L’exemple allemand ? Quand ça les arrange !
Il fut des temps, pas si éloignés, où nos dirigeants ne cessaient de brandir « l’exemple allemand ». Surtout quand il s’agissait de faire passer le suppositoire de la rigueur budgétaire ou les contraintes « vertes » qui nous conduisent à défigurer nos paysages avec des éoliennes et arrêter nos centrales nucléaires.
Étrangement, aujourd’hui, nos gouvernants se montrent beaucoup moins enclins à la comparaison avec nos voisins d’outre-Rhin. Tout particulièrement en cette période de crise sanitaire qui met dangereusement en exergue leur incommensurable impéritie.
Dans la gestion de cette crise, en France, nous avons le Président et le bon docteur Salomon. Tous les deux nous jouent une partition de duettistes dans laquelle il y en a « un qui coupe les oignons et l’autre qui pleure », comme disait Coluche. Le professeur Salomon, l’homme censé être au chevet du pays, vient nous délivrer chaque soir dans la petite lucarne sa tisane médiatique avant que « ceux qui ne sont rien » aillent se coucher. C’est celui qui pleure.
L’autre, celui qui coupe les oignons, cherche à tirer profit de la situation pour faire oublier la faillite de l’État dans la gravité de la crise et rehausser sa propre majesté en jouant le chef de guerre. Un comportement d’autant plus indécent qu’il consiste à rejeter sur les autres sa propre responsabilité. Comme le 27 février dernier lorsqu’il fut interpellé par le docteur François Salachas pendant sa visite au CHU de la Pitié-Salpêtrière où est survenu le premier décès du Covid-19.
Quand on veut donner des leçons de civisme et appeler à l’unité nationale, il ne faut pas avoir les mains sales (le « cul merdeux », dit une expression populaire plus triviale mais ô combien plus imagée). Car, par sa politique mondialiste d’ultra-concurrence, le Président actuel a largement contribué au désastre.
Qu’on se souvienne :
• « Budget 2020 de la Sécu : les hôpitaux publics à la diète » titrait Le Parisien du 1er octobre 2019 ;
• « Les hôpitaux publics, dont six sur dix sont en difficultés financières, devront encore faire 800 millions d’économie », pouvait-on lire dans l’article ;
• « J’ai la rage ! » titrait dernièrement une tribune de Libération donnant la parole à un médecin psychologue de l’hôpital de Mulhouse. Celui-ci y dénonçait la gestion uniquement comptable du service hospitalier par les autorités.
Avec l’arrivée de la pandémie liée au coronavirus, les Allemands, eux, ont joué la carte du dépistage systématique. Actuellement, il s’en pratique 500 000 par semaine. Un reportage de Tf1 expliquait jeudi soir qu’une simple ordonnance suffit. Des généralistes se sont investis pour le pratiquer à grande échelle comme ce médecin berlinois qui a carrément installé un barnum sur le trottoir, devant son cabinet, pour dépister au plus vite le plus grand nombre de personnes symptomatiques ou non. Là-bas, la course contre la montre est engagée.
Hier soir, alors que le bon docteur Salomon annonçait 1 696 morts du coronavirus pour 29 155 cas identifiés, l’Allemagne comptait seulement 239 morts sur 43 646 cas identifiés. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes. En réponse à l’injonction du directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé qui clame « Testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19 », celui qui pleure pendant que l’autre coupe les oignons déclare augmenter les capacités de dépistage du Covid-19 jusqu’à 10 000 par jour en France. Soit 70 000 par semaine : 7 fois moins que l’Allemagne ! Et en plus il prend le ton de celui qui annonce que Zorro arrive !
Quant à Emmanuel Macron, devenu omniprésent à la télévision, il nous annonçait de nouvelles mesures pour faire face à la pandémie lors d’une allocution à Mulhouse, l’épicentre de l’épidémie. Dans la foulée il a promis, juré-craché, qu’une fois la crise du coronavirus passée, « un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières » du personnel hospitalier sera mis en place. Fini les économies ! a‑t-il laissé entendre. On voudrait tant le croire. Mais cet homme a tellement menti !
Il y a longtemps qu’on l’a compris : chez nous, l’exemple allemand, c’est uniquement si ça arrange nos édiles mondialistes. Ce n’est généralement pas pour le meilleur quand il s’agit des intérêts du peuple. Dans cette crise sanitaire, suivre l’exemple allemand nous aurait peut-être évité le désastre auquel on assiste. En attendant, ce soir encore, le marchand de sable Salomon viendra nous administrer notre petit clystère quotidien (illustration ci-dessous). Mais ça commence à faire mal au c** !
Charles André