Oyez, oyez ! Le seigneur de Cagnes parle !
Oyez, oyez ! Jeudi 10 décembre 2020 16h : Le Seigneur de Cagnes Louis N*** vous parle…
… et déclare ouvert son Conseil (accessoirement municipal) en sa salle, non pas du Jeu de Paume, mais de handball. La ville, si bien gérée depuis 25 ans par l’édile, n’a donc d’autre salle qu’un gymnase pour accueillir ses 45 représentants. Et tant pis pour les sportifs, ils font relâche ce jour-là.
17 heures, le maire parle…
18 heures, le maire parle encore…
19 heures, le maire parle toujours…
Certes, les dix élus de l’opposition ont droit au chapitre et peuvent à leur guise poser leur question. La parole est libre dans ce baronnet. Mais attention, à chaque fois la punition est cruelle. Le maire en profite pour répondre d’une longue tirade avec tous les poncifs d’usage : « Nous sommes un État de droit… les valeurs de la République… le dialogue constructif… bla-bla-bla… ». Mais surtout, tout est prétexte à vanter obsessionnellement les vertus de son agglomérat de communes, sa Métropole Nice Côte d’Azur (lire Métropole Nice Côte d’Azur : une machine à cash du 27 juillet 2020) dont il est vice-président.
Le chapelet des 21 points de l’Ordre du Jour sera donc être égrené péniblement, des heures durant.
• La politique de bétonisation de tous les recoins de la ville est épinglée par les dix petits nègres de l’opposition. Le maire se soumet de bon gré au préfet (son complice politique) qui lui intime l’ordre de livrer toujours plus de logements sociaux aux nécessiteux du monde, pour satisfaire la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain). Fort heureusement, il y a des maires plus courageux qui refusent ce diktat (lire SRU : Mobilisation des Maires des Alpes-Maritimes « pour rétablir la vérité, démontrer et dénoncer l’arbitraire gouvernemental » sur les Petites Affiches des Alpes Maritimes du 11 décembre 2020).
• Autre point clé qui va provoquer de longs débats : la politique de stationnement de la ville. Sujet que nous avons déjà traité deux fois dans ces colonnes :
- Prunes à Cagnes, le 24 aout 2019 -
- Prunes à Cagnes, pas de mea culpa du maire qui se défausse, le 20 février 2020
Rien de bien nouveau sur ce dossier, si ce n’est de longs palabres croquignolesques sur la stratégie à retenir pour le stationnement en ville, pendant ces fêtes de fin d’année. Une usine à gaz. Des zones rouges, orange, vertes. Gratuites, moins gratuites et payantes. À certaines heures, mais pas à d’autres. De telle date à telle date. Si vous êtes personnel de santé, si vous roulez en électrique. Certaines rues à réglementation particulières. Trois sortes d’abonnement possibles, etc. Sans doute y‑a-t’il là un sujet exemplaire de thèse pour des apprentis énarques. Ces cerveaux compliqués sont devenus incontrôlés.
Incident de séance. On apprend qu’un verbalisateur de la milice privée Streeteo/Vinci/ANTAI vient de se faire agresser sur un parking. Un Robin des Bois moderne, sans doute. La salle se sent obligée d’exprimer sa désapprobation : c’est pas bien, ça !
Retenez que si vous avez un colis à chercher à La Poste ou le pain à prendre en ville, munissez-vous de cette panoplie de documents : modes d’emploi à télécharger, plan cadastral multicolore, flyers et jusqu’à l’inévitable application OPnGO. En bonne place avec les autres applis Covid, Vélo Bleu, Gouv.fr, FPS, Amazon, Uber-Eats, AdoptUnMec, etc.
Arrivés sur zone, cherchez le bandit manchot et détaillez attentivement toutes les indications du tableau de bord d’Airbus. Tous octrois acceptés : espèces, CB, sans contact, virement, etc. mais pas encore paiement en nature, ça viendra.
J’interviens au nom du citoyen lambda pour implorer une simplification. Ah ! Les anciens se souviendront, jusqu’à ce que la modernité ait simplifié nos vies, du bon temps des Disques bleus, simples et pratiques. Mais gratuits et là, rien ne va plus. Le maire n’est plus d’accord. D’ailleurs, le maire dira que : ceux qui ne sont pas contents, comme je le lis sur les réseaux sociaux, pourront aller vivre ailleurs. Circulez !
20 heures, le maire parle…
21 heures, le maire parle encore…
22 heures, le maire parle toujours…
Le couvre-feu est passé, le maire parle…
Il est intarissable, il commente inter-minablement la volumineuse encyclique des louables actions de sa Métropole.
23 heures 30, la logorrhée continue…
Depuis longtemps, les membres du Conseil assommés par ce verbiage ont lâché l’affaire. Certains ont mis des allumettes sur les paupières pour ne pas fermer les yeux. Même ses colistiers cherchent une issue de secours distrayante sur leur téléphone. Les regards sont hagards. Heureusement, les masques Covid cachent les mines déconfites. Il y a longtemps qu’on a fini la carafe de 50 cl d’eau goût javel disposée sur la table à 16 heures, l’estomac tiraille. Il fait froid dans cette grande salle glaciale, beaucoup ont remis leur veste, cache-nez ou anorak. tic-tac-tic-tac…
Minuit, la question (au sens moyenâgeux de torture) dure depuis 8 heures !
Les trois élus RN de l’opposition se lèvent sans un mot, tirent leur révérence au Seigneur et quittent le chapitre. Sans doute ont-ils sorti de sa torpeur le reste de l’Assemblée. On apprendra qu’à minuit et 7 minutes, le grand prêtre républicain a libéré ses ouailles.
Michel Lebon
Cela prouve que la faute est due aux citoyens comme je l écris souvent : 30% de votants aux dernières élections, la vaseline a de beaux jours devant elle !
Effectivement, la logorrhée de l’édile en question est devenue « proverbiale » (« logorrhéique » comme…)
C’est extraordinaire de vérité
Magnifique !
Ce texte est digne d’une excellente littérature.
D’un cauchemar vous avez écrit un comte de fée
Michel Lebon
On ajoutera que ce Conseil municipal, qui est légalement ouvert au public, s’est tenu à huis clos.
Les restrictions Covid ont bon dos.
Les Cagnois qui voulaient le suivre pouvaient le faire par visio-conférence sur un lien fourni par la Mairie.
Je doute que quiconque ait pu supporter cela jusqu’au bout.