À Cannes, le béton enfoui dans la mer devient « éco-musée »

30 jan­vier 2021 | 1 com­men­taire

Nous avions aler­té nos lec­teurs sur la manière dont se pre­nait la mai­rie de Cannes pour jeter 300 000 euros à la baille : en immer­geant des blocs de béton au large de l’île Sainte Marguerite.

Lire notre article Cannes : 300 000 euros jetés à l’eau du 22 novembre 2019 :Euros gouffre

Et bien nous y voi­là : les blocs de béton ont été enfouis ce 28 jan­vier 2021 à l’is­sue d’une manu­ten­tion très lourde et très coû­teuse. Mais ces blocs de béton sont deve­nus — par le miracle de l’embrouille séman­tique dont nos poli­ti­ciens sont les experts — devi­nez quoi ? : un éco-musée.

Nous sommes sen­sibles à la louable inten­tion du maire de Cannes d’é­tendre la zone d’in­ter­dic­tion de mouillage entre les îles de Lérins qui est deve­nue une véri­table catas­trophe non seule­ment éco­lo­gique mais socio-cultu­relle. C’est une honte à l’i­mage de notre socié­té hédo­niste et peu scru­pu­leuse de l’environnement :Mouillage Îles Lérins

Mais « musée » et « éco », là, le maire de Cannes se paie des mots et de la figure de ses élec­teurs contri­buables qui savent encore le sens des mots :

Musée ? En quoi ces mou­lages mas­sifs en béton sans aucune créa­ti­vi­té artis­tique consti­tuent-ils un musée ? Rappelons qu’un musée est un « éta­blis­se­ment ouvert au public où sont conser­vés, réper­to­riés, clas­sés des objets, des docu­ments, des col­lec­tions d’in­té­rêt artis­tique, scien­ti­fique ou tech­nique, dans un but socio­cul­tu­rel, scien­ti­fique et péda­go­gique ». Qu’est-ce qui est réper­to­rié, clas­sé, archi­vé ici ? Où est l’in­té­rêt artis­tique, scien­ti­fique ou tech­nique ? Si ce n’est dans la tête du maire qui veut y voir « une œuvre oni­rique ».

Écologique ? Ah bon ? Le béton à la mer devient éco­lo­gique lors­qu’il est jeté au large des îles de Lérins ? S’il vou­lait prendre une mesure éco­lo­gique, le maire n’a­vait qu’à inter­dire le mouillage pro­lon­gé entre les îles Sainte Marguerite et Saint Honorat. Mais ça, c’est une autre his­toire autre­ment plus dif­fi­cile qui requiert du cou­rage poli­tique et non plus du blabla.

Cette opé­ra­tion pose éga­le­ment une autre ques­tion : de quel droit le maire de Cannes dis­pose-t-il de ces fonds marins ? Qui l’a auto­ri­sé à s’en acca­pa­rer ? Et puis aus­si, les citoyens peuvent chan­ger le nom des rues ou débou­lon­ner les sta­tues à l’is­sue des man­dats de cer­tains élus. C’est chose cou­rante. Mais là ? Qui ira repê­cher ces déchets ?

Nos maires dis­posent de manière dis­cré­tion­naire et sou­vent très opaque du « 1% artis­tique »(1). Ces bud­gets sont uti­li­sés pour com­plaire à leur égo et à cer­tains amis. Nous l’a­vons vu tout récem­ment à Nice éga­le­ment où le maire a rasé sans la moindre concer­ta­tion la fon­taine de la place du Palais (lire Fontaine du Palais de Nice : le mécon­ten­te­ment déborde du 23 jan­vier 2021).

Décidément il reste encore des pro­grès à faire pour que nos poli­ti­ciens mettent fin au mépris de leurs « administrés ».

Massimo Luce

(1) Lire éga­le­ment dans nos colonnes Lou Che à Nice défraie la chro­nique… et défraie son créa­teur du 12 décembre 2019
[NDLR] Illustration à la une : tétra­pode enfoui (source Concrete Layer Innovations)

1 commentaire

  1. Bonjour Monsieur BURLOT
    J’ai lu avec atten­tion votre article en fin du quo­ti­dien Nice Matin 29 jan­vier 2021 sur l’écomusée sous marin à Sainte Marguerite.
    L’idée est sym­pa­thique de mettre des sta­tues style Ile de Pâques entre 3 et 5 m pour dis­traire les vacan­ciers l’été.
    Mais par contre je trouve que c’est un abus de lan­gage de par­ler d’écomusée. Si tout objet posé au fond de l’eau comme des car­casses de navires ou des avions, déve­loppe la vie marine car elle offre de mul­tiples cachettes aux dif­fé­rentes espèces ani­males et végé­tales marine, un mono­lithe tout d’un bloc sans aucun trou ne par­ti­cipe que très peu à une aug­men­ta­tion de la vie marine et donc à l’écologie.
    Je vous sug­gère donc de rédi­ger un nou­vel article sur les idées les plus oppor­tunes pour la créa­tion d’un véri­table éco­mu­sée sous marin.
    Je vous envoie à cet effet quelques pro­po­si­tions de sculp­tures natu­relles de pierres qui seraient tout à fait adap­tées pour un éco­mu­sée sous marin.

    Bernard HENOU
    Docteur en géologie

    SCULPTURES EN PIERRES NATURELLES POUR ECOMUSEE SOUS-MARIN

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