Convention Citoyenne pour le Climat : piège à gogos
En janvier 2019, le gouvernement espérait bien calmer le mouvement des Gilets Jaunes en leur jetant en pâture le « grand débat national » comme un os à ronger. Il n’a pas fallu bien longtemps pour comprendre qu’il s’agissait d’un rideau de supercherie manipulatrice. Dans la foulée, faisant mine de satisfaire aux aspirations de démocratie plus participative exprimées par le mouvement populaire, Macron proposa de mettre un échantillon de 150 Français tirés au sort à plancher sur 150 propositions pour faire face à l’urgence climatique, thème ô combien porteur pour abuser les gogos.
Cette « aimable causerie », comme la qualifie le chroniqueur Nicolas Gauthier, regroupait donc des postulants tirés au sort tous acquis à la théorie (jamais démontrée mais cependant érigée en religion) du réchauffement anthropique de la planète. Nos volontaires choisis au hasard – qui y croit ? –, censés représenter « tous les grands équilibres de la société française » (sic ! ne riez pas!), devaient remettre leur copie le weekend dernier. Car cette Convention Citoyenne pour le Climat voulue par Emmanuel Macron avait pour objet d’être suivie d’effets. Le Président, a promis aux « plancheurs » de soumettre « sans filtre » au Parlement, voire au peuple français par voie référendaire, les propositions qu’ils dégageraient… Avec quand-même une réserve d’importance qui change tout : « Si c’est précis, clair et détaillé ! Si c’est juste une idée ou une intention, vous la remettrez à des gens qui devront la mettre en musique », a toutefois précisé le Président. Comprenez : soit vous accouchez d’un texte de loi prêt à l’emploi, soit on se charge de le faire pour vous.Voilà toute l’hypocrisie de la manœuvre : donner l’illusion de la démocratie participative tout en s’arrangeant pour que le dernier mot reviennent au pouvoir. Libération du 22 juin dernier en apporte confirmation en révélant que les tirés au sort ont été conseillés par de nombreux experts qui se sont aussi chargés de la retranscription réglementaire de leurs propositions : « Certains experts auditionnés sont arrivés avec une proposition de loi quasi ficelée » nous dit l’article. Une des « chercheuses » avouera même que, sans les experts, la Convention n’aurait pas pu aboutir. « Autant dire que dès le début, le débat aura été confisqué par “ceux qui savent” aux dépens de “ceux qui ne savent pas” », réagit très pertinemment Nicolas Gauthier dans Boulevard Voltaire.
À défaut de proposer des solutions innovantes, la Convention Citoyenne pour le Climat aura réussi, par ses élucubrations, à faire au moins le « buzz ». Celui-ci fut en partie alimenté par plusieurs propositions comme la « semaine de travail de 28 heures » – au passage, on m’expliquera en quoi cela pourrait sauver la planète du réchauffement -. Si le ridicule ne tue pas, il doit bien gercer quelque part car cette proposition saugrenue a très vite été retirée.
Mais il y a mieux : nos éco-citoyens vengeurs voudraient faire adopter une loi qui pénalise le crime d’« écocide » dans le cadre des « 9 limites planétaires » – visitez le site de la Convention pour découvrir ce nouveau concept –, et qui intègre le devoir de vigilance et le délit d’imprudence, dont la mise en œuvre est garantie par la Haute Autorité des Limites Planétaires (encore un « machin » pour recyclés de la politique). Enfin, la proposition qui a fait le plus de remous est sans conteste la limitation de vitesse à 110 km/h sur les autoroutes. On en parle quotidiennement dans les médias, notamment à la radio RTL où Pascal Praud en use et abuse pour alimenter la polémique entre auditeurs : son fond de commerce.
D’autres propositions comme l’augmentation du SMIC et la taxation des dividendes traduisent incontestablement l’influence de la gauche. À l’instar de la kyrielle d’interdictions et limitations venant nous rappeler que l’écologie à la française est essentiellement punitive et/ou fiscale. En fin de compte, cette tartufferie n’a été que le moyen de mettre en forme la vulgate du lobby écologiste. Et le tirage au sort de citoyens volontaires acquis à cette idéologie a confirmé l’imposture démocratique. Pour Maître Nicolas Gossement, qui a participé en 2007 au Grenelle de l’Environnement en tant que porte-parole du réseau associatif France Nature Environnement, « … il est évident qu’énormément de propositions n’ont pas été élaborées que par les citoyens. »
Dans leur obstination à vouloir imposer leur dogme, les « Kmehrs verts » ont quand-même réussi à obtenir de la Convention une proposition portant révision de la Constitution par ajout à l’article premier : « La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique », avec la création d’un « Défenseur de l’Environnement » pour en assurer l’application (à l’image du Défenseur des Droits déjà existant). Tout cela pour du beurre si ce fameux « Défenseur de l’Environnement » n’a pas plus de pouvoir que son homologue qui, comme chacun sait, ne peut sanctionner. Mais il se beurre quand même 30 000 euros par mois ! Une nouvelle sinécure en préparation pour les amis.
Notons enfin que toutes ces considérations farfelues et intéressées conduiront à de grands gaspillages en plus d’avoir des effets contraires à ceux recherchés. En effet, lorsqu’elles ne conduisent pas, carrément, à l’augmentation des émissions de CO2, ces mesures apparaissent d’une grande inefficacité du fait des coût induits, disproportionnés par rapport aux résultats espérés en termes de quantités de CO2 évitées. Sans parler de la gigantesque usine à gaz (à effet de serre ? lol) que constituerait leur mise en place.
En fait, ce simulacre de démocratie participative est une banale application de la règle qu’utilisent les politiques au Pouvoir lorsqu’ils sont placés devant leurs contradictions. Une règle édictée par Clémenceau – « Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission » – et qui consiste à tendre des rideaux de fumée, organiser des débats, des semblants de concertation, etc… L’essentiel est de faire croire au peuple qu’il a la parole. Car, pour le Pouvoir, il est urgent de ne rien faire. C’est pourquoi il ne faut pas trop s’alarmer ni se faire trop d’illusions sur la volonté du gouvernement Macron de donner suite à ces fameuses 150 propositions. Pour s’en convaincre, il suffit de voir avec quel acharnement les candidats LREM tentent de battre les écolos lors des prochaines municipales, quitte à s’allier avec les ennemis d’hier. On comprend dès lors que la défense de l’environnement n’est pas la préoccupation majeure de ce gouvernement en fin de vie.
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
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