Expliquez moi : « Pour le climat »

Je dois avouer que j’ai du mal avec ce slo­gan qui nous est rabâ­ché sur tous les médias : « Pour le cli­mat ». Oui, pour le cli­mat, et alors ? Pour le cli­mat chaud ? le cli­mat froid ? le cli­mat tem­pé­ré ? Pour quel cli­mat en fait ? Contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique ? Vous en êtes bien sûrs(1) ? Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique ou la pollution ?

Greta Thunberg Skolstrejk för Klimatet

Les nou­velles ama­zones de la guerre pour le climat

Cette pro­pa­gande mas­sive pour le cli­mat me rap­pelle celle de Danette dans les années 80 On se lève tous pour Danette :

On se lève tous pour le climat, oui, et après ?

Qu’est-ce que cela signi­fie en termes d’ob­jec­tifs ? En termes de stra­té­gie et de tac­tique ? En termes de com­por­te­ments ? d’é­thique ? Quels sont les alliés ? les adversaires ?

Lettre ouverte aux jeunes qui militent « pour LE climat »

Chers conci­toyens « climatistes »,

expli­quez moi : « Pour le climat » !

Vous avez l’am­bi­tion d’a­gir « contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique », si j’ai bien com­pris. À sup­po­ser que cela soit une réa­li­té scien­ti­fique, car de nom­breux cli­ma­to­logues contestent cette hypo­thèse, vous avan­cez que c’est l’ac­ti­vi­té humaine qui est à l’o­ri­gine de ce dérè­gle­ment en confon­dant dérè­gle­ment cli­ma­tique et pol­lu­tion. Mais essayons de com­prendre votre démarche et par­tons donc de votre hypo­thèse de « réchauf­fe­ment cli­ma­tique lié à l’ac­ti­vi­té humaine ».

Avez-vous pro­cé­dé à une ana­lyse des acti­vi­tés humaines les plus pré­pon­dé­rantes quant à ce réchauf­fe­ment ? Quels sont vos plans d’action ? 

Parmi les acti­vi­tés humaines le plus pol­luantes, je relève :

Toute la chaîne d’ex­trac­tion et de trans­for­ma­tion des hydro­car­bures : je pense aux pla­te­formes off-shore, aux navires pétro­liers tita­nesques qui sont la pre­mière menace pour l’en­vi­ron­ne­ment : Déversement de 40.000 litres de pétrole dans les eaux les plus pures de la pla­nète (28 juillet 2019).
→ Que faites vous pour réduire la consom­ma­tion d’hy­dro­car­bures ? À part les solu­tions fac­tices des voi­tures élec­triques ou des éoliennes.
→ Prévoyez vous un déploie­ment impor­tant de l’éner­gie nucléaire ?
Le com­merce mon­dia­li­sé qui ne tient éco­no­mi­que­ment que par la défis­ca­li­sa­tion des car­bu­rants des avions et des porte-conte­neurs tou­jours plus gigan­tesques et plus pol­luants : Les 20 plus grands navires pol­luent plus que toutes les voi­tures de la pla­nète.
→ Prévoyez vous de taxer les car­bu­rants des trans­ports mari­time et aérien à l’ins­tar du trans­port auto­mo­bile ?
→ Prévoyez vous la remise en place des droits de douane dis­sua­sifs pour endi­guer cette fré­né­sie de cir­cu­la­tion de mar­chan­dises, y com­pris les fruits et légumes ?
Les cli­ma­ti­seurs : ces appa­reils sont une aber­ra­tion éco­lo­gique. Un cli­ma­ti­seur pro­duit de la cha­leur et consomme de l’éner­gie. En outre le gaz réfri­gé­rant est sou­vent encore très nocif (R134, R410 ou R32). Pour refroi­dir l’air, un cli­ma­ti­seur pol­lue deux fois : une fois en pro­dui­sant de la cha­leur (ce qui ampli­fie le pro­blème) et une deuxième fois en consom­mant de l’éner­gie.
Les centres com­mer­ciaux, les lieux publics sont des catas­trophes éco­lo­giques de ce point de vue. Mais les cli­ma­ti­seurs enva­hissent doré­na­vant les domi­ciles, les voi­tures, les bus, les trains.
→ Prévoyez vous d’in­ter­dire les climatiseurs ?

Climatiseurs

Les cli­ma­ti­seurs : un fléau écologique

• La des­truc­tion mas­sive des terres agri­coles vierges : des mil­lions d’hec­tares vierges sont détruits pour y culti­ver de l’huile de palme qui n’est même pas bonne pour la san­té.
→ Prévoyez vous l’in­ter­dic­tion de la des­truc­tion de toute terre fores­tière ?
→ et par suite la replan­ta­tion des forêts détruites ?
Oran Outan déforestation
La des­truc­tion des terres agri­coles dans les pays déjà très urba­ni­sés : les terres agri­coles fran­çaises sont gri­gno­tées chaque jour par les routes tou­jours plus larges, par des centres com­mer­ciaux (Open Sky par exemple), par des rési­dences pavillon­naires « agrivores ».

Zones pavillonnaires banlieue Paris nord

Banlieue Paris nord

→ Prévoyez vous l’in­ter­dic­tion de la des­truc­tion de toute terre agri­cole ?
→ et par suite le retour à l’a­gri­cul­ture des terres détruites ?

Je ne vois pas bien vous vou­lez en venir. Je ne vois pas bien ni les efforts que vous êtes prêts à accom­plir ni les sacri­fices que vous êtes prêts à accep­ter pour enrayer le réchauf­fe­ment cli­ma­tique que vous dénon­cez. J’ai l’im­pres­sion qu’à l’ins­tar de vos parents soixante-hui­tards et res­pon­sables du monde actuel, vous vous fas­siez — vous aus­si — ber­ner par les mêmes forces maté­ria­listes, mon­dia­listes et suicidaires.

Mai 68 Sous les pavés la plage

« Sous les pavés, la plage » est deve­nu dans la réa­li­té post-soixante-hui­tarde « Sur les champs, le béton » !

Je me trompe ?

Massimo Luce

Note : toute réponse sin­cère et bien écrite retien­dra notre atten­tion pour une éven­tuelle publi­ca­tion dans nos colonnes.

Notre illus­tra­tion à la une : Manifestation « Pour le cli­mat » à Poitiers 12 décembre 2018 [source Nouveau Parti Anticapitaliste].

(1) Voici, à titre d’exemple, ce que l’on pou­vait lire dans un jour­nal anglais, le Ampshire Advertiser from Southampton, le 17 juillet… 1852 :
En 1132, en Alsace les sources se tarirent et les ruis­seaux s’asséchèrent. Le Rhin pou­vait être tra­ver­sé à pied. En 1152 la cha­leur était si intense que l’on pou­vait faire cuire des oeufs dans le sable.
En 1160, à la bataille de Bela (en Hongrie), un grand nombre de sol­dats mou­rurent en rai­son de la cha­leur exces­sive.
En 1276 et 1277, en France, la récolte d’avoine et de seigle fut tota­le­ment détruite par la cha­leur.
En 1303 et 1304, la Seine, la Loire, le Rhin et le Danube pou­vaient être tra­ver­sés à pied.
En 1393 et 1394, un grand nombre d’animaux tom­bèrent morts et les récoltes anéan­ties en rai­son de la cha­leur.
En 1440, la cha­leur fut exces­sive.
En 1538, 1539, 1540 et 1541, les rivières euro­péennes étaient lit­té­ra­le­ment assé­chées.
En 1556, il y eut une séche­resse géné­ra­li­sée dans toute l’Europe.
En 1615 et 1616, la cani­cule s’abattit sur la France, l’Italie et les Pays-Bas.
En 1646, il y eut en Europe 56 jours consé­cu­tifs de grandes cha­leurs.
En 1676, des cani­cules à nou­veau.
Les mêmes évè­ne­ments se repro­dui­sirent au XVIIIe siècle.
En 1718, il n’y eut aucune pluie entre les mois d’avril et octobre. Les récoltes furent brû­lées, les rivières assé­chées et les théâtres fer­més à Paris par ordre du Préfet de police en rai­son des tem­pé­ra­tures exces­sives. Le ther­mo­mètre enre­gis­tra 36 degrés Réaumur (45 degrés C) à Paris. Dans les jar­dins de la ban­lieue arro­sés les arbres frui­tiers fleu­rirent deux fois pen­dant la sai­son. En 1723 et 1724 les tem­pé­ra­tures étaient extrêmes.
En 1746, l’été fut par­ti­cu­liè­re­ment chaud et sec et les récoltes furent lit­té­ra­le­ment cal­ci­nées. Pendant plu­sieurs mois il n’y eut aucune pluie.
En 1748, 1754, 1760, 1767, 1778 et 1788, les cha­leurs d’été furent exces­sives.
En 1811, l’année de la comète, l’été fut très chaud et le vin très bon y com­pris à Suresnes.
En 1818, les théâtres pari­siens res­tèrent fer­més pen­dant un mois en rai­son des cha­leurs exces­sives, la cha­leur avait atteint 35 degrés C.
En 1830, alors que des com­bats avaient lieu, le ther­mo­mètre affi­cha des tem­pé­ra­tures de 36 degrés C les 27, 28 et 29 juillet.
En 1832, lors de l’insurrection du 6 juin, le ther­mo­mètre rele­va une tem­pé­ra­ture de 35 degrés.
En 1835, la Seine était presque à sec.
En 1850, au mois de juin, au cours de la seconde épi­dé­mie de cho­lé­ra de l’année le ther­mo­mètre affi­cha 34 degrés.

Et d’autres récits tout aus­si édi­fiants dans Libération, sur Contrepoint, sur Agoravox.