur ordre de Washington. Par suite l’Europe perd des marchés agricoles considérables pendant que la Russie renforce son autosuffisance alimentaire.
L’Europe négocie dans le plus grand secret un traité commercial transatlantique dicté par les lobbies américains. Obama se permet de tancer les Européens qui traînent à signer ce traité.
La presse européenne fait campagne pour Hillary Clinton contre Donald Trump sous la pression des grands médias américains.
Sur ordre de Washington la France refuse de livrer à la Russie deux porte-hélicoptères Mistral régulièrement commandés en 2010 et quasiment terminés et payés.
Et François Hollande ose avertir le nouveau président américain que « l’Europe se déterminera en fonction de ses intérêts et de ses valeurs. Elle n’a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu’elle à a faire ». Faut-il en rire ou en pleurer ?
Le véritable paradoxe est à venir : grâce à Donald Trump, l’Europe se dégagera de l’Otan et de la bureaucratie bruxelloise. C’est Donald Trump qui conduira les Européens à trouver leur propre voie en dehors de la couverture américaine, à retrouver non plus le chemin de Damas (il est trop tard), mais au moins celui de Moscou, à réaffirmer enfin leurs valeurs propres multi-séculaires. Merci qui ?
Georges Gourdin
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