Charline Vanhoenacker condamnée plus ou moins lourdement que Michel Flori ?
Faut-il que soit démesurée la susceptibilité égocentrique d’Emmanuel Macron, ou bien qu’il perde le sens commun par peur de l’opinion populaire ?
Toujours est-il que l’affiche satirique, comme le dessin de presse, entre dans le collimateur de la tyrannie macronienne. Michel Flori, brillant, original et courageux publicitaire varois, vient une nouvelle fois d’en faire la douloureuse expérience.
Et le coup de censure judiciaire, sans doute pour lui faire passer la manie du brocard et de la dérision, vraisemblablement pour lui faire payer son talent aussi, est rude. Pas moins de 10000 € d’amende pour avoir grimé Macron en Hitler. Le parallèle, en la forme, pouvait paraître osé, voire d’un goût douteux aux yeux de certains. Il n’en reste pas moins que, au fond, le rapprochement entre l’autoritarisme des deux personnages devrait en démocratie n’appartenir qu’à la liberté de penser du créatif. Et demeurer soumis seulement à l’appréciation du citoyen. La raillerie et l’impertinence ont toujours constitué, surtout en France, le contrepoids et l’exutoire du Peuple face à l’exercice, surtout excessif, de l’Autorité et du Pouvoir. À vouloir brider – carrément étouffer dans le cas précis – cette voie d’expression, le Président de la République, se croyant face à un crime de lèse-majesté donc se trompant de régime politique, risque fort de dépasser le ridicule. Et de provoquer, comme il l’a déjà causé par sa morgue brutale et souveraine, d’autres formes moins pacifiques de mécontentement.
En tout état de cause, quel que soit l’avis que l’on possède sur la pertinence de l’initiative, il faut reconnaître chez Michel Flori professionnalisme en matière de communication et talent dans l’exécution. Contrairement à la médiocrité, à la vulgarité et à l’injure personnelle commises par Charline Vanhoenacker — journaliste d’origine belge, officiant sur France Inter — à l’égard d’Éric Zemmour et ce, quasiment au même moment où le publicitaire de Six-Fours était « jugé », pour ne pas dire « exécuté » par le tribunal de Toulon.
Après un graffiti d’un niveau affligeant, très en-dessous des gribouillis d’adolescents attardés et peut-être révélateur de ses propres fantasmes, la péronnelle affuble Éric Zemmour d’une moustache faisant immédiatement penser à l’image d’Adolf Hitler. Kolossale délikatesse… On a connu mieux, plus intelligent et plus fin, côté humour et dessin belges. On se rend compte au passage que banaliser le traitement d’un adversaire en nazi ou antisémite, surtout dans le cas précis, ça ne veut plus rien dire.
Affiche proscrite
Affiche humoristique
Mais ce n’est pas l’essentiel de ce qui saute aux yeux en prenant connaissance de ces deux infos le même jour. On se demande immédiatement si le délit perpétré par la dame Vanhoenacker va engendrer un préjudice pour le sieur Zemmour. Au moins égal à celui apprécié par le juge pour le délit commis par Michel Flori envers Emmanuel Macron. Voire supérieur, car il y a la grossièreté et l’insulte en plus.
Il va être intéressant de connaître les suites. S’il y en a. Au royaume des deux poids deux mesures, il ne faut guère s’attendre à un miracle.
Marc Desgorces-Roumilhac
[NDLR] À propos de notre illustration à la une :
Le « point Godwin » est entré dans le langage courant, et s’applique également aux discussions dans la vie réelle, lorsque les mots « Hitler » , « nazisme » ou encore « camps de concentration » surgissent de nulle part. Il est d’ailleurs souvent atteint alors que la conversation n’avait rien à voir avec Hitler au départ. En général, ces références au nazisme ou à la shoah arrivent quand l’une des parties d’un débat est à court d’arguments et tente de discréditer son adversaire.
Avant le « point Godwin », une expression voisine avait fait florès : « Reductio ad Hitlerium ». Employée dans un ouvrage du philosophe Leo Strauss paru en 1954, elle fait référence au procédé qui consiste à rejeter une idée, parce qu’elle a déjà été défendue par Hitler.
Ainsi, dans un débat, si une partie accuse l’autre de défendre une campagne anti-tabac du fait qu’Hitler ait été pour cette idée, on peut parler de « Reductio ad Hitlerium ».
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