Villani trouvera-t-il l’équation pour dépolluer Paris ?
Cédric Villani, soutien hier d’Hidalgo, prise de guerre de Macron, retourne son frac. Il saute en marche de la République du même nom, comme l’a fait hier l’autre chantre de l’écologie, Nicolas Hulot. Décidément la politique est un miroir aux alouettes qui attire les mouches écologiques aussi vite qu’elle les fait fuir. Toujours des promesses de campagne, qui n’engagent que ceux qui les écoutent.
Pas mieux : ce 4 septembre 2019, notre homme à l’araignée a appelé à régner sur la mairie de Paris. C’est dans une brasserie parisienne, ambiance munichoise, que notre savant Tournesol a harangué la foule en fureur, soutenu par des bruyants « Paris Villani ! Paris Villani ! »
Médaillé Field, le spécialiste des effets des collisions rasantes dans les gaz et de l’augmentation de l’entropie selon la théorie de Boltzmann, veut mettre la ville à la campagne. L’équation est aussi simple que la quadrature du cercle, pour le matheux.
Mais quelle mouche à miel a piqué l’archétype du bobo parisien Cédric Villani ? L’araignée de sa lavallière lui serait-elle montée au plafond ?
Tout un programme vert pas encore finalisé, c’est un vade-mecum de mesures hétéroclites que prévoit le médaillé des champs. Développer les « alternatives végétariennes ». Proposer des « plans de végétalisation », dont l’exécution et le « champ des possibles » dépendront des experts. Il évoque le « gel des loyers » comme une possible hypothèse pour lutter contre la hausse des prix de l’immobilier. Plus original, il fallait y penser, Céric Villani imagine le futur parisien sans les « voitures individuelles qui ont vocation à disparaître ». Demain, la circulation sera « en minibus autonomes, partagés et propres » Faute d’avoir des trottoirs propres, les Parisiens auront des bus propres. Servir du bio dans les EHPAD, des produits de l’agriculture de proximité. C’est possible, la grande ferme des halles de Rungis est juste à proximité.
Après les opérations Paris-plage, voilà maintenant Paris-champs, capitale mondiale de l’écologie selon notre matheux-paysan.
Faire de l’écologie à Paris, admettons. Explorons comme, il nous y invite, le « champ des possibles » :
→ Doubler le nombre de pots de géraniums aux balcons des troisièmes et cinquièmes étages des immeubles haussmanniens.
→ Ré-engazonner les quais du métro.
→ Planter du maïs transgenre sur les champs Élysées.
→ Réintroduire l’ours au bois de Boulogne pour y compléter sa faune intersectionnelle.
Je doute que les Parigots tête de veaux, envahis par les campements de migrants dans leurs tentes Décathlon (3 secondes pour l’ouvrir, impossible à replier), évitant à trottinette électrique les merda de can(1) sur les trottoirs, compactés dans les rames du TER à se faire peloter les fesses, aient pour principale préoccupation de faire de Paris une ville écolo. Ceux-là mêmes qui ne supportent pas le chant du coq Maurice et le bruit campagnard des cigales risquent fort de se tourner vers un candidat moins pastoral. Et ce ne sont que les bruits, il manque les odeurs chiraquiennes de purin. Villani le néo-rustique bénéficiera-t-il de la prime au comique, comme Coluche ?
S’il y a bien une cité qui mérite la médaille de la ville la moins bucolique de France, c’est Paris. À part raser ce repère à bobos macroniens, je ne vois pas ce que l’agreste Villani pourra faire de mieux que ses prédécesseurs. Ce n’est pas demain, qu’à 5 heures, Paris va s’éveiller au chant du coq. Paris gardera ses rats des villes et nous garderons nos rats des champs.
Michel Lebon
(1) « merda de can » ou gnocchis aux blettes, spécialité niçoise.