La coupe d’Europe 2017 est finie pour le RCT. Déroute totale en Auvergne contre l’ASM (29−9).
Il n’y a pas que la météorologie qui était maussade cet après-midi à Clermont-Ferrand. Le moral des Toulonnais aussi. Avec un coup de plus porté à leur capital confiance qui était déjà maigre, au fil d’une saison mitigée et souvent décevante, en Top 14 comme en coupe d’Europe.
Le rugby a ceci de moral qu’il est habituellement un jeu logique. Gagne celui qui applique les règles de base. Or c’est précisément sur les fondamentaux que les Rouge et noir ont été défaillants. Sur presque toute la gamme. Battus en phases statiques (mêlées fermées, touches), dominés dans les phases de conquête dynamique (présence et efficacité sur les zones de ruck, ballons dans les airs), les Toulonnais ont été inférieurs aussi dans les duels et dans les perforations après contact.
Au jeu ovale, quand vous n’avez pas de munition, et si en plus vous rendez la balle trop souvent à l’adversaire, vous ne pouvez que subir. Terribles alors sont la pression territoriale et la possession de la balle par l’équipe d’en face. Il ne suffit pas de posséder une défense courageuse, qui a vaillamment tenu le coup pendant une heure : 6–6 à la mi-temps, 9–9 avant de se faire trouer trois fois par les Clermontois avec essai au bout. Si vos ajoutez à ceci que Toulon a une fois de plus vérifié l’axiome selon lequel 15 (ou plutôt 22) individualités brillantes sur un terrain ne valent pas un jeu d’équipe, alors vous aurez compris que l’ASM n’a pas volé sa victoire. Faite d’intelligence du jeu, d’abnégation et d’efficacité collective.
A Toulon les années se suivent et se ressemblent. Après une triple couronne due à trois victoires consécutives, record qui sera difficile à égaler et encore plus à battre, le RCT quitte la scène européenne, comme l’année dernière face au Racing, dès les 1⁄4 de finale. Mais cette année sans gloire ni panache. Il faut se souvenir qu’après une saison européenne entamée de façon calamiteuse, la qualification pour ce 1⁄4 de finale était déjà miraculeuse. Ne demeure plus que l’espoir de revenir en Top 14 dans un tableau de marche lui permettant de rapporter le bouclier de Brennus au bord de la rade. Ou du moins de terminer le championnat de France à une place qualificative pour la coupe d’Europe de l’an prochain.
Toulon n’a donc réussi ni coup ni hold-up dans le froid et sous la pluie d’Auvergne. Même en ayant tenté de cadenasser le match, tant on savait et on voyait que le RCT ne pouvait envoyer du jeu face à une ASM vigilante. Et échaudée par deux défaites cinglantes contre ce même RCT en finale européenne. Cette fois, à Michelin, Clermont a appliqué la tactique qu’il fallait contre sa bête noire Toulon. Il reste à souhaiter à l’ASM d’aller enfin jusqu’au bout : plus que deux matches à gagner avant d’avoir le plaisir de brandir cette coupe tant convoitée parce que tellement attendue. Les Clermontois y sont bien arrivés avec le titre national, après une dizaine de déconvenues auparavant. Cette année, ils ont les moyens de le faire aussi au niveau européen, s’ils restent réguliers et solides.
Le RCT quant à lui n’échappera pas à une révision stratégique globale. Plus profonde que la énième déclaration à l’emporte-pièces de Mourad Boudjellal ou que le n+unième changement d’entraîneur, déjà annoncé, avant même la déroute en terre arverne.
Marc FRANÇOIS, Toulon, 2 avril 2017