Charline Vanhoenacker condamnée plus ou moins lourdement que Michel Flori ?

20 sep­tembre 2021 | Aucun com­men­taire

Faut-il que soit démesurée la susceptibilité égocentrique d’Emmanuel Macron, ou bien qu’il perde le sens commun par peur de l’opinion populaire ?

Toujours est-il que l’affiche sati­rique, comme le des­sin de presse, entre dans le col­li­ma­teur de la tyran­nie macro­nienne. Michel Flori, brillant, ori­gi­nal et cou­ra­geux publi­ci­taire varois, vient une nou­velle fois d’en faire la dou­lou­reuse expé­rience.

Et le coup de cen­sure judi­ciaire, sans doute pour lui faire pas­ser la manie du bro­card et de la déri­sion, vrai­sem­bla­ble­ment pour lui faire payer son talent aus­si, est rude. Pas moins de 10000 € d’amende pour avoir gri­mé Macron en Hitler. Le paral­lèle, en la forme, pou­vait paraître osé, voire d’un goût dou­teux aux yeux de cer­tains. Il n’en reste pas moins que, au fond, le rap­pro­che­ment entre l’autoritarisme des deux per­son­nages devrait en démo­cra­tie n’appartenir qu’à la liber­té de pen­ser du créa­tif. Et demeu­rer sou­mis seule­ment à l’appréciation du citoyen. La raille­rie et l’impertinence ont tou­jours consti­tué, sur­tout en France, le contre­poids et l’exutoire du Peuple face à l’exercice, sur­tout exces­sif, de l’Autorité et du Pouvoir. À vou­loir bri­der – car­ré­ment étouf­fer dans le cas pré­cis – cette voie d’expression, le Président de la République, se croyant face à un crime de lèse-majes­té donc se trom­pant de régime poli­tique, risque fort de dépas­ser le ridi­cule. Et de pro­vo­quer, comme il l’a déjà cau­sé par sa morgue bru­tale et sou­ve­raine, d’autres formes moins paci­fiques de mécontentement.

En tout état de cause, quel que soit l’avis que l’on pos­sède sur la per­ti­nence de l’initiative, il faut recon­naître chez Michel Flori pro­fes­sion­na­lisme en matière de com­mu­ni­ca­tion et talent dans l’exécution. Contrairement à la médio­cri­té, à la vul­ga­ri­té et à l’injure per­son­nelle com­mises par Charline Vanhoenacker — jour­na­liste d’o­ri­gine belge, offi­ciant sur France Inter — à l’égard d’Éric Zemmour et ce, qua­si­ment au même moment où le publi­ci­taire de Six-Fours était « jugé », pour ne pas dire « exé­cu­té » par le tri­bu­nal de Toulon.

Après un graf­fi­ti d’un niveau affli­geant, très en-des­sous des gri­bouillis d’adolescents attar­dés et peut-être révé­la­teur de ses propres fan­tasmes, la péron­nelle affuble Éric Zemmour d’une mous­tache fai­sant immé­dia­te­ment pen­ser à l’image d’Adolf Hitler. Kolossale déli­ka­tesse… On a connu mieux, plus intel­li­gent et plus fin, côté humour et des­sin belges. On se rend compte au pas­sage que bana­li­ser le trai­te­ment d’un adver­saire en nazi ou anti­sé­mite, sur­tout dans le cas pré­cis, ça ne veut plus rien dire.

Affiche pros­crite

Affiche humo­ris­tique

Mais ce n’est pas l’essentiel de ce qui saute aux yeux en pre­nant connais­sance de ces deux infos le même jour. On se demande immé­dia­te­ment si le délit per­pé­tré par la dame Vanhoenacker va engen­drer un pré­ju­dice pour le sieur Zemmour. Au moins égal à celui appré­cié par le juge pour le délit com­mis par Michel Flori envers Emmanuel Macron. Voire supé­rieur, car il y a la gros­siè­re­té et l’insulte en plus.
Il va être inté­res­sant de connaître les suites. S’il y en a. Au royaume des deux poids deux mesures, il ne faut guère s’attendre à un miracle.

Marc Desgorces-Roumilhac

[NDLR] À pro­pos de notre illus­tra­tion à la une :
Le « point Godwin » est entré dans le lan­gage cou­rant, et s’applique éga­le­ment aux dis­cus­sions dans la vie réelle, lorsque les mots « Hitler » , « nazisme » ou encore « camps de concen­tra­tion » sur­gissent de nulle part. Il est d’ailleurs sou­vent atteint alors que la conver­sa­tion n’avait rien à voir avec Hitler au départ. En géné­ral, ces réfé­rences au nazisme ou à la shoah arrivent quand l’une des par­ties d’un débat est à court d’arguments et tente de dis­cré­di­ter son adver­saire.

Avant le « point Godwin », une expres­sion voi­sine avait fait flo­rès : « Reductio ad Hitlerium ». Employée dans un ouvrage du phi­lo­sophe Leo Strauss paru en 1954, elle fait réfé­rence au pro­cé­dé qui consiste à reje­ter une idée, parce qu’elle a déjà été défen­due par Hitler.

Ainsi, dans un débat, si une par­tie accuse l’autre de défendre une cam­pagne anti-tabac du fait qu’Hitler ait été pour cette idée, on peut par­ler de « Reductio ad Hitlerium ».

Par Bénédicte Lutaud in Ça m’in­té­resse

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