Tous les sondages l’annoncent : moins d’un électeur sur deux se rendra aux urnes pour les élections européennes ce dimanche 26 mai. En pleine crise du pouvoir provoquée par le mouvement des Gilets Jjaunes, cette attitude paradoxale revêt aujourd’hui un caractère suicidaire.
Cette crise est paradoxale parce que l’essentiel des lois qui sont votées au parlement français sont la traduction des directives européennes. Aussi, désapprouver la politique du gouvernement tout en refusant de se prononcer sur le devenir de son donneur d’ordre est une totale incohérence. Faire le choix de s’abstenir, c’est dérouler le tapis rouge au PPE (Parti Populaire Européen), le principal groupe politique du parlement qui fait la pluie et le beau temps dans les 28 pays de l’Union, dirigée par une commission dont les membres ne sont pas élus par les peuples européens et qui est présidée par Jean-Claude Juncker, éthylique notoire, mis en place ici parce-qu’il fut au Luxembourg le complice de défiscalisations massives.
Cette Union Européenne censée être notre salut depuis la fin de la deuxième guerre mondiale n’est qu’une supercherie : elle a été concoctée par les réseaux états-uniens qui n’ont jamais voulu d’une puissance politique sur notre continent. Leur unique but était d’établir le grand marché mondial sans frontières dont rêvent depuis toujours les libéraux. Les archives déclassifiées relatives aux origines de l’UE dans lesquelles Philippe de Villiers est allé fouiller pour écrire son dernier livre « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » (Fayard), en apportent la preuve irréfutable. Ce mondialisme est ce qui empoisonne notre vie au quotidien ; ce dont il faut chercher à se débarrasser.
Laisser plus longtemps les clefs de l’Europe au PPE mondialiste est une absurdité. Le mouvement des Gilets Jaunes a mis en évidence les principales préoccupations des Français : pouvoir d’achat, insécurité, immigration, logement, emploi… c’est à dire des sujets majeurs qui, tous, appartiennent au domaine de compétences de la Communauté européenne. Leur traitement ainsi que les conséquences sont de sa responsabilité. Le déferlement migratoire et l’insécurité induite sont les résultats de sa politique ; tout comme les problèmes d’emploi dus au dumping social résultant des écarts de salaires et des standards sociaux entre pays de l’Union. Il y a 15 ans, 61% des Français percevaient la construction européenne comme un espoir, ils ne sont plus que 29% aujourd’hui. Ce désamour exprimé doit se traduire par une farouche volonté de changer la donne. La solution ne réside pas dans l’indifférence ou la résignation. Le référendum sur le Brexit a montré que l’Union européenne n’est pas un édifice inébranlable.
Enfin, s’abstenir est une attitude suicidaire parce que le Président a fait de cette élection européenne un référendum national pour sa personne et sa politique. La façon dont il s’y investit est du jamais vu (lire notre article Nice-Matin : le bon élève de la Pensée Unique du 24 mai 2019). C’est à la fois édifiant et déconcertant pour ne pas dire écœurant. L’enjeu de cette élection est désormais « stop ou encore » pour Macron ! Le désaveu ou un blanc seing. On peut donc être assuré que son camp se mobilisera sans défection et, au soir du scrutin, tous les médias se focaliseront sur un seul résultat : celui du Président. Si la liste LRM arrive en tête, ne serait-ce que d’une seule voix, Macron se sentira regaillardi. Il considèrera que le peuple l’adoube définitivement. Il fanfaronnera et repartira aussitôt en guerre contre ce peuple « réfractaire » qu’il déteste tant et qu’il faisait semblant d’écouter depuis le 17 novembre dernier. Enfin, il relancera ses réformes mondialistes à un rythme de hussard, sans plus aucun état d’âme.
L’élection européenne n’a qu’un seul tour. Il ne faut surtout pas que ce soit le troisième tour de la présidentielle pour remettre Macron en selle. Ce doit être le tour du peuple, l’acte 28 du mouvement de contestation populaire qui s’exprime depuis six mois et qui recueille encore 60 % de sympathisants dans la population. Il faut donc se mobiliser jusqu’au bout. Revêtir un gilet jaune, scander « Macron, démission » et refuser de l’exprimer dans les urnes est totalement incohérent.
C’est pourquoi on ne peut pas être gilet jaune et s’abstenir le 26 mai.
Espérer un avenir meilleur sans mouiller sa chemise n’est qu’une vaste utopie. Cette fois, chacun doit prendre ses responsabilités.
Charles André