Depuis envi­ron trois ans, plu­sieurs mil­liers d’is­la­mistes d’Al Nosra (deve­nu Fatah al Cham) et de Daesh ont trou­vé refuge dans les mon­tagnes liba­naises le long de la fron­tière syrienne.

Dans ces zones dif­fi­ciles d’ac­cès, les dji­ha­distes pou­vaient se repo­ser, s’ap­pro­vi­sion­ner en armes et recru­ter de nou­veaux com­bat­tants dans les camps de réfu­giés syriens situés à proxi­mi­té. Ils n’hé­si­taient pas éga­le­ment à orga­ni­ser des raids meur­triers sur la Syrie.

Les com­bat­tants liba­nais du Hezbollah ont lan­cé fin juillet une vaste offen­sive contre les posi­tions d’Al Nosra. En effet, libé­rés des durs com­bats d’Alep et des envi­rons de Damas, les chiites dis­po­saient des effec­tifs néces­saires pour mettre fin à la pré­sence plus qu’en­com­brante des isla­mistes sun­nites sur le sol liba­nais. La défense d’Al Nosra fut, comme d’ha­bi­tude, achar­née. Moins nom­breux et moins bien armés, ils durent céder. Après d’âpres négo­cia­tions, les sur­vi­vants furent auto­ri­sés à se reti­rer vers la zone de refuge habi­tuelle des isla­mistes : la pro­vince d’Idlib située dans le nord-ouest de la Syrie.

L’armée liba­naise, cen­sée être au-des­sus des divi­sions confes­sion­nelles, s’é­tait conten­tée de sécu­ri­ser la ville d’Ersal, ultime point d’an­crage des dji­ha­distes. Elle ne pou­vait en effet mener une offen­sive conjointe avec un mou­ve­ment exclu­si­ve­ment chiite. Elle vient à son tour de pas­ser à l’of­fen­sive, tou­jours dans les mon­tagnes proches de la fron­tière syrienne, mais contre Daesh cette fois. Enfin ! Il y a bien long­temps que l’on espé­rait une ini­tia­tive d’en­ver­gure de l’ar­mée contre l’Etat isla­mique qui avait tué et fait pri­son­nier plu­sieurs de ses hommes lors des com­bats de 2014. Deux d’entre eux avaient ensuite été égor­gés, un chiite et un sunnite.

Les com­bats qui se déroulent devraient se conclure favo­ra­ble­ment : les trois-quarts du ter­ri­toire contrô­lé par Daesh ont été repris en quelques jours et toute contre-attaque semble illu­soire. Ce qui est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant dans cet évè­ne­ment, c’est qu’une offen­sive simi­laire s’est dérou­lée côté syrien menée par le Hezbollah et sur­tout l’ar­mée syrienne. Il ne fal­lait évi­dem­ment pas lais­ser la pos­si­bi­li­té aux hommes de Daesh de recu­ler devant l’ar­mée liba­naise et de trou­ver refuge dans les mon­tagnes syriennes. Pris en étau, ils n’ont aucune chance.

Symboliquement, c’est un pas impor­tant qui vient d’être fran­chi. Même si l’ar­mée liba­naise le nie, il est évident qu’elle a coor­don­né son action avec l’ar­mée syrienne. C’est une grande pre­mière depuis le début de la guerre en Syrie et c’est de bon augure pour vaincre les isla­mistes. Il ne s’a­git pas d’ou­blier les drames du pas­sé : le Liban a payé un lourd tri­but à l’oc­cu­pa­tion syrienne. Mais l’is­la­misme vain­queur en Syrie aurait ensuite détruit le Liban et cha­cun semble l’a­voir com­pris. La prio­ri­té est donc là : détruire Daesh, Al Nosra et les autres mou­ve­ments isla­mistes sun­nites que les Etats-Unis et l’Europe ont cri­mi­nel­le­ment sou­te­nus. Pour cela, la Syrie et le Liban doivent tra­vailler ensemble. Le nou­veau chef d’Etat-Major liba­nais, le Général Joseph Aoun, s’est dépla­cé sur le lieu des com­bats, sou­li­gnant là leur importance.

Une page se tourne et la défaite des isla­mistes se rapproche.

Antoine de Lacoste, 2 sep­tembre 2017