Epstein a financé une étrange fondation en lien avec Jack Lang
En France, on protège farouchement les politiciens les plus compromis avec les réseaux pédophiles
Encore une fois, c’est la presse étrangère qui met les pieds dans le plat pour nous apprendre que Jack Lang a reçu de l’argent d’Epstein pour financer une association trouble(1) dirigée par ses amis. Une information pas si étonnante que ça quand on se souvient que l’ex-ministre de la Culture, grand copain de Woody Allen, avait défendu les pédophiles en 1977. Voici la traduction de l’article du Daily Beast :
Au printemps 2019, Jeffrey Epstein était persona non grata en Amérique. Le Miami Herald avait publié un article sur les abus du financier sur des jeunes filles mineures, le ministère de la Justice avait ouvert une enquête sur son accord secret de 2008 et les procureurs fédéraux de Manhattan échafaudaient discrètement de nouvelles accusations criminelles contre lui.
C’est peut-être pour cela qu’Epstein s’est réfugié à Paris où le riche délinquant sexuel n’est pas indésirable pour tout le monde. L’homme politique français Jack Lang, ancien ministre de la Culture puis de l’Éducation, a déclaré sur France Info que lui et Epstein avaient participé à une fête pour le trentième anniversaire de la pyramide du Louvre en mars 2019, soit environ tout juste quatre mois avant l’arrestation de l’Américain par le FBI. Lang avait invité le trafiquant sexuel qu’il décrit comme « une personne charmante, courtoise et agréable ».
À présent, le Daily Beast nous apprend qu’Epstein a financé une organisation française dont les dirigeants ont des liens avec Jack Lang lequel, il y a plusieurs dizaines d’années, avait approuvé une opinion déplacée concernant des relations sexuelles avec des enfants de 13 ans. À l’instar d’Epstein, il est très ami avec Woody Allen.
Le nom de cette organisation est « Association pour la promotion de la politique culturelle nationale menée dans les années 80 et 90 du XXe siècle ». Sa mission, mentionnée dans les statuts, est aussi vague que sa dénomination : « Promouvoir les principaux leaders et les réalisations de la politique culturelle de ces décennies » ! [ … ]
Avant l’arrestation d’Epstein, en juillet 2019, la société Gratitude Ltd, une association à but non lucratif de la sphère Epstein, a financé cet obscur projet parisien ainsi que deux groupes internationaux : une clinique du sexe à Rome et une compagnie de ballets lituanienne.
L’organisation française, qui n’a ni site web ni présence sur les réseaux sociaux, a été fondée en 2018. Elle recevait la même année 57 897 dollars de la part de Gratitude America. Deux anciens collaborateurs de Jack Lang en sont les dirigeants tandis qu’un de ses employés actuels se trouve être un représentant du groupe aujourd’hui.
Le trésorier, Jacques Renard, fut directeur adjoint et chef de cabinet au ministère de la culture sous Jack Lang dans les années 80 et au début des 90.
Christophe Degruelle, le président de l’association, est conseiller municipal à Blois et a occupé la fonction de chef de cabinet de Lang au ministère de l’Éducation de 2000 à 2002.
Degruelle et Lang ont été vus (et photographiés) ensemble en 2018. Dans une interview datant de 2016, Degruelle a déclaré avoir passé les trois dernières années à conseiller Jack Lang quand il était président de l’Institut du monde arabe. « J’ai deux passions dans la vie, a‑t-il précisé, la politique et la culture. J’ai la chance d’avoir trouvé un équilibre entre l’action publique locale une activité avec Jack Lang qui répond à mes attentes ».
En outre, Fabrice Parsy, qui travaille actuellement dans le bureau de Lang, est mentionné comme « agent du groupe » dans un document signé par Jacques Renard. Enfin, Sylvie Aubry, fleuriste et propriétaire de sa boutique, est secrétaire de l’association qui partage son adresse professionnelle dans le 14e arrondissement de Paris. On ignore si elle est liée à Jack Lang et/ou Epstein et comment elle est liée aux autres dirigeants de l’association.
Aucun des responsables de l’association n’a donné suite aux messages demandant une explication. Lang n’a pas répondu non plus lorsqu’un journaliste du Daily Beast lui a envoyé un e‑mail pour recueillir ses commentaires. Quant à Fabrice Parsy, il a répondu en tant que membre du personnel du bureau de Lang prétendant que ce dernier était occupé à planifier un événement pour l’Institut du monde arabe et qu’il n’était pas disponible.
Epstein venait souvent à Paris. Lorsque le FBI l’a menotté sur un tarmac du New Jersey, l’année dernière, il revenait d’un voyage dans la capitale française.
Les autorités françaises n’ont commencé à enquêter sur Epstein qu’en août 2019, après qu’il se s’est suicidé dans une prison fédérale américaine. « L’enquête française ce concentrera sur les crimes potentiellement perpétrés sur les victimes françaises, commis sur le territoire national et à l’étranger et sur les auteurs qui sont des citoyens français » a déclaré à l’époque le procureur de Paris, Rémy Heitz.
Le petit livre noir d’Epstein comportait plusieurs numéros de téléphone français, notamment celui de l’architecte d’intérieur Alberto Pinto – qui a décoré le manoir new-yorkais d’Epstein et a rencontré l’une des victimes d’Epstein à Paris – et de l’hôtel le Crillon où Aubry est la fleuriste officielle. Son « rolodex » (carnet de bureau) contenait également un article intitulé : « massage – Paris ».
La police a perquisitionné l’appartement d’Epstein, situé avenue Foch et dont le coup s’élève à 8,6 millions de dollars, ainsi que les bureaux de l’agent de mannequins français, Jean-Luc Brunel, que les avocats des victimes (et même son propre ex-comptable) ont accusé de procurer les filles à Epstein et qui, lui-même, a déjà été accusé de viol. En 1988, 60 Minutes à fait un reportage portant sur allégations selon lesquelles Brunel aurait drogué des mannequins et aurait violé une femme alors qu’elle était inconsciente. Brunel a nié en bloc.
Le bureau du procureur de Paris a déclaré au Daily Beast qu’il enquêtait également sur la complice présumée d’Epstein, Ghyslaine Maxwell, dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de viol et d’abus sur mineurs en France. Maxwell est citoyenne française, née en France et sa famille possède des bien immobiliers dans le pays. Elle est légalement citoyenne du Royaume-Uni et les États-Unis. [ … ] Maxwell est détenue dans un centre de détention fédéral à New York en attendant son procès pour des accusations liées ou réseaux sexuels d’Epstein. […]
Virginia Roberts Giuffre, une survivante du trafic d’Epstein, a affirmé qu’Epstein et Maxwell l’avaient amenée à Paris et l’avaient forcée à avoir des relations sexuelles avec eux et d’autres personnes y compris le propriétaire non identifié d’une grande chaîne d’hôtels.
Pour sa part, Jack Lang a affirmé qu’il ne savait rien de cette histoire. Il a déclaré à France Info qu’il avait rencontré Epstein il y a quelques années, dans une fête organisée par la princesse Camilla de Bourbon-Deux-Siciles, la duchesse de Castro, pour célébrer le réalisateur Woody Allen, ami de longue date d’Epstein, chez elle à Paris.
Lang, 81 ans, a défendu Allen à la suite des accusations de sévices sur sa fille Dylan Farrow quand elle était âgée de 7 ans. Lorsque cette dernière fondit en larmes au cours d’une interview sur CBS This Morning, Lang a tweeté son soutien à Woody : « #WoodyAllenforever » et « Il love you » (sic).
#WoodyAllenforever pic.twitter.com/iZ9haPaasa
— Jack Lang (@jack_lang) January 19, 2018
Interrogé à propos de ces tweets, il a encore déclaré à l’antenne de France Info : « Pourquoi, en cette étrange époque devrions maîtriser Woody ? Le résultat est le pire : une censure économique, l’interdiction professionnelle d’un grand maître du cinéma mondial », ajoutant : « Je ne m’érige pas en juge ou en Cour suprême des mœurs, mais à cette époque aux États-Unis il y avait une sorte de chasse aux sorcières dans la presse et certains médias. »
Lang n’est pas inaccoutumé à la défense des accusés pédophiles. En 1977 il avait signé une lettre de Gabriel Matzneff publiée dans Le Monde défendant trois hommes emprisonnés pour abus sexuels sur des jeunes de 12 et 13 ans. « Trois ans de prison pour des câlins et des baisers, c’est suffisant » disait le texte.
Toujours au micro de France Info, parlant d’Epstein : « Je ne suis allé qu’une fois chez lui Avenue Foch pour un déjeuner. Il est vrai qu’il était souvent accompagné de plusieurs jolies femmes mais qui n’étaient manifestement pas mineures » a affirmé Lang qui s’est dit très surpris d’apprendre les accusations portées contre l’homme d’affaires américain.
Interrogé sur Maxwell, Lang a affirmé qu’il ne se souvenait pas l’avoir rencontrée mais qu’il connaissait son père, le regretté magnat de l’édition, Robert Maxwell.
Le magnat du cinéma en disgrâce, Harvey Weinstein, a séjourné chez Epstein À Paris. […] Le majordome français d’Epstein a affirmé que Steve Bannon, l’ancien stratège en chef du président Trump, avait fait appel à Epstein, à l’automne 2018. Le même a également été repéré entrant dans le manoir d’Epstein à Manhattan pour ce que le magazine Page Six décrit comme une « réunion secrète ». Le majordome parisien a par ailleurs déclaré que le prince Andrew, Bill Gates et son épouse Melinda ainsi que l’ancien premier ministre israélien, Ehud Barak, rendaient aussi visite à Epstein à Paris.
[ … ]
[NDLR] Illustration à la une : copie d’écran de l’article du Daily Beast.
(1) Objet déclaré de l’association bénéficiaire des largesses de Jeffrey Epstein : valoriser la politique culturelle conduite au niveau national dans les années 80 et 90 du 20ème siècle, notamment ses grandes orientations, ses réalisations les plus significatives et le rôle de ses principaux animateurs ; soutenir les relations entre les milieux culturels et économiques initiés par cette politique et favoriser les liens entre créateurs, chercheurs et producteurs qui en ont découlé ; contribuer à soutenir la production et la diffusion de toutes créations et actions, y compris audiovisuelles et cinématographiques, destinées à développer la connaissance de cette politique et à favoriser sa compréhension auprès d’un large public.
Toute cette turpitude reste très marquée :
– politiquement : à gauche
– sociologiquement : cela touche principalement une communauté que je ne vais pas citer car je ne souhaite pas paraître antisémite.
Bien dit, Sonia !