Réforme des retraites ? D’abord préservons les privilèges !

par | 12 octobre 2022 | 3 Commentaires 

En décembre 2019, le gou­ver­ne­ment avait dû aban­don­ner son ambi­tieuse « réforme des retraites » à la suite de la révé­la­tion du scan­dale des mul­tiples man­dats du « haut com­mis­saire aux retraites » dési­gné par le gou­ver­ne­ment, Jean-Paul Delevoye. Nous écri­vions alors que la nomi­na­tion de ce pré­da­teur à ce poste était révé­la­trice du pour­ris­se­ment com­plet du Système.

Les Français se demandent encore com­ment ce per­son­nage a pu être nom­mé à ce poste qui requiert la plus grande pro­bi­té dans la conduite de sa vie. Menteur-tri­cheur, égoïste, pro­fi­teur, hâbleur, jouis­seur, esbrou­feur, cet impos­teur aurait pu, les Français pou­vaient s’y attendre, faire l’ob­jet d’une condam­na­tion de la part du gou­ver­ne­ment. Un com­mu­ni­qué tout en ron­deur du type : « Le gou­ver­ne­ment découvre les dis­si­mu­la­tions nom­breuses et incon­grues de Jean-Paul Delevoye qui lui ôtent toute légi­ti­mi­té morale à pour­suivre la mis­sion qu’il lui a confiée et en consé­quence a mis fin à celle-ci. »

Le gou­ver­ne­ment avait alors démis Delevoye de sa mis­sion sur les retraites tout en lui main­te­nant sa confiance.

Macron - Delevoye - Ferrand

Tous unis dans le men­songe et la mal­ver­sa­tion : Macron, Ferrand, Delevoye et tous les autres.

Le Premier ministre, Édouard Philippe : «[Je] pense que la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale » et de pour­suivre : « Quand il a eu la cer­ti­tude que quelque chose, dans sa décla­ra­tion n’allait pas, il a à la fois démis­sion­né des man­dats pour les­quels il n’était pas rému­né­ré et s’est enga­gé à rem­bour­ser immé­dia­te­ment les sommes en ques­tion ». Nous enten­dons : « À tous les voleurs, ce conseil : “Rendez votre lar­cin si vous êtes pris et échap­pez ain­si à la pri­son !”».

S’il avait lâché Delavoye en pleine tem­pête, cela vou­lait dire qu’il lâche­ra tout le monde lorsque la tem­pête arri­ve­ra. Nous l’a­vons vu : rares, très rares, sont les ministres et les élus en géné­ral à ne pas tri­cher et men­tir. 60 % des ministres du gou­ver­ne­ment furent redres­sés en 2018 par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique.

Le gou­ver­ne­ment ne lâche pas l’af­faire pour autant. C’est au tour de Pierre Moscovici, pré­sident de la Cour des Comptes, de relan­cer le pro­ces­sus.Pierre Moscovici L’œil vif et le regard franc, celui-ci déclare : « Ce que je constate, c’est que notre sys­tème de retraites n’est pas finan­cé dans la durée, c’est que le rap­port entre les actifs et les inac­tifs se dégrade. » Lors de la der­nière séance de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée, il se fait inter­pel­ler par le dépu­té Nupes, Frédéric Mathieu, qui l’in­ter­roge sur le cumul de ses retraites et indem­ni­tés :
• 14 500 euros de rétri­bu­tion pour son poste actuel (qui cor­res­pond à son argent de poche, tous ses autres frais étant pris en charge)
• 2 700 euros de retraite de dépu­té
• 600 euros de retraite de dépu­té euro­péen
• 8 500 euros de retraite de com­mis­saire euro­péen
Total = 26 300 euros par mois, soit 14 fois le salaire médian.

Les seules retraites cumulées atteignent : 13 800 euros par mois !

Ainsi donc le pré­sident de la Cour des Comptes se per­met d’a­van­cer : « Ce que je constate, c’est que notre sys­tème de retraites n’est pas finan­cé dans la durée, c’est que le rap­port entre les actifs et les inac­tifs se dégrade » alors qu’il ponc­tionne 13 800 euros par mois de diverses caisses de retraite et qu’il est payé pour ses fonc­tions actuelles. Quand il quit­te­ra ce poste, il tou­che­ra encore une retraite sup­plé­men­taire confor­table qui vien­dra s’a­jou­ter à ces 13 800 euros. Cette haute fonc­tion publique nous ruine et elle dit : il faut réfor­mer parce-que ça ne peut plus durer, mais tou­chez pas à mes retraites !

Après le scandale Delevoye, le scandale Moscovici

Ces hauts fonc­tion­naires pré­sident les com­mis­sions de réforme afin de s’as­su­rer que leurs pré­bendes ne seront pas concer­nées. Mais autour de la table on trouve des élus et des syn­di­ca­listes qui ne repré­sentent plus qu’eux-mêmes et qui n’ont guère l’hu­meur à modi­fier leur statut.

Il ne faut pas compter non plus sur nos élus pour que la réforme des retraites soit juste.

Le dépu­té d’Ille et Vilaine, Frédéric Mathieu, se plaint qu’on lui coupe la parole parce-qu’il évoque les pri­vi­lèges de Pierre Moscovici. Mais si on par­lait de ses pri­vi­lèges, à lui ? Frédéric Mathieu, dépu­té Nupes d’Ille et Vilaine, reste un pri­vi­lé­gié du Système. Fils de fonc­tion­naires, il est lui-même fonc­tion­naire, cadre de la fonc­tion publique au minis­tère des Armées, syn­di­ca­liste CGT [source Wikipédia].

Frédéric Mathieu - Jeanne Larue

Frédéric Mathieu et sa sup­pléante Jeanne Larue

À pré­sent il est payé 5 700 euros nets par mois, soit 3 fois le salaire médian, sans comp­ter les frais lar­ge­ment pris en charge. Et sa retraite ?

Pour un man­dat de 5 ans, les coti­sa­tions d’un dépu­té lui donnent droit à une pen­sion de retraite de 800 euros nets. Les coti­sa­tions pour 10 ans de man­dat lui per­mettent donc d’obtenir 1 600 euros de retraite. Dans les faits, la retraite moyenne per­çue par les dépu­tés s’élève à 2 700 euros grâce aux sur-coti­sa­tions main­te­nant sup­pri­mées. [source]
Frédéric Mathieu aban­don­ne­ra t‑il sa retraite pour ne pas la cumu­ler avec sa retraite de fonc­tion­naire ? Car Frédéric Mathieu, comme tous les fonc­tion­naires, garde son emploi et l’a­van­ce­ment méca­nique pen­dant son man­dat élec­tif, et il le retrou­ve­ra s’il n’est pas réélu. Frédéric Mathieu n’est pas le mieux pla­cé pour nous don­ner des leçons d’aus­té­ri­té. À l’i­mage de son chef du reste, grand pro­fi­teur du méca­nisme des retraites pour les élus.Mélenchon - retraite 8500 euros

Einstein disait : « On ne règle pas un problème avec ceux qui l’ont créé »

Encore moins avec ceux qui s’y complaisent !

Les vraies réformes existent mais ce ne sont ni Delevoye, ni Moscovici, ni « Saint Mathieu », qui les met­tront en route. La réforme des retraites passe par un bou­le­ver­se­ment com­plet que nous expo­sions dans notre article du 17 sep­tembre 2019, Retraites : il faut ren­ver­ser la table ! :
1) Redéfinir la soli­da­ri­té
2) Mettre fin au mythe de la répar­ti­tion
3) Plafonner les retraites.

Georges Gourdin

3 Commentaires 

  1. IL Y A 300 MILLIARDS A RECUPERER POUR LES FONDS DE PENSIONS PAS POUR QUE LE RETRAITE LAMBDA EN PROFITE DE SES COTISATIONS DE CARRIERE

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  2. Ce n’est pas aux autres et sur­tout à la jeu­nesse à payer notre retraite. Chacun doit être res­pon­sable de sa retraite, la soli­da­ri­té com­mence par soi même. Soyons res­pon­sables pour une foi non de D…

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  3. Bien d’ac­cord sur un plan moral. Mais sur le plan éco­no­mique, ces pré­bendes ne repré­sentent qu’une minus­cule goutte d’eau dans le bud­get de l’État.
    Pas d’ac­cord sur l’a­ban­don des retraites par répar­ti­tion mais oui au plafonnement.

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