Au nom du coq
Il a longtemps figuré sur nos timbres, ou sur nos pièces de monnaie, avant d’être détrôné par Marianne. Mais il reste présent sur les églises et souvent sur les monuments aux morts de nos villages. Son panache, son caractère et sa vaillance le caractérisent…
… le coq !
En 52 av JC, la légende raconte que Vercingétorix aurait envoyé à César un coq gaulois, symbole de la combattivité de ses guerriers. Jules voulant l’humilier, l’aurait invité alors à un repas au cours duquel fut servi… un coq au vin. Dans les jours qui suivirent, le jeune chef de tribu arverne a infligé à l’empereur romain une de ses plus cuisantes défaites retournant ainsi l’humiliation de la plus belle manière qui soit. Le coq au vin, depuis ce jour restera un des emblèmes de la cuisine française.
Il faut dire qu’à cette époque, le mot « gallus » désigne aussi bien le coq que le Gaulois, habitant de la Gaule, et que Jules ou Suétone ne manquent pas d’user du calembour résultant de la confusion possible entre les deux.
Dans la chrétienté, le coq est un emblème particulier également. Il est le symbole du renouveau, chantant le matin, à la fin de la nuit, annonçant le retour de la lumière après les ténèbres comme le fait la nouvelle religion.
Il faut également se rappeler comment Pierre renia trois fois Jésus avant le chant du coq, et que pour cette raison, il fit selon la légende, occire tous les coqs qui lui rappelaient sa lâcheté. Mais il se racheta en exposant l’animal en belle place chaque fois qu’il le pouvait. C’est ainsi qu’on le trouve encore à la pointe des clochers…
Aujourd’hui, un coq est traîné devant les tribunaux.
Depuis deux ans, un coq chanteur de Saint-Pierre-d’Oléron est l’objet d’un conflit de voisinage entre sa propriétaire et un couple de retraités qui possède une maison de vacances juste à côté de l’enclos. Les plaignants réclament le départ de Maurice, c’est le nom du coq !
L’affaire est donc jugée ce jeudi 4 juillet 2019 devant le tribunal. Les plaignants demandent la déportation pure et simple de Maurice. Sur une autre île ? Pas de précision, ils ne sont pas présents à l’audience, contrairement aux nombreux soutiens à Corinne Fesseau, la propriétaire du gallinacé qui a reçu plus de 120 000 signatures dans une pétition pour la conservation du coq. Bataille d’avocats donc. Oiseaux des villes contre oiseaux des champs. France des campagnes contre France du béton (lire par ailleurs Le rat des villes et le rat des champs du 29 mai 2019).
Voilà où en est la France du XXIe siècle. On ne supporte plus le chant du coq, non plus les cloches des vaches, encore pire, celles des clochers. On reproche aux troupeaux d’être trop près des villages, aux agriculteurs d’utiliser leur tracteur.
Et c’est le coq qu’on traîne au tribunal de Rochefort en Charente Maritime ! Jugement sera rendu le 5 septembre. On saura si Maurice mérite d’être hissé au fronton de la mairie, sur les maillots de l’équipe de foot ou sur le monument aux morts, ou bien s’il doit finir dans l’auberge du coin, comme « coq au vin » destiné aux touristes, ou pire encore, déporté sur l’île d’Yeu voisine comme le vieux Maréchal Pétain…
Patrice LEMAÎTRE
Un coq trainé en justice !! Franchement, on aura tout vu ! Comment nos tribunaux (débordés) peuvent-ils prendre en considération une telle ineptie ?? Si l’on avait affiché une fin de non-recevoir à ces plaignants, l’affaire se serait arrêtée là… Mais voilà… à quand un procès aux cloches, aux oiseaux trop bruyants, aux oies, aux canards, aux tracteurs, aux vaches, etc, etc..la liste est longue !
Que ces personnes aillent donc vivre en ville au milieu de la pollution, des klaxons, des bruits de voitures incessants, enfin..là où il y a des bruits de ville !!!
On peut se poser la question de savoir si les plaignants en question, lorsqu’ils seront réveillés dès potron minet, par le chant harmonieux du muezzin, perché sur la tour de la mosquée voisine, songeront aussi à saisir la Justice…