Offensive wokiste en Afrique : de la tradition à la judiciarisation

par | 4 juillet 2024 | 1 com­men­taire

Le sujet n’est pas un mar­ron­nier(0) ; l’actualité n’est pas creuse, le pro­blème n’est pas léger. Depuis peu à Abidjan, comme chaque année en cette sai­son nord-amé­ri­caine de la « célé­bra­tion des fier­tés »(1), l’ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire arbore le slo­gan « Les droits LGBTQI+ sont des droits humains ».

Ambassade Ètats-Unis-Côte Ivoire - drapeau LGBT

Les cou­leurs natio­nales sont his­sées à l’am­bas­sade des États-Unis en Côte d’Ivoire

On note un chan­ge­ment de méthode dans la pro­mo­tion du wokisme. Moins expli­cite, elle est davan­tage ciblée, plus insi­dieuse. Avec le sou­tien de la com­mu­nau­té diplo­ma­tique euro­péenne, dont la France.

Un activisme occidental croissant et décalé

Le 26 mai der­nier, un média fran­çais woke(2) cou­vrait la qua­trième édi­tion du fes­ti­val annuel Awawalé, orga­ni­sé dis­crè­te­ment, pour des rai­sons pré­ten­dues de sécu­ri­té, par l’ONG Gromo(3) à l’Institut Goethe [alle­mand] d’Abidjan : « Face aux ten­ta­tives de mise en place ou de dur­cis­se­ment des légis­la­tions homo­phobes dans plu­sieurs pays de la sous-région, l’une des prio­ri­tés est de pré­ser­ver le rela­tif havre de paix qu’offre la Côte d’Ivoire. » En 2023, c’est l’ambassadeur d’Espagne qui assu­rait une pré­sence euro­péenne au fes­ti­val consa­cré aux vio­lences basées sur le genre (VBG).

En Côte d’Ivoire et dans la 9e cir­cons­crip­tion des Français de l’Étranger, (seize pays du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal), le par­ti immi­gra­tion­niste et wokiste LFI arrive lar­ge­ment en tête aux élec­tions légis­la­tives et pré­si­den­tielles ; sui­vi par celui de la défunte majo­ri­té pré­si­den­tielle ; puis, par la droite natio­nale forte. Pourtant, « Les gau­chistes aiment l’Afrique … mais l’Afrique n’aime pas les gau­chistes »(4).

Une colonisation idéologique en marche forcée

Sur place, on constate la pro­gres­sion d’une nou­velle colo­ni­sa­tion idéo­lo­gique de l’Afrique par les lob­bies mon­dia­lo-pro­gres­sistes(5). Elle est res­sen­tie comme offen­sante(6) par la plu­part des Africains d’Afrique (hors dia­spo­ras déra­ci­nées) atta­chés à leurs cultures endo­gènes ancrées dans des valeurs ances­trales, garantes d’une fra­gile sta­bi­li­té sociale. Au point de sus­ci­ter des ten­sions intra- et inter-com­mu­nau­taires, toutes eth­nies et confes­sions confon­dues, en en dra­ma­ti­sant un pro­blème numé­ri­que­ment insi­gni­fiant. Car le conser­va­tisme éclai­ré, valo­ri­sé en Afrique, reflète une sagesse popu­laire ins­pi­rée par les spi­ri­tua­li­tés natu­relles et les reli­gions révélées.

Il n’est pas ques­tion, ici, de jus­ti­fier des vio­lences contre les per­sonnes appa­ren­tées à la com­mu­nau­té LGBT. Par décence et hon­nê­te­té, il convient tou­te­fois de rame­ner ces agres­sions et dis­cri­mi­na­tions à leurs justes pro­por­tions, eu égard aux pro­blèmes graves et urgents d’intérêt géné­ral, récur­rents et crois­sants : san­té et édu­ca­tion publiques sinis­trées, condi­tions de vie insa­lubres, pré­ca­ri­sa­tion socio-éco­no­mique, insé­cu­ri­té sous toutes ses formes. Il s’agit ici de sur­vie, non de qua­li­té de vie. Car les autres caté­go­ries de vic­times de la mau­vaise gou­ver­nance, dont les LGBT font par­tie, pour­raient cha­cune reven­di­quer une recon­nais­sance et une défense dif­fé­ren­ciées mais fra­tri­cides, la com­per­sion soli­daire des exclus de la crois­sance se muant alors en jalou­sie et en conflits. Le slo­gan amé­ri­cain « Les droits LGBTQIA+ sont des droits humains » signi­fie-t-il qu’il serait inhu­main de ne pas les recon­naitre comme fon­da­men­taux, pri­mor­diaux et prio­ri­taires aux autres men­tion­nés plus haut ?

C’est ain­si qu’un phé­no­mène ultra mar­gi­nal, absent des pré­oc­cu­pa­tions quo­ti­diennes des popu­la­tions, devient un pro­blème géné­ral dis­pro­por­tion­né ; d’une frange dis­crète et tolé­rée de la popu­la­tion, à une mino­ri­té bruyante et qué­ru­lente de pres­sion, dont l’addition de repré­sen­ta­tions déri­soires finit par consti­tuer une majo­ri­té apparente.

Massification d’apparence, victimisation à outrance

En effet, le com­mu­nau­ta­risme LGBT s’étend, par effet de nombre, en mul­ti­pliant ses décli­nai­sons jusqu’à consti­tuer une masse indif­fé­ren­ciée. Il s’alimente de nou­velles caté­go­ries, de plus en plus nom­breuses mais aus­si réduites(7). Aux LGBTQ s’ajoutent désor­mais les Intersexuels, les Asexuels ou Aromantiques (!) et autres, dési­gnés par le signe posi­tif indéfini +.

Partenariat États-Unis-Côte Ivoire

La liste des troubles iden­ti­taires, non close, s’allonge sans cesse par réduc­tion­nisme. Un quo­ti­dien natio­nal fran­çais(8)(8) men­tionne « l’existence d’un réseau de 28 asso­cia­tions pro-LGBT+ [autant de sub­sides dis­tri­bués] réper­to­riées par le Conseil National des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDH) ». Il affirme, par un hyper­lo­gisme non docu­men­té, que « dans un contexte d’homophobie régio­nale accrue » [CQFD], « un tra­vail impor­tant reste à mener pour abou­tir à une pleine accep­ta­tion des per­sonnes LGBT+ dans la socié­té ». Et dénigre « le Family Watch inter­na­tio­nal, un puis­sant lob­by chré­tien venu des États-Unis, oppo­sé à l’homosexualité et à l’avortement ».

Selon le même média mili­tant, « au rejet fami­lial, suivent les agres­sions du voi­si­nage, le har­cè­le­ment en milieu sco­laire et les dis­cri­mi­na­tions dans l’accès au loge­ment et à l’emploi. Selon un son­dage [indis­po­nible] effec­tué en 2021 par l’ONG Gromo, 70 % des per­sonnes LGBT+ ivoi­riennes seraient au chô­mage, quand d’après la Banque mon­diale, seule 3 % du reste de la popu­la­tion est concer­née ». Ce chiffre est fan­tai­siste car le taux géné­ral visible de chô­mage, consta­té sur le ter­rain, est plu­tôt de l’ordre de 40%. Un juriste huma­niste ivoi­rien com­mente, désa­bu­sé : « C’est une plai­san­te­rie de mau­vais goût… Par ces temps d’aug­men­ta­tion du coût de l’électricité… Et avec tous les jeunes au chô­mage que je connais… LE MONDE décrit n’est pas le mien. » On se rap­pelle la posi­tion cha­ri­table et ferme de l’Église du Cameroun, fin 2023, en réac­tion à la décla­ra­tion Fiducia Supplicans(9) sur la béné­dic­tion des couples homo­sexuels : « Nous recom­man­dons ceux qui sont enclins à l’ho­mo­sexua­li­té, à la prière et à la com­pas­sion de l’Église, en vue de leur conver­sion radi­cale. Nous les invi­tons aus­si à sor­tir de leur men­ta­li­té de vic­ti­mi­sa­tion dans laquelle ils se com­plaisent à se consi­dé­rer comme vic­times, faibles, mino­ri­tés. »

Judiciarisation et double chantage

Il y a deux ans(10), la ban­de­role US LGBT était pla­cée au côté du slo­gan racia­liste ‘Black Lives Matter’, dont on avait sou­li­gné le carac­tère incon­gru en Afrique. L’amalgame psy­cho­lo­gique entre des réa­li­tés dis­tinctes, peu convain­cant, a fait place à un lob­bying juri­dique et éco­no­mique plus ciblé et pro­fes­sion­nel, asso­cia­tif et ins­ti­tu­tion­nel. On note une évo­lu­tion léga­liste d’inspiration très amé­ri­caine, pour impo­ser par la jus­tice civile et pénale, des mœurs que réprouvent les lois natu­relles et tra­di­tion­nelles, alors que les gou­ver­ne­ments afri­cains comptent encore des minis­tères de la récon­ci­lia­tion et de la cohé­sion natio­nale. Par le recours accru au droit dans les inter­ac­tions ordi­naires, la juri­di­ci­sa­tion entraine la judi­cia­ri­sa­tion, par la sai­sie sys­té­ma­tique, coû­teuse et peu sûre, des tri­bu­naux pour régler les conflits, que la média­tion per­met­tait d’éviter ou de régler.

Exit ‘Black Lives Matter’, la ban­de­role LGBT est main­te­nant appo­sée à côté d’une ban­de­role de for­mat simi­laire affi­chant « Le Partenariat États-Unis /​Côte d’Ivoire »(11). Celui-ci fait réfé­rence à l’accord bila­té­ral conclu en jan­vier der­nier, lors de la visite du Secrétaire d’État amé­ri­cain Blinken, qui affirme « des rela­tions solides, fon­dées sur des valeurs com­munes ». Des cen­taines de mil­lions de dol­lars sont pro­mis pour de très allé­chants « pro­grammes de tran­si­tion poli­tique et d’inclusion », d’aide sociale, sani­taire, huma­ni­taire, éco­no­mique, finan­cière sécu­ri­taire…moyen­nant l’alignement sous-enten­du sur les valeurs pro­gres­sistes amé­ri­caines. La condi­tion­na­li­té par des méca­nismes d’évaluation et de mise en œuvre, d’attribution mais aus­si de retrait uni­la­té­ral de ces aides, consti­tue un véri­table et puis­sant chan­tage au déve­lop­pe­ment(12) (12), une ingé­rence à laquelle les béné­fi­ciaires auront du mal à résister.

Par ailleurs, le même média(13) affir­mait clai­re­ment en mars der­nier, que « des cen­taines de per­sonnes homo­sexuelles, bisexuelles ou trans­genres demandent l’asile en France chaque année. L’Ardhis, la prin­ci­pale asso­cia­tion d’aide aux deman­deurs d’asile LGBT, a accom­pa­gné depuis 2005 plus de 5 000 exi­lés ori­gi­naires du Maghreb ou d’Afrique sub­sa­ha­rienne, en par­ti­cu­lier de RDC, de Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal. » Cette injonc­tion à la France d’imposer la culture LGBT en Afrique, consti­tue, pour les Français, un véri­table chan­tage à l’immigration. On a vu l’effet contre­pro­duc­tif des rodo­mon­tades pro­gres­sistes du tru­blion Mélenchon, qui s’est fait récem­ment mou­cher par le Premier ministre du Sénégal(14). De quoi atti­ser le fameux sen­ti­ment anti-français.

Jean-Michel Lavoizard

Le « mar­ron­nier » est un terme uti­li­sé en jour­na­lisme… (plus ici)

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Le mois des fier­tés de l’ambassade amé­ri­caine agace en Côte d’Ivoire [sur Boulevard Voltaire]

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Festival Awawalé : la Côte d’Ivoire, un rela­tif havre de paix pour les LGBT+ [source RFI]

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Côte d’Ivoire : L’ONG « GROMO » pro­meut l’in­ser­tion sociale de la com­mu­nau­té LGBTIQ+ dans sa diver­si­té [source InfoDrome]

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Les gau­chistes aiment l’Afrique… mais l’Afrique n’aime pas les gau­chistes [source Boulevard Voltaire]

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Une nou­velle colo­ni­sa­tion, idéo­lo­gique, est en marche en Afrique [source Boulevard Voltaire]

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Offensive LGBT en Afrique : défense ou offense ? [source Boulevard Voltaire]

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Qu’est-ce que le « wokisme » ? [source Journal du Dimanche]

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La Côte d’Ivoire, un refuge fra­gile pour les per­sonnes LGBT+ d’Afrique de l’Ouest [source Le Monde]

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Bénédiction des couples de même sexe : déci­dé­ment, le cou­rant pro­gres­siste ne passe pas en Afrique, dans Nice Provence Info

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Le mois des fier­tés de l’ambassade amé­ri­caine agace en Côte d’Ivoire [source Boulevard Voltaire]

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Les États-Unis et la Côte d’Ivoire : le ren­fort de notre partenariat[source U.S. Department of States]

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Ces Africains LGBT qui demandent l’asile en France pour fuir les per­sé­cu­tions : « Si on me ren­voie dans mon pays, c’est la mort » [source Le Monde]

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Mélenchon au Sénégal : un déma­gogue hors-sol [source Boulevard Voltaire]

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Aris - Jean-Michel LavoizardJean-Michel Lavoizard est le diri­geant-fon­da­teur de la socié­té ARIS – Advanced Research & Intelligence Services.

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Jean-Michel Lavoizard

1 commentaire

  1. Mélenchon, pro­mo­teur de l’i­déo­lo­gie Woke en Afrique montre bien que cette ordure est com­plè­te­ment inféo­dé aux États-Unis.
    Il est pire encore que Macron.

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