Quand c’est gratuit, c’est vous le produit

Au moment où nous pré­pa­rions un article sur le matra­quage publi­ci­taire « Comme j’aime », nous tom­bons sur ce coup de gueule d’Isabelle P. sur Facebook :

Au secours, pitié ! Je n’en plus de me taper depuis plus d’un an, la pub « Comme j’aime » à la télé, à la radio et même dans les jour­naux. Et le Benjamin Gastaldi, gras comme un jam­bon, qui clai­ronne en boucle qu’il a per­du 10 kilos, et l’autre, le Bernard Canetti, avec sa semaine gra­tuite — à condi­tion de payer 1 mois plein pot ! — et sa tête de sémi­na­riste ran­ci, il va nous bas­si­ner long­temps avec son bara­tin aus­si inco­lore et inodore que ses plats en bar­quettes ? « Nous sommes tel­le­ment sûrs que ça va vous plaire… » D’abord qu’est-ce qu’il en sait le came­lot de ce qui nous plaît, de notre envie irré­sis­tible de nous mettre à la diète en plein été ? Remarquez, il sait de quoi il parle avec ses 200 000 ins­crits et un chiffre d’af­faires de 130 mil­lions d’eu­ros en 2018, ce qui prouve qu’il est pos­sible de se gaver pen­dant que les autres — soi-disant — mai­grissent… Que ce triste sire au visage d’en­dive et de carottes râpées, arrête sa lita­nie, ce n’est plus de la pub, c’est du matra­quage. Stop, j’ai com­pris, « Comme j’aime », j’aime pas du tout !

Quand c’est gratuit, c’est vous le produit

La meilleure publi­ci­té pour un pro­duit est celle qui se fait de bouche à oreille. Ici, avec « Comme j’aime », c’est votre oreille qui est ciblée pour atteindre votre bouche, et ça marche. C’est un véri­table matra­quage publi­ci­taire qui enva­hit les chaînes de la télé­vi­sion. Des mil­liers de réclames inces­santes. Inutile de vous pré­sen­ter le nutri­tion­niste indus­triel Bernard Canetti et ses petits plats mijo­tés pour faire sur­tout mai­grir votre porte-feuille. Vous ne pou­vez y avoir échap­pé. Bernard, l’oi­seau gas­tro­nome est partout.

Dans son der­nier spot, Bernard Canetti se met en scène : 70 ans, 70 kg tout mouillé, les lèvres sont bien rouges ver­millon, far­dé, un visage cada­vé­rique à vous cou­per l’appétit. Il remet le cou­vert : « On me demande sou­vent si la pre­mière semaine de « Comme j’aime » est bien gra­tuite ? oui, c’est entiè­re­ment gra­tuit … bla bla bla… »

Et bien soit, mer­ci Bernard. Excédé, je décide, naïf, de faire preuve de résis­tance en allant sur le site com­man­der ma semaine d’a­li­men­ta­tion gra­tuite. Après tout, bien que n’ayant pas de cen­ti­grammes à perdre, si ça peut me faire éco­no­mi­ser un cad­die de 50 euros. Et puis, au lieu d’al­ler signer une énième de ces péti­tions qui cir­culent dans les réseaux sociaux pour mettre fin à ce bour­rage d’es­to­mac média­tique, on peut espé­rer cou­per les vivres à cet ogre du marketing.

Comme j-aime programmes minceur femmes hommes

Sur cette page, je clique sur l’on­glet « Testez une semaine… » qui fait appa­raître alors cette fenêtre :

Si vous n’êtes pas satis­fait de votre pre­mière semaine, vous pou­vez nous retour­ner les 3 semaines res­tantes (port à votre charge) et nous pro­cé­de­rons immé­dia­te­ment à votre remboursement.

Comprenez alors qu’il vous fau­dra avan­cer un mois de gueu­le­tons amin­cis­sants, soit 569 euros pour quatre car­tons avant de pou­voir ren­voyer les trois car­tons res­tés dans leur embal­lage, à vos frais. 569 euros pour perdre… de 1 à 3 kilos.
Sinon, pour les très gros•ses qui mangent des kebabs (la déli­ca­tesse m’empêchant de citer en exemple une per­sonne friande de cet art culi­naire fran­çais), perdre 17 kilos sur 8 mois, il vous en coû­te­ra la modique somme de :
369 euros x 8 mois = 2952 euros, ça fait tout de même le kilo de cel­lu­lite en moins à 174 euros.

Comme j'aime perdre kilos

Je n’ose ima­gi­ner ce qu’a dû payer Louise, pour perdre 46 kg !

Bernard Canetti, en homme d’af­faires avi­sé, a su réunir deux ingré­dients pour ses recettes miracles.
• La puis­sance de la mani­pu­la­tion des masses par l’om­ni­pré­sence sur les médias.
• Le mal de notre socié­té de sur­con­som­ma­tion effré­née : le surpoids.

Bernard Canetti Comme j-aime

Bernard Canetti dans l’un des ses spots publicitaires

Et ça marche !

Culotte de cheval et poignées d’amour, le nombre de grassouillets qui sont tombés dans le gobe-mouche est considérable.

Il y a aus­si bien d’autres publi­ci­tés pour cette grande cause natio­nale comme Box-Minceur, Weight-Watchers (sur­veilleurs de poids), Slim-Fast (vite mince), etc. Le busi­ness de la cel­lu­lite est juteux. Vous, le rond ou la ronde qui lisez ces mots, il n’y a qu’une solu­tion à votre pro­blème de petit ventre replet : man­gez moins et bou­gez plus. En d’autres endroits, les affa­més aime­raient bien gros­sir, eux !

Il existe une autre solu­tion, à tous les pro­blèmes de notre socié­té et pas que le sur­poids : mettre au coin le boni­men­teur
Télévision-mensonge
… et sor­tir faire des acti­vi­tés physiques.

Michel Lebon