Les laboratoires biologiques du Pentagone en Ukraine

par | 14 mars 2022 | 2 Commentaires 

En octobre 2021, l’Agence de Réduction des Menaces de la Défense amé­ri­caine (DTRA), une agence de sou­tien au com­bat au sein du Département de la Défense des États-Unis (DoD), a publié un accord sup­plé­men­taire sur la « lutte contre les agents patho­gènes hau­te­ment dan­ge­reux ».

Pourquoi un accord supplémentaire ?

Parce qu’au niveau de la recherche bio­lo­gique, l’Ukraine est depuis quelques années d’un inté­rêt par­ti­cu­lier pour les États Unis, comme l’in­dique cet article datant de novembre 2014.

Immédiatement après la vic­toire de la pre­mière révo­lu­tion de cou­leur, un accord glo­bal avait été signé entre le minis­tère ukrai­nien de la Santé et le minis­tère amé­ri­cain de la Défense sur la réno­va­tion des ins­tal­la­tions bio­lo­giques en Ukraine. En 2008, un plan a émer­gé pour la four­ni­ture d’une aide amé­ri­caine au minis­tère ukrai­nien de la Santé, et en octobre 2009, un concept de déve­lop­pe­ment pour un « pro­gramme de réduc­tion des menaces bio­lo­giques » a été proposé.

Avec le sou­tien des États-Unis, le pre­mier centre bio­lo­gique d’Ukraine a donc été ouvert le 15 juin 2010 dans le cadre de l’Institut de recherche Mechnikov Anti-Plague à Odessa en pré­sence de l’ambassadeur amé­ri­cain John Tefft. Le centre d’Odessa s’est vu attri­buer un niveau per­met­tant de tra­vailler avec des souches uti­li­sées dans le déve­lop­pe­ment d’armes bio­lo­giques. Ce labo­ra­toire fut le pre­mier d’une longue série puisque d’autres furent ouverts à Vinnytsia, Ternopil, Uzhhorod, Kiev, Dnepropetrovsk, Simferopol, Kherson, Lviv (trois labo­ra­toires à la fois dans cette ville !) et Lugansk, tou­jours avec le sou­tien des États-Unis.Laboratoires bio-chimiques américains Ukraine

Le per­son­nel civil amé­ri­cain effec­tuant des tra­vaux dans ces labo­ra­toires béné­fi­cie de l’immu­ni­té diplo­ma­tique, bien qu’il ne soit pas diplo­mate. Par consé­quent, les entre­prises pri­vées peuvent effec­tuer des tra­vaux, sous cou­ver­ture diplo­ma­tique, pour le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain sans être sous le contrôle direct de l’État hôte.

L’Ukraine n’a donc aucun contrôle sur les bio-laboratoires militaires sur son propre territoire

Selon un accord signé en 2005 entre le Département de la Défense des États-Unis et le minis­tère ukrai­nien de la Santé, il est inter­dit au gou­ver­ne­ment ukrai­nien de divul­guer au public des infor­ma­tions sen­sibles sur le pro­gramme amé­ri­cain.
Le secré­taire du Conseil de sécu­ri­té russe, Nikolai Patrushev, a aver­ti dans une inter­view en 2021 que ces labo­ra­toires met­taient en péril la san­té de dizaines de mil­lions de personnes.

Mais pourquoi les USA financent-ils des bio-laboratoires en Ukraine et à quoi ceux-ci peuvent-ils bien servir ?

L’opération mili­taire russe en Ukraine a, par hasard, coïn­ci­dé avec le lan­ce­ment pré­vu de bio-labo­ra­toires mili­taires amé­ri­cains à Kiev et à Odessa. Ces labo­ra­toires ukrai­niens liés aux USA tra­vaillent avec des agents patho­gènes extrê­me­ment dan­ge­reux. On y teste des virus, des bac­té­ries et des toxines mor­telles arti­fi­cielles sur le sol ukrainien.

Il est à noter que des souches et des bio­ma­té­riaux ont été col­lec­tés et trans­fé­rés à l’US Army Reed Research Institute. Il s’agit d’échantillons de souches hau­te­ment patho­gènes et d’agents patho­gènes de mala­dies infec­tieuses (peste, char­bon, cho­lé­ra, tula­ré­mie, bru­cel­lose, virus Crimée-Congo, han­ta­vi­rus, virus de l’encéphalite à tiques et lep­to­spi­rose), ain­si que de 4 000 échan­tillons bio­mé­di­caux pro­ve­nant des membres de l’armée ukrai­nienne (selon le minis­tère russe de la Défense).

Cette décla­ra­tion datant du 6 mars, l’am­bas­sade des USA en Ukraine a depuis fait dis­pa­raître de son site inter­net les docu­ments rela­tifs aux 11 labo­ra­toires prévus.

Le même jour, une ins­truc­tion du minis­tère ukrai­nien de la Santé sur la des­truc­tion des agents patho­gènes et les actes de des­truc­tion dans les labo­ra­toires bio­lo­giques de Poltava et de Kharkov a été publiée. La liste com­pre­nait la peste, l’anthrax, la tula­ré­mie, le cho­lé­ra et d’autres mala­dies mortelles.

Le 7 mars, il est fait état d’actes de des­truc­tion dans plu­sieurs labo­ra­toires ukrai­niens qui pour­raient faire pen­ser à un pro­gramme mili­taire. L’analyse des actes de des­truc­tion démon­trant l’exis­tence de tra­vaux menés sur des agents patho­gènes de la peste de la fièvre char­bon­neuse et de la bru­cel­lose, dans le labo­ra­toire de Lvov, ain­si que sur des agents patho­gènes de la diph­té­rie, de la sal­mo­nel­lose et de la dys­en­te­rie dans les labos de Kharkov et de Poltava. (source : Forces de Défense contre les Radiations Chimiques et Biologiques).
Il faut rap­pe­ler que le Protocole concer­nant la pro­hi­bi­tion d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou simi­laires et d’a­gents bac­té­rio­lo­giques a été adop­té à Genève en juillet 1925.
Les armes bio­lo­giques sont donc en prin­cipe inter­dites dans les conflits mili­taires. Mais même si les USA ne main­tiennent pas d’armes bio­lo­giques, la guerre pour­rait mettre en dan­ger les col­lec­tions d’a­gents patho­gènes déte­nus dans ces labo­ra­toires.
Le Conseil de sécu­ri­té des Nations-Unies s’est réuni le 11 mars sur convo­ca­tion de la Russie. Il a déli­bé­ré au sujet de ces fameux labo­ra­toires.
Le minis­tère chi­nois des Affaires Étrangères avait déjà deman­dé aux USA de s’ex­pli­quer au sujet de ces labo­ra­toires. Rappelons que la Chine a sou­vent été mise en cause pour son labo­ra­toire P4 de Wuhan.… L’ONU a décla­ré n’être au cou­rant d’au­cun pro­gramme d’armes bio­lo­giques en Ukraine.
Le repré­sen­tant per­ma­nent de la Russie auprès de l’ONU a lui, assuré :

« Nos mili­taires ont appris des détails du pro­jet UP‑4, réa­li­sé dans les labo­ra­toires de Kiev, Kharkov et Odessa. Son objec­tif est d’é­tu­dier la pos­si­bi­li­té de pro­pa­ga­tion d’in­fec­tions par­ti­cu­liè­re­ment dan­ge­reuses par les oiseaux migra­teurs, y com­pris [la forme] hau­te­ment patho­gène de la grippe H5N1, dont la léta­li­té chez les êtres humains atteint 50%, et éga­le­ment la mala­die de Newcastle. Un autre pro­jet réa­lise des recherches sur les chauves-sou­ris en tant que vec­teurs d’a­gents poten­tiels d’armes biologiques »

Washington et Londres ont bien sûr nié toute impli­ca­tion et évo­qué la « dés­in­for­ma­tion » et la « théo­rie du com­plot ». Mais après avoir nié, la sous-secré­taire d’État Victoria Nuland a fini par recon­naître sous la pres­sion devant la com­mis­sion des affaires étran­gères cette col­la­bo­ra­tion avec l’Ukraine, crai­gnant que ces recherches ne soient récu­pé­rées par les Russes(1).

« L’Ukraine a des ins­tal­la­tions de recherche bio­lo­gique, et nous sommes très inquiets que les troupes russes puissent cher­cher à en prendre le contrôle. Donc nous tra­vaillons avec les Ukrainiens sur la façon dont ils pour­raient empê­cher que ces maté­riels de recherche ne tombent entre les mains des forces russes ».

Victoria Nuland - Laboratoires américains Ukraine

Le minis­tère russe de la Défense a décla­ré qu’il publie­rait les docu­ments sai­sis dans des labo­ra­toires ukrai­niens et qu’il avait lui-même détruit pré­cau­tion­neu­se­ment 320 conte­neurs d’a­gents patho­gènes. Et que par­mi les recherches de ces labo­ra­toires figu­raient les coro­na­vi­rus de chauves-souris…

Patrice LEMAÎTRE

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Patrice Lemaître

2 Commentaires 

  1. Je réflé­chis com­ment j’ai­me­rais mou­rir, d’une balle ou d’une bac­té­rie, de toute façon je vais mou­rir. La guerre, c’est tuer un point c’est tout.

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  2. Quand on nous dit que le coro­na­vi­rus vient de Chine, nous avons un labo­ra­toire Chy-Na en Ukraine, Shpyl’chyna, labo­ra­toire amé­ri­cain, spé­cia­liste de la pro­pa­ga­tion des virus dans le monde.

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