Les salariés de Nice Matin font la fine bouche
Ne comptez pas sur Nice Matin, pourtant « réseau social depuis 1945″, pour vous informer sur sa propre situation, alors que chaque jour qui passe est un sursis pour le quotidien régional.
Rappelons que la société éditrice est une coopérative dont les salariés détiennent 66 %. Coopérative ou pas, Nice Matin fait face à un déficit chronique consécutif à la perte d’audience, à l’instar, du reste, de toute la presse quotidienne en France. Voilà pourquoi Nice Matin ne survit que grâce à des :
- subventions publiques très opaques : celles-ci sont éclatées en une multitude de rubriques afin d’embrouiller les pistes (Aide du fonds stratégique pour le développement de la presse, Aide à la modernisation des diffuseurs de presse, Aide au portage, Aide à la distribution des quotidiens nationaux, Aides au maintien du pluralisme, Tarifs postaux préférentiels, Réductions fiscales et sociales, etc). Nice Matin, avec un peu plus de 500 000 euros ne figurerait qu’en 30e position du tableau des bénéficiaires (Classement des subventions versées à la presse écrite) loin des poids-lourds nationaux Bien Pensants et très actifs dans la normalisation de l’opinion.
- subventions publiques déguisées : les institutions publiques (métropole et agglomérations, départements, Région) achètent régulièrement des encarts publicitaires par pages entières. On ajoute également dans cette rubrique les campagnes nationales de communication plus ou moins complaisantes.Ce qui fait que lorsque vous achetez Nice Matin, vous le payez 2 fois : une fois par votre abonnement ou au kiosque et une seconde fois par vos impôts.Cependant tout cela ne suffit point à boucher le trou.
- apports de capitaux privés : c’est pour apporter de l’argent frais que la groupe belge Nethys fut sollicité en 2014. Mais ces investisseurs privés attendent un retour sur investissement plus ou moins lisible. N’ayant pas atteint les objectis qu’il s’était fixés, Nethys souhaite se retirer (lire Xavier Niel, un nouvel emmerdeur pour Nice Matin ? du 20 juin 2019).
Le 12 juillet 2019, l’Assemblée Générale des actionnaires salariés s’est prononcée à plus de 60 % pour « le projet de reprise garantissant le plus socialement le maintien des emplois de la rédaction, de l’administration et de la production ». Un discours dans une belle langue de bois que la CGT, très active au sein de l’entreprise, cautionne :
Concernant la ligne éditoriale et la liberté d’expression journalistique, c’est une bataille que la CGT est prête à mener avec l’ensemble des forces concernées.
Ce que défend et revendique la CGT ?
• Un projet viable et porteur d’avenir pour TOUTES ET TOUS les salarié-es de l’entreprise NICE MATIN
• Un projet permettant le maintien des emplois, des compétences existantes
• Un projet de développement et de renforcement de la presse et de l’industrie de la presse
par des investissements technologiques et industriels.
La CGT reste disponible pour travailler de manière la plus large possible sur un projet global porteur d’avenir.
Autrement dit : « On prend le pognon et vous la fermez ! ».
C’est sûr que les actionnaires repreneurs ne risquent pas d’être séduits par un tel avertissement. À moins que des intérêts obscurs ne les motivent pour investir à fonds perdus.
Massimo Luce