Macron manœuvre pour s’en sortir indemne

Le confi­ne­ment for­cé que nous subis­sons, résul­tat de l’incompétence crasse de l’équipe au pou­voir, com­mence à nour­rir la grogne dans la popu­la­tion. L’exaspération des gens, coin­cés chez eux comme des rats, est de plus en plus pal­pable. Le dis­cours change dans les rues. Il change aus­si chez les admi­ra­teurs de Pascal Praud, dans l’émission Les audi­teurs ont la parole, sur RTL, en dépit du fil­trage sévère du stan­dard télé­pho­nique. Les chro­ni­queurs com­mencent à se mon­trer de plus en plus acerbes : Jean-Yves le Gallou écrit sans détour « Macron doit par­tir ! ». Enfin, l’appel à la révolte fait son che­min sur les réseaux sociaux…

Nos diri­geants, pre­nant les Français pour des « moins que rien », se sont ima­gi­né qu’il suf­fi­sait de les noyer sous des don­nées, plus impro­bables les unes que les autres, d’entretenir les peurs et nour­rir la para­noïa, pour les domes­ti­quer. L’instrumentalisation de la pan­dé­mie – non réelle si l’on s’en tient au sens du mot – n’a donc été qu’un écran de fumée pour mas­quer la légè­re­té et l’incompétence d’un Président imma­ture, auto­crate et tota­le­ment déconnecté.

Seule sa réélection le préoccupe désormais

Dans les cou­loirs des minis­tères, notam­ment celui de l’Intérieur, on com­mence à s’inquiéter du vent de rébel­lion qui se met à souf­fler sur le pays. Les ser­vices de ren­sei­gne­ment redoutent une radi­ca­li­sa­tion de la contes­ta­tion sociale à la sor­tie du confi­ne­ment. C’est pour­quoi des opé­ra­tions de démi­nage ont débu­té pour ten­ter, à terme, de ren­ver­ser la tendance.

Le Président lui-même s’y colle. Normal, c’est le pre­mier visé. Dans un entre­tien au Financial Times, publié le jeu­di 16 avril, Emmanuel Macron a joué au « com­plo­tiste », son nou­veau rôle de com­po­si­tion. Brigitte Trogneux, son pro­fes­seur de théâtre par­ti­cu­lier, le lui aurait-elle souf­flé ? Qu’importe, ce qui semble sûr, c’est qu’Emmanuel Macron a une idée der­rière la tête quand il déclare, en emboî­tant le pas de l’administration Trump et du Royaume-Uni : « Il y a mani­fes­te­ment des choses qui se sont pas­sé qu’on ne sait pas. Il appar­tient à la Chine de les dire. » Qui aurait ima­gi­né, hier encore, pareils pro­pos dans sa bouche ? Mais ce poin­tage du doigt de la Chine lui per­met d’astiquer son bla­son avec une for­mule plu­tôt culot­tée : « Dans les démo­cra­ties, qui garan­tissent la liber­té d’information et d’expression, la ges­tion de la crise était trans­pa­rente et fai­sait l’objet de débats, contrai­re­ment aux régimes où l’information et l’expression sont contrô­lées ». Sans blague ?! Chez nous, la trans­pa­rence s’est bor­née à l’énumération macabre quo­ti­dienne de Jérôme Salomon. Pour le reste (la pénu­rie de masques, de tests, de maté­riel de pro­tec­tion pour les soi­gnants, le manque de lits, de res­pi­ra­teurs, de per­son­nels, etc…), on attend tou­jours. Pour l’heure, la popu­la­tion n’a seule­ment eu droit qu’à des dis­cours gran­di­lo­quents mais vides.

Il y a aus­si les fidèles sol­dats qui s’y collent. Mardi der­nier, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étran­gères, convo­quait l’ambassadeur de Chine afin de le reca­drer. Ce der­nier avait tenu, sur le site offi­ciel de l’ambassade chi­noise, des pro­pos « rele­vant de la dés­in­for­ma­tion » a esti­mé le ministre, notam­ment sur la ges­tion de la crise dans notre pays. Probablement en réac­tion à ces lignes : « Des médias qui se prennent pour des paran­gons d’impartialité et d’objectivité, des experts et des poli­ti­ciens de cer­tains pays occi­den­taux semblent plus sou­cieux de calom­nier, de stig­ma­ti­ser et d’attaquer la Chine que de réflé­chir aux moyens de conte­nir l’épidémie chez eux et dans le reste du monde. » Faut avouer que c’était cher­cher des bâtons pour se faire battre.

Tout, dans ces élu­cu­bra­tions, indique que Macron sen­tant le chaud aux fesses mon­ter, a entre­pris la ges­tion de l’après-crise. Le fameux « JOUR D’APRÈS ». Il espère qu’en chan­geant de registre, il s’en sor­ti­ra sans trop de dom­mages. La meilleure défense étant l’attaque, il enfourche un nou­veau che­val de bataille : le « com­plo­tisme » qui ne dit pas son nom. En fai­sant écho à Mike Pompeo, le secré­taire d’État amé­ri­cain, qui a tenu des pro­pos simi­laires dans une inter­view accor­dée à Fox News, il cherche incon­tes­ta­ble­ment à se pla­cer du bon côté du manche. Mais, pas d’amalgame ! Il ne faut sur­tout pas entre­voir une réelle inten­tion « com­plo­tiste » venant de sa part comme s’est empres­sé de rec­ti­fier France Inter pré­sen­tant le dan­ger. « Faudrait sur­tout pas confondre le gros­sier tor­chon trum­pien avec la sub­tile ser­viette macro­nienne », a joli­ment iro­ni­sé le chro­ni­queur Georges Michel (Boulevard Voltaire).

Macron enjoint les Français à se « réinventer ». « Moi le premier » ajoute-t-il sans vergogne

Force est de consta­ter qu’il a joint le geste à la parole. Le chan­ge­ment de pos­ture a été radi­cal. Cet homme imbu de lui-même est prêt à tout pour se main­te­nir. C’est un inca­pable ambi­tieux et mépri­sant qui a ins­tau­ré la com­mu­ni­ca­tion comme mode de gou­ver­nance. Il faut espé­rer que les Français ne se lais­se­ront pas abu­ser, une fois de plus, par ce mau­vais comé­dien. Jean-Yves le Gallou a plei­ne­ment rai­son : il doit par­tir ! Et le plus vite sera le mieux pour la France.

Charles ANDRÉ