Désobéissance au programme mondialiste d’alimentation : un collectif sauve les semences des Alpes Maritimes

Suite au repor­tage choc d’Élise Lucet dans « Cash inves­ti­ga­tion » la semaine der­nière, on assiste depuis lors dans le grand public et sur les réseaux sociaux en par­ti­cu­lier, à une prise de conscience qu’on nous force à man­ger n’im­porte quoi, pour­vu que cela rapporte.

Nice Provence Info dénonce régulièrement l’emprise de la finance sur la nourriture également.

Face à l’accaparement du vivant par de grands groupes pri­vés comme Monsanto, un col­lec­tif de pay­sans, jar­di­niers, cher­cheurs et chefs-cui­si­niers s’est regrou­pé pour consti­tuer la MSPM , la Maison de Semences Paysannes Maralpines.

La Maison des Semences Paysannes Maralpines est une asso­cia­tion qui récu­père, cultive et dif­fuse les semences pay­sannes de la bio-région des Alpes-Maritimes. Elle abrite un col­lec­tif de Paysans, Jardiniers, Chercheurs, Chef-cui­si­niers et de Citoyens qui auto-gèrent la bio­di­ver­si­té culti­vée et ses savoir-faire asso­ciés. Elle gère col­lec­ti­ve­ment et dura­ble­ment des semences locales, adap­tées aux condi­tions pédo-cli­ma­tiques des Alpes-Maritimes et à une agri­cul­ture res­pec­tueuse de l’environnement.

Notre mis­sion vise à retrou­ver et pro­mou­voir la bio­di­ver­si­té chez les pay­sans pour réin­té­grer les semences pay­sannes de leurs champs à nos assiettes ! Pour cela, nous œuvrons à court, moyen et long-terme à :
• col­lec­ter des graines ; notre col­lec­tif par­court le ter­ri­toire à la recherche de varié­tés popu­la­tions, de « graines anciennes » culti­vées et adap­tées depuis des géné­ra­tions. Il s’agit de faire vivre le patri­moine semen­cier, mais aus­si de docu­men­ter les his­toires des com­mu­nau­tés pay­sannes pour trans­mettre les savoir-faire agro­no­miques et culi­naires asso­ciés.
• ani­mer une grai­no­thèque res­source ; la mis­sion pre­mière de la MSPM sera d’assurer la redis­tri­bu­tion des semences au sein du col­lec­tif et d’accompagner tech­ni­que­ment la mul­ti­pli­ca­tion et la sélec­tion par les pay­sans. Les besoins agro-éco­no­miques des pay­sans et les attentes gus­ta­tives des fins gour-mets défi­ni­ront les pro­to­coles de sélec­tion. En outre, la MSPM offri­ra un lieu de sto­ckage et cen­tra­li­se­ra les fonc­tions sup­port (ensa­chage, com­mer­cia­li­sa­tion, test de ger­mi­na­tion, etc.) qui garan­ti­ront aux pay­sans (et aux ama­teurs) des semences pro­fes­sion­nelles de qua­li­té.
• déve­lop­per un lieu de savoir et de for­ma­tion ;
• dif­fu­ser la connais­sance, c’est en faire ger­mer les graines de nos esprits.
Introduction au thème des semences, for­ma­tion appro­fon­die pour main­te­nir une varié­té ou ensei­gne­ment géné­ral à la repro­duc­tion de semences : ces temps d’apprentissage ancrent des savoirs bota­niques, géné­tiques et légis­la­tifs néces­saires à la pré­ser­va­tion du vivant.
La MSPM a éga­le­ment pour voca­tion d’abriter une biblio­thèque mul­ti­sup­port (essais, films, livres, thèses…) dédiée à la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire, aux his­toires de luttes et périls pas­sés et futurs des semences paysannes.

Maison semences paysannes maralpines

Ensemble, ils récu­pèrent, cultivent et dif­fusent les semences pay­sannes de la bio-région des Alpes-Maritimes. Ce qui dans les faits est inter­dit, puisque les culti­va­teurs ont l’o­bli­ga­tion d’a­che­ter leurs graines sur le cata­logue offi­ciel du CTPS (Comité tech­nique per­ma­nent de la sélec­tion), sous tutelle des Ministères de l’Agriculture et des Finances. Il est publié par l’État fran­çais au jour­nal offi­ciel. Ce cata­logue régle­men­taire est éta­bli à la suite de tests sur les varié­tés mis en œuvre par le GEVES (Groupement d’Étude des Variétés et Semences). Face à cette rigueur régle­men­taire, le GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants) s’ef­force de faire entendre la voix des pro­fes­sion­nels de la filière : il est consti­tué d’élus repar­tis en 5 col­lèges repré­sen­tant les sélec­tion­neurs de varié­tés, les agri­cul­teurs-mul­ti­pli­ca­teurs de semences, les pro­duc­teurs de semences, les dis­tri­bu­teurs et les uti­li­sa­teurs de semences.

« L’industrie semen­cière, avec la tech­nique dite des hybrides F1, choi­sit des plantes adap­tées à l’agriculture méca­ni­sée, aux intrants chi­miques et aux longs trans­ports pour la dis­tri­bu­tion, au détri­ment de leur valeur nutri­tive et gus­ta­tive. Surtout, les pay­sans deviennent com­plè­te­ment dépen­dants des semen­ciers et du cata­logue du GTPS. Cette méthode seule­ment réa­li­sable en labo­ra­toire, et com­plè­te­ment hors-sol, enlève au pay­san l’autonomie et la pos­si­bi­li­té de faire lui-même ses propres semences. À la MSPM, on uti­lise des tech­niques de sélec­tion à la por­tée du pay­san et du culti­va­teur », explique Maxime, fon­da­teur et coor­di­na­teur de la MSPM.

C’est ain­si, qu’un agri­cul­teur a fait appel au col­lec­tif pour retrou­ver la semence du poi­vron car­ré de Nice. Après un an et demi de recherches, la MSPM a retrou­vé une souche locale. Ce poi­vron typique a été déve­lop­pé exprès pour faire les petits far­cis, une spé­cia­li­té gas­tro­no­mique locale.

De la même manière, la tomate prune de Nice, la mas­ca­rade de Breil-sur-Roya (hari­cot), le pelan­dron (hari­cot vert), le chou-bro­co­li de Nice, la gra­mua (hari­cot) et de nom­breuses courges comme la longue de Nice ou la courge de Moulinet sont autant de varié­tés qui ont été répar­ties par­mi les pay­sans du collectif.

La légis­la­tion fran­çaise inter­dit comme énon­cé plus haut, de don­ner, échan­ger ou vendre une semence de varié­té non-ins­crite au cata­logue offi­ciel des semences à une per­sonne qui en fera un usage com­mer­cial. Et c’est sur cette der­nière sub­ti­li­té que joue la MSPM : en effet, rien n’interdit aux agri­cul­teurs de sélec­tion­ner et de mul­ti­plier eux-mêmes leurs semences de varié­tés non-ins­crites au cata­logue, de les culti­ver et de vendre les récoltes qui en sont issues.

Alors, n’hésitez pas à les contacter. Produisez et consommez local !

Patrice LEMAÎTRE