Estrosi n’a pas fait Science Po, mais il a tout compris

par | 15 avril 2024 | 6 Commentaires 

Sans pas­ser par Sciences Po et l’ENA, Estrosi est un poli­ti­cien de talent. Celui que l’on nomme le « moto­di­dacte » maî­trise par­fai­te­ment les fon­da­men­taux de la poli­tique telle qu’elle se pra­tique de nos jours :

1- Lancer des pro­messes élec­to­rales
2- Ne pas les tenir
3- Se représenter

Démonstration :

1- Lancer des promesses électorales

C’est bien connu : « Les pro­messes élec­to­rales n’en­gagent que ceux qui les écoutent » (attri­bué à Charles Pasqua).
Un bon poli­ti­cien doit être capable de pro­mettre n’im­porte quoi sans aucune inten­tion de tenir parole. Ce n’est pas facile. Pour beau­coup de Français, la parole don­née engage : L’amour est plus pré­cieux que la vie ; l’hon­neur plus que l’argent ; mais plus pré­cieux que tous deux, la parole don­née (attri­bué à Edmund Spenser).
Le poli­ti­cien est capable, lui, de men­tir les yeux dans les yeux. Rappelons nous de François Mitterrand(1) face à Jacques Chirac qui n’é­tait pas un novice en poli­tique.
La métro­pole Nice – Côte d’Azur a fait dis­tri­buer ces der­niers jours dans les boites aux lettres un petit fas­ci­cule de 8 pages annon­çant que « pour les orien­ta­tions bud­gé­taires 2024, les voyants sont au vert » :

Métropole Nice Côte Azur - Brochure - Tous les voyants sont au vert - Avril 2024
Métropole Nice Côte Azur - Brochure - Tous les voyants sont au vert - Avril 2024

Non seule­ment, « on » vous le dit, mais on l’é­crit :

Métropole Nice Côte Azur - Brochure - Tous les voyants sont au vert - Avril 2024

2- Ne pas les tenir

Quelques jours à peine après cette oné­reuse opé­ra­tion de com­mu­ni­ca­tion — qua­si­ment En Même Temps — Christian Estrosi explique — les yeux dans les yeux — qu’il aug­mente la fon­cière à Nice car il a fait « le choix du main­tien du ser­vice public » (vidéo).
Éric Ciotti, dépu­té de la 1ère cir­cons­crip­tion des Alpes Maritimes et pré­sident des LR, ne rate pas l’oc­ca­sion de tacler son ancien men­tor, doré­na­vant rival, et appelle à « stop­per la spi­rale infer­nale de la dépense ». Ce n’est pas seule­ment cela qu’il faut stop­per.
Ainsi pen­dant qu’Estrosi fai­sait impri­mer à grands frais — sur nos impôts — un fas­ci­cule qua­dri­chro­mie à sa gloire, pro­met­tant noir sur blanc qu’il n’aug­men­te­rait pas les impôts, il se pré­pa­rait à faire voter l’aug­men­ta­tion de la taxe fon­cière en conseil muni­ci­pal. Il faut un bon aplomb pour accom­plir cette prouesse. Nous pou­vons ima­gi­ner qu’il n’est pas facile de prendre ses élec­teurs à ce point pour des imbé­ciles, mais lui y par­vient. C’est pour­quoi il est là.

TOUS les « pro­grammes élec­to­raux » n’en­gagent en aucune manière celles et ceux qui les pro­noncent ou même les impriment. Ils ne sont que de la poudre de per­lin­pin(2), des­ti­nés à pas­ser le cap obli­gé des urnes — puisque, nous dit-on, nous sommes en démo­cra­tie — et bien vite oubliés ensuite.

3- Se représenter

Et tou­jours En Même Temps, à savoir le len­de­main de l’an­nonce de son renie­ment quant à ses enga­ge­ments fis­caux, Christian Estrosi annonce qu’il sera can­di­dat à sa propre suc­ces­sion pour un qua­trième man­dat : « Je serai can­di­dat à ma suc­ces­sion » [en 2026], annonce t‑il le 12 avril 2024 dans Nice Matin(3).
Assurément Estrosi a bien assi­mi­lé la recette gagnante pra­ti­quée au plus haut niveau :

En 2022 Emmanuel Macron se repré­sente et il est réélu.

On ne change pas une recette qui gagne !

Il ne dépend que de vous si vous sou­hai­tez que cela dure encore.

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Massimo Luce

« Dans les yeux, je la conteste. » La réplique de François Mitterrand face à Jacques Chirac, lors de leur débat télé­vi­sé entre les deux tours de l’élection pré­si­den­tielle en 1988, est deve­nue culte. Le pré­sident sor­tant répon­dait à l’interpellation de son Premier ministre deve­nu chal­len­ger : « Pouvez-vous contes­ter ma ver­sion des choses en me regar­dant dans les yeux ?» Chose aus­si­tôt faite, tou­te­fois avec un regard fuyant…[source]

Q

L’expression « poudre de per­lim­pin­pin » est une locu­tion nomi­nale, appar­te­nant géné­ra­le­ment au registre fami­lier, uti­li­sée pour sou­li­gner l’inefficacité ou l’hypocrisie de cer­tains pro­pos. Elle sert aus­si à mettre en avant le peu de fon­de­ment appor­té par cer­taines pré­ten­dues solu­tions à un pro­blème [source].

Q

Le maire Horizons, qui dirige la ville depuis 2008, sera donc can­di­dat pour un qua­trième man­dat consé­cu­tif, avec une pause d’un an pour res­pec­ter la loi sur le non-cumul des man­dats. Il aura 70 ans au moment des élec­tions. [source France Info]

Q

6 Commentaires 

  1. L’homme à la moto du palais de jus­tice sait ce qu’il fait. Et comme cite le dic­ton « Faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais, car ce serait l’a­nar­chie »
    Les adeptes de la « théo­rie » de poudres de per­lim­pin­pin se recon­naissent et s’assemblent.

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  2. Ce cher Trotrosi, et Micron, même recette. Avec le mépris des élec­teurs, en sus.

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    • Rappel : « Mr » a béné­fi­cié du trai­te­ment anti-covid de RAOULT, a recon­nu son effi­ca­ci­té.….….….…
      et a osé la refu­ser aux simples citoyens que nous sommes !

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  3. Tous les « voyous » sont au vert ? On les pré­fè­re­rait en taule ! Ciotti parle d’une dette cachée d’un mil­liard (ou j’ai mal com­pris?) mais je ne m’en fais pas pour la réélec­tion d’Estrosi, il sera réélu ! Mjoritaire sur 25 % de votants. Nice gay-friend­­ly, étant deve­nue Paris-Annie Dingo bis, un bou­le­vard lui est ouvert. Nous sommes encore quelques uns à contre-cou­­rant dans ce pays de neu­neux ! de cocus-ven­­dus-bat­­tus, contents de l’être, ton­dus, racket­tés, par toutes les asso­cia­tions gou­ver­ne­men­tales de malfaiteurs.

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  4. Je suis tel­le­ment écœu­rée que je ne trouve plus mes mots.
    Quel mal­heur de voir notre région, notre pays s’en­fon­cer dans un tel marasme.
    Je sais que les poli­tiques sont « for­més » à men­tir, mais trop, c’est trop.
    Plus d’es­poir, plus d’a­ve­nir, il faut essayer de conti­nuer à vivre dans un monde de folie, qui, per­son­nel­le­ment, me dépasse complètement.

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  5. Vu que les élec­tions sont truquées…

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