Mais puisqu’on vous dit que l’Europe, c’est bon pour vous !

Un pro­pos de Vladimir Poutine lors du récent G20 qui se tenait à Osaka est plu­tôt pas­sé inaper­çu. On com­prend bien pour­quoi car le pré­sident russe a don­né un sérieux coup de rin­gar­dise à la Bien Pensance occi­den­tale mon­dia­liste. Ce der­nier s’est per­mis de trai­ter d’ob­so­lètes les idées qui fondent pour­tant la doc­trine pro­gres­siste en vogue au sein de toutes les élites occi­den­tales : « Cette idée [du mul­ti­cul­tu­ra­lisme] est deve­nue obso­lète et est en conflit avec les inté­rêts de l’immense majo­ri­té de la popu­la­tion.»

Pour être plus pré­cis encore, Poutine pense qu’Angela Merkel a com­mis une « erreur capi­tale » en déci­dant d’ou­vrir les fron­tières alle­mandes à des mil­lions de réfu­giés, sans même consul­ter son propre peuple. Tout à fait logi­que­ment il a loué le pré­sident amé­ri­cain Donald Trump de fer­mer ses frontières.

Vladimir Poutine enfonce même le clou : « Cette idée libé­rale pré­sup­pose que l’on ne peut rien faire. Que les migrants peuvent tuer, piller, vio­ler en toute impu­ni­té du fait que leurs droits sont pro­té­gés ». Il pré­dit un ave­nir sombre à ces idées libé­rales : « À mon avis, on va trop loin avec cette idée disons « libé­rale » qui com­mence à « s’avaler » elle-même ».

Dur, dur pour les chefs d’État occi­den­taux réunis à Osaka. Merkel en mau­vaise san­té n’a pas réagi. Notre sémillant pré­sident, coin­cé entre les grands chefs d’État, adepte incon­di­tion­nel de la Modernité (avec un grand M) et du Progrès (avec un grand P), en est res­té coi.

Donald Tusk

Donald Tusk

Seul Donald Tusk s’est sen­ti obli­gé de rele­ver les pro­pos du pré­sident russe. Au fait, qui c’est ce Donald Tusk ? Pas Donald Trump, Donald Tusk ! Eh bien c’est le pre­mier ministre polo­nais qui ins­talle des bases mili­taires amé­ri­caines en Pologne et achète des avions amé­ri­cains plu­tôt que des mirages fran­çais. C’est pro­ba­ble­ment son ali­gne­ment atlan­tiste bien ancré qui lui a valu d’être nom­mé le 1er décembre 2014 « Président du Conseil de l’Union euro­péenne ». Vous le saviez ? Non bien sûr, comme tout le monde puisque tout cela se passe dans les cou­lisses de Bruxelles sans la moindre consul­ta­tion populaire.

Les « valeurs de l’Europe » ayant été pié­ti­nées par le pré­sident russe élu, le pré­sident euro­péen non élu s’est fen­du d’une leçon déses­pé­rée de démo­cra­tie : « Quiconque affirme que la démo­cra­tie pro­gres­siste est obso­lète dit par là-même que les liber­tés sont obso­lètes, que l’État de droit est obso­lète et que les droits de l’Homme sont obso­lètes. » autant de « valeurs vivaces de l’Europe. » Vous l’a­vez bien com­pris : point de salut en dehors de la « démo­cra­tie pro­gres­siste ».

Mais au fait, quelles sont ces « valeurs vivaces de l’Europe » qui en font une « démocratie progressiste » ?

Est-ce le contrôle des médias ? La vio­lence de la répres­sion poli­cière ? La cor­rup­tion au plus haut niveau de l’État ? Les trai­tés inter­na­tio­naux négo­ciés en cati­mi­ni sans aucune trans­pa­rence ni consul­ta­tion popu­laire (trai­té trans­at­lan­tique, pacte de Marrakech notam­ment) ? Est-ce l’im­mi­gra­tion for­cée ? Est-ce le métis­sage for­cé ? Est-ce l’en­ri­chis­se­ment des plus riches ?
On peut continuer.

Jean-Claude Juncker

Jean-Claude Juncker

Est-ce le déni de démo­cra­tie par le mépris des votes popu­laires (par exemple le réfé­ren­dum sur le trai­té de Maastricht ou sur le Brexit) ? Est-ce l’Eurovision ? La théo­rie du genre ? La GPA qui sera léga­li­sée contre toutes les pro­messes poli­tiques ?
Est-ce encore le déni du vote popu­laire par Jean-Claude Juncker, pré­sident de la com­mis­sion euro­péenne qui affirme à pro­pos du réfé­ren­dum sur le trai­té de Maastricht : « Si c’est oui, nous dirons donc : on pour­suit ; si c’est non, nous dirons : on conti­nue ! ». C’est ce même pré­sident de la com­mis­sion euro­péenne, ivrogne notoire qui nous fait honte à cha­cune de ses sor­ties publiques, qui sou­tient : « Il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens. »

Quoi qu’en disent les diri­geants euro­péens, les peuples d’Europe ne croient plus en leurs ins­ti­tu­tions et le font savoir par les urnes que Tusk ou Juncker et tous les « démo­crates pro­gres­sistes » se refusent à entendre.

Il est à craindre, comme l’a­vance le pré­sident russe, que

cette « démocratie progressiste » qui fonctionne sans l’assentiment des peuples européens soit réellement obsolète.

Georges Gourdin