Le coronavirus aura au moins deux conséquences heureuses
La première sera la sortie du carcan de l’Union Européenne qui se disloque déjà en dépit des gesticulations médiatiques de ses dirigeants pour faire croire le contraire.
L’ancien député européen et stratégiste économique, Bernard Monot, signe une tribune dans Valeurs actuelles qui explique parfaitement le phénomène résultant des désaccords profonds existants entre les pays membres.
L’impasse est totale, écrit-il. On tente de faire croire aux peuples européens qu’il existe une « souveraineté européenne » mais les 27 ministres des Finances de l’Union Européenne ne parviennent à « aucun accord sur les moyens de sortir des crises multiples : sanitaire, économique et de confiance. » Les eurofédéralistes dont la chef de file est Angela Merkel voudraient poursuivre la fuite en avant par l’endettement « grâce à de nouveaux instruments de dettes financés à terme par un impôt européen sur les États-membres », explique l’économiste, mais en même temps l’Allemagne refuse de mutualiser les dettes publiques dans la zone euro, celles de l’Italie en particulier. Désormais, « “l’eurodivergence” financière entre les pays du nord (Allemagne, Hollande,…) et les pays du sud (Italie, Espagne, Portugal, France…) est à son comble. » explique-t-il.
Bernard Monot poursuit : « Politiquement, les citoyens européens sont en train d’assister au début de la dislocation institutionnelle de l’UE. » Mais la France s’obstine : Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, voudrait « actionner seul, le funeste “Mécanisme européen de stabilité” […] très coercitif budgétairement ». Et de nous mettre en garde : « Cela constituerait un coup d’État financier de l’Union Européenne contre la France, avec la complicité du gouvernement. » Bernard Monot préconise plutôt des solutions crédibles de patriotisme économique : « Comme en temps de guerre, l’urgence est de survivre, maintenant, pour qu’il y ait un avenir, après. […] Il est encore trop tôt pour l’affirmer catégoriquement mais il pourrait y avoir une dissolution définitive de l’Union Européenne ».
La deuxième conséquence sera un grand coup de frein porté à l’extravagante idéologie « verte »
En effet, sous l’effet de la crise sanitaire, la pierre angulaire de la politique énergétique de l’Union Européenne, à savoir les énergies renouvelables, commence à s’effriter. Le confinement induisant la cessation de nombreuses activités, à la crise sanitaire, est venue s’ajouter une crise économique majeure. L’effondrement du prix du pétrole en est le marqueur incontestable.
L’industrie automobile, entre autre, est en train de prendre un très mauvais coup. Les constructeurs allemands ont entrepris de faire pression sur l’Union européenne pour qu’elle abandonne ses objectifs trop stricts en matière d’émissions de CO2. Les représentants de l’industrie et des syndicats ont rencontré la chancelière Angela Merkel et ses ministres concernés, pour une réunion de crise : « Ce n’est pas le moment de penser à un nouveau resserrement de la réglementation du CO2 », a déclaré Hildegard Müller, présidente de l’influente VDA (Verband der Automobilindustrie), le lobby de l’industrie automobile d’outre-Rhin. Les compagnies aériennes ont fait de même auprès des Nations Unies. Enfin L’Estonie a annoncé qu’elle souhaitait se retirer temporairement du système d’échange de droits d’émission de l’Union Européenne.
Reed Blakemore, le directeur adjoint du Global Energy Center – lequel se définit comme « promoteur de la sécurité énergétique en travaillant avec le gouvernement, l’industrie, la société civile et les parties prenantes publiques pour concevoir des solutions pragmatiques aux défis géopolitiques, de durabilité et économiques du paysage énergétique mondial en mutation » (sic) – a déclaré : « la faiblesse des prix du pétrole et du gaz exercera des pressions sur l’économie des sources d’énergie renouvelables et, sans soutien politique, certaines énergies renouvelables qui ont connu un déploiement rapide devront attendre que les marchés du crédit se redressent, cédant du terrain aux hydrocarbures et aux combustibles fossiles à bon marché » [source]
L’effondrement du marché du carbone est aussi spectaculaire depuis le début du confinement : – 40 % ! Forcément, dans ces conditions tragiques, l’injonction verte prend l’allure d’un luxe qu’on ne peut plus se permettre. Et sa futilité prend toute sa dimension : qui se préoccupe encore du changement climatique en ce moment ? Même Greta Thunberg a fermé son clapet. Quand il faudra se retrousser les manches pour redresser une économie KO, quelle entreprise acceptera encore de payer une énergie verte bien trop chère au motif qu’elle est sensée sauver la planète d’un hypothétique « anthropo-réchauffisme » ? Ainsi, la folie verte pourrait bien être la seconde victime de la pandémie du coronavirus. D’ailleurs, Coralie Laurencin, directrice d’IHS Markit, le voit déjà qui se profile. Elle a déclaré : « Elle [la crise du marché du carbone] pourrait bien mener à se poser des questions sur son rôle dans la stratégie de décarbonisation de l’Europe une fois la crise COVID-19 passée. »
Dislocation de l’Union européenne et essoufflement du totalitarisme vert pourraient donc être les conséquences de cette crise sanitaire. Faut-il s’en plaindre de ce point de vue ?
Charles ANDRÉ