
La « com’ » pour cacher la misère
L’épidémie de Covid-19 et sa gestion lamentable par les autorités révèlent de façon criante l’impéritie de nos dirigeants
Doit-on s’en étonner ? Certes pas, car toute l’action de nos caciques n’est pas engagée en vue de la résolution de la crise mais par rapport à l’image qu’elle va avoir sur sa perception par les Français. On fait d’abord et avant tout de la communication. On navigue au gré de l’opinion, l’œil rivé sur les sondages et les réseaux sociaux, honnis mais épiés.
La communication a été, et reste, le maître-mot de ce gouvernement dépassé par les événements mais qui veut à tout prix sauver les apparences. Ainsi a‑t-il fait un usage immodéré de discours creux – voire abscons – et de gesticulations désordonnées qui ont semé la plus grande confusion.
Ensuite, plutôt que d’assumer ses erreurs, il a nié en bloc, se retranchant derrière la parole des experts pour se dédouaner. Il est même allé jusqu’à s’infantiliser en pratiquant le renvoi d’accusation comme le feraient des gamins dans une cour de récréation : « C’est pas moi, c’est lui ! » et « C’est celui qui dit qui y est ! » Bref, rien n’est de sa faute. Les élections municipales maintenues en plein confinement : c’est pas la faute de Macron, c’est celle de ses conseillers… qui l’ont mal conseillé ! La prétendue inutilité des masques : c’est pas la faute du gouvernement, c’est celle de ses experts… mal qualifiés. Ainsi de suite…
S’il n’y avait que ça. Mais en plus, nos gouvernants nous prennent pour des débiles
Ils nous parlent comme s’ils avaient à faire à des demeurés, à l’image de Stanislas Guerini, délégué général d’En Marche ! et député LREM de Paris, qui a affirmé hier matin : « Le confinement permet de sauver une vie toutes les huit minutes » (sur Sud Radio, le 3 avril). Voilà qui est percutant ! C’est surtout une affirmation stupide, sans véritable étude statistique – et encore moins scientifique –, mais qui répond au leitmotiv des communicants : marteler l’idée qu’« on sauve des vies » ! Alors, on nous raconte tout et n’importe quoi pour imposer un confinement jusqu’à l’absurde : on a vu des retraités verbalisés parce qu’ils étaient deux dans un même véhicule alors qu’ils vivent ensemble sous le même toit. Pendant ce temps, dans les zones de non-droit, on assouplit ces mesures de confinement par crainte d’un nouvel embrasement. Une crise à la fois seulement, s’il vous plaît !
Alors, la communication va bon train
Le Président « déclare la guerre au virus ». Avec gravité. Mais au lieu de prendre des mesures pragmatiques d’exception, comme il se doit en situation de guerre, il tergiverse et privilégie les coups de « com’ ». Il se montre devant les caméras dans des hôpitaux débordés qui n’avaient vraiment pas besoin de ses intrusions perturbatrices.
On met en scène le montage d’un hôpital de campagne de trente lits alors que les cliniques privées attendent qu’on leur confie des malades.
On affrète des TGV pour transporter quelques poignées de malades dans d’autres coins de la France… et les cliniques attendent toujours.
On envoie un porte-hélicoptère de la Marine nationale en Corse pour évacuer 12 malades vers Marseille.
On nous balance des sondages révélant que 90 % des Français demandent plus de confinement et, « en même temps », on déplore près de 400 mille procès verbaux déjà dressés pour non respect de ce confinement, etc…
Cette surmédiatisation du traitement de la crise sanitaire n’a d’autre dessein que d’occulter des problèmes plus profonds sur le fonctionnement de l’État…
… car celui-ci n’était absolument pas prêt à faire face à cette crise en raison de sa politique désastreuse en matière de santé publique. Depuis vingt ans, les gouvernements successifs imposent aux responsables sanitaires de faire des économies — pourquoi pas — tandis qu’ils sont incapables de juguler la fraude sociale évaluée à 30 milliards (lire notre article du 6 mars 2020 Et si on s’occupait D’ABORD des fraudes sociales ?). Imaginez seulement la moitié de ces 30 milliards réinjectés dans les hôpitaux !
La France crève d’être gouvernée par des communicants qui se révèlent des incapables quand se présente un vrai problème. On l’a vu avec le terrorisme, on le constate encore aujourd’hui avec l’épidémie de coronavirus. Hélas, ces communicants ont un certain pouvoir de persuasion car si le peuple dit avoir perdu confiance en eux, il les reconduit à chaque élection. N’est-ce pas cela qu’on appelle le syndrome de Stockholm ?
Charles ANDRÉ
LAVEZ VOUS LES MAINS, LA REPUBLIQUE VOUS LAVE LE CERVEAU