Big Pharma n’a pas encore perdu dans l’affaire Covid-19
Après la polémique que l’on a connue à propos de la Chloroquine préconisée par le Professeur Raoult dans le traitement de la maladie du Covid-19, les laboratoires du monde entier se sont lancés dans la course très prometteuse au traitement miracle.
Le laboratoire américain Gilead Sciences est, bien entendu dans le peloton. Il a même tenté frauduleusement de se placer en tête, début mars, en demandant (et obtenant provisoirement) le statut de « médicament orphelin » aux États-Unis pour son Remdesivir. Ce statut de « médicament orphelin » fut créé pour favoriser le développement de traitements contre des maladies rares et doté d’un mécanisme financier d’incitations permettant d’amortir plus facilement les investissement en Recherche et Développement. Ce statut offre notamment une exemption fiscale (aux USA) et donne des droits de propriété élargis. Un coronavirus, ne pouvant être considéré comme maladie rare, Gilead Sciences, confondu par les réseaux sociaux, a dû retirer sa demande le 25 mars.
Aujourd’hui, une étude américaine vient faire la pseudo-démonstration d’une action efficace du Remdesivir, médicament jamais approuvé contre aucune maladie — rappelons-le —. D’après cette étude, le Remdesivir permettrait aux malades graves hospitalisés de se rétablir en… 11 jours au lieu de 15 ! Spectaculaire ! Ce très modeste gain a pourtant été fièrement exhibé dans un communiqué des NIH (Instituts de santés américains), évoquant une fiabilité statistique très élevée (!). Le labo Gilead Sciences avance à nouveau ses pions pour pouvoir enfin placer son médicament miraculeux (et surtout très juteux). Un espoir en passe de se concrétiser car Donald Trump a aussitôt demandé à l’Agence américaine du médicament (FDA) d’accorder une autorisation d’utilisation en urgence pour les hôpitaux, hors d’essais cliniques.
C’est beaucoup de précipitation
En effet, les résultats préliminaires ne montrent pas que le médicament permet de sauver des vies : la mortalité du groupe de patients traités avec Remdesivir est de 8% contre 11,6% dans le groupe témoin. « Une différence trop faible pour exclure que ce soit le fruit du hasard », concluent plusieurs médias (qui ont pratiqué le copier-coller pour rédiger leur article). Pire encore, dans l’essai chinois, les malades traités au Remdesivir n’ont pas mieux combattu la maladie que ceux traités par placebo comme le déclare le Professeur Bin Cao, auteur de l’étude : « Malheureusement, notre essai a montré que le Remdesivir n’a pas apporté de bénéfice significatif par rapport au placebo », dans un communiqué du Lancet.
Le Remdesivir fait l’objet d’une véritable offensive diplomatique de la part des États-Unis, pays où les capitalistes savent chasser en meute. Gilead Sciences, très douée pour les opérations de communication, tire sa force de sa capacité à répandre son influence dans les esprits et… dans les décisions gouvernementales ! C’est sans doute cette capacité à communiquer urbi et orbi qui explique que, dès la fin février, le groupe annonçait tester le Remdesivir contre le coronavirus. Selon le site américain The Intercept, l’enjeu portait sur un revenu immédiat de 2,5 milliards de dollars ! Avec sa ridicule chloroquine, inventée il y a plusieurs décennies, le Professeur Raoult ne fait évidemment pas le poids !
Gilead Sciences est donc une affaire qui tourne et, pour ses propriétaires, il s’agit d’une pépite qui doit « cracher du cash ». C’est pourquoi, les premiers actionnaires de Gilead Sciences sont tous des fonds d’investissement !
Vanguard Group, le premier actionnaire de Gilead Sciences, est le concurrent direct de Black Rock, qui a défrayé la chronique sur la réforme des retraites en France. C’est aussi le premier actionnaire d’Apple et il possède 5% d’Amazon. Ce fonds gère plus de 5 000 milliards de dollars d’actifs ! Quant à Capital Research and Management, c’est un fonds qui gère environ 1 300 milliards de dollars d’actifs.
Rien que ça ! C’est qu’il faut beaucoup d’argent pour payer les retraites des riches veuves américaines.
À la lecture de ces chiffres, on comprend que l’insoumis Professeur Raoult a pu semer le désordre dans les plans d’investissement de Gilead Sciences, et d’autres. Pour le laboratoire américain dont le revenu est estimé à 2,5 milliards de dollars, il est impensable d’être concurrencé par des produits du domaine public ou déjà brevetés, prêts à l’emploi, et surtout peu coûteux ! L’étude qui vient de sortir, en dépit de sa faiblesse, est donc à interpréter comme une contre-offensive diplomatique. Gilead Sciences sait que les médiats, l’OMS et les agences du médicament vont promptement crier à la victoire et inciter au stockage du médicament en vue de la catastrophe sanitaire liée à une seconde vague de la pandémie qu’ils annoncent à grand bruit pour l’automne… Faut-il y voir une machination ? Ce serait verser dans le complotisme, bien entendu.
Une chose est sûre cependant : Big Pharma n’a pas pas encore perdu la course ni lâché prise.
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
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Et si les grandes firmes pharmaceutiques profitaient du #COVID19 pour faire du profit ? On vous explique : pic.twitter.com/CguwVCqBn7
— AJ+ français (@ajplusfrancais) April 29, 2020
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