Nice : arrestation du biologiste qui enquête sur les gaz lacrymogènes

Nous repre­nons ci-des­sous l’in­for­ma­tion publiée ce jour sur le site sputniknews.com [source] :

Samedi 26 octobre, Alexander Samuel, un bio­lo­giste qui enquête sur les consé­quences du gaz lacry­mo­gène uti­li­sé en masse durant les mani­fes­ta­tions des Gilets jaunes, a été arrê­té et son maté­riel per­qui­si­tion­né, alors qu’il se ren­dait à un ren­dez-vous. Il témoigne pour Sputnik.

Alexander Samuel, doc­teur en bio­lo­gie molé­cu­laire et pro­fes­seur de maths, a été arrê­té same­di 26 octobre place Masséna à Nice. Ce same­di-là, alors qu’il allait rejoindre une amie, il s’est retrou­vé au milieu d’une action dénon­çant l’évasion fis­cale de la Société Générale et ses inves­tis­se­ments dans les éner­gies fos­siles, menée par des Gilets jaunes et des membres des orga­ni­sa­tions Extinction Rebellion et Attac. Ils ont jeté sur une agence de la banque du blanc de Meudon, un lave-vitre bio, teint avec du char­bon. Un mélange qui s’enlève à l’eau, relève Alexander Samuel, avant de racon­ter son histoire :

« J’attendais mon amie place Masséna, où avait lieu l’action contre la Société Générale, lorsqu’un poli­cier m’a appro­ché et m’a arrê­té, affir­mant que j’avais par­ti­ci­pé à l’action en balan­çant du liquide. Je ne dis pas qu’il connaît mon enquête sur les gaz lacry­mo et qu’il m’a recon­nu, mais il a men­ti, je n’ai jamais par­ti­ci­pé à l’action dont on m’accuse. »

Arrivé au poste, le bio­lo­giste appuie sur le fait que c’est une erreur, deman­dant aux poli­ciers d’appeler son amie qui pour­ra confir­mer le ren­dez-vous et de regar­der les camé­ras de vidéo­sur­veillance. Une pro­cé­dure pour dégra­da­tion est lan­cée, Alexander Samuel est pla­cé en garde à vue. Les poli­ciers n’appelleront jamais l’amie en ques­tion, pré­nom­mée Christelle. Elle confirme à Sputnik.

« C’est bien moi qui ai don­né ren­dez-vous à Alexander place Masséna à Nice. Mais comme à mon habi­tude, j’étais en retard, et il a dû traî­ner sur la place en m’attendant. Arrivée sur place, les poli­ciers l’avaient déjà arrê­té. Les poli­ciers ne m’ont jamais contac­té pour confir­mer le ren­dez-vous, ça m’a un peu étonné. »

Le maté­riel et les don­nées d’enquête du bio­lo­giste ont été per­qui­si­tion­nés par la police. Il a par­ta­gé la liste sur Facebook : une clé USB avec ses cours et ses tra­vaux sur les gaz lacry­mo, plu­sieurs livres sur les gaz lacry­mo­gènes, sa tenue de street médic détruite, etc.

Alexander Samuel a pré­ci­sé déte­nir chez lui des cap­sules vides de gaz ramas­sées lors des mani­fes­ta­tions. Ce à quoi un poli­cier a réagi :

« Vous savez que c’est une arme de guerre et que vous ris­quez trois ans de pri­son ? »
« C’est beau d’apprendre que Macron uti­lise des armes de guerre sur les citoyens », rétorque Alexander Samuel.

Le bio­lo­giste a été relâ­ché au bout de 48 h de garde à vue, aucun élé­ment ne per­met­tant de jus­ti­fier son arrestation.

Depuis plu­sieurs mois déjà, ce bio­lo­giste entre volon­tai­re­ment dans les nuages de fumée et effec­tue des tests san­guins et uri­naires, pour consta­ter les effets du gaz lacry­mo­gène uti­li­sé à chaque mani­fes­ta­tion par les forces de police, qu’il s’agisse de celles des Gilets Jaunes ou de celle des pom­piers. Ses conclu­sions concer­nant la pré­sence de cya­nure dans les gaz lacry­mo­gènes sont dis­po­nibles sur son site, mais aus­si en vidéo, comme celle pré­sen­tée ci-dessous.

Alexander Samuel ne voit pas de rap­port entre la dégra­da­tion dont il est accu­sé et la sai­sie de son maté­riel infor­ma­tique et de ses don­nées par les forces de l’ordre. Des tra­vaux qui dérangent ?

[Notre illus­tra­tion à la une : usage mas­sif de gaz lacry­mo­gène Place de l’Étoile à Paris lors de l’acte IX des Gilets Jaunes – cli­ché Flickr]