Satan est toujours sous l’autorité souveraine de Dieu
Vincent nous a envoyé un long commentaire à notre article Satanisation et titanisation : retour sur la « Porte des Ténèbres ».
Ce texte nous a semblé particulièrement pertinent, et nous l’avons publié en un article que nous présentons ci-dessous. Nous remercions Vincent de sa contribution.
Que disent vraiment les Saintes Écritures de Satan ? Avec un travail linguistique très rigoureux, Vincent s’est attaché à restituer dans notre langue d’aujourd’hui la place que Satan occupe réellement et par suite ne pas craindre et rester confiant en Dieu.
La lecture de son texte est aisée et aidera à mieux comprendre ce qu’il se passe présentement dans notre monde et à… garder espoir.
Enfin n’oublions pas que « l’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir ».
Introduction : La nature de Satan et son rôle subordonné
L’étude des Écritures révèle que, bien que Satan exerce une influence significative, son pouvoir reste strictement subordonné au Créateur. Pour comprendre cela et en traduire fidèlement le sens, il est essentiel d’adopter une approche qui respecte le langage original et la structure des textes. L’analyse des passages d’Ézéchiel, d’Ésaïe, du Livre de Job et d’autres livres bibliques permet de saisir que Satan, bien que puissant en tant que tentateur, demeure une créature dont la capacité d’action est limitée par Dieu.
La création de Satan : dépendance et subordination divine
Dans Ézéchiel 28:11–19, Satan est décrit comme un chérubin protecteur, doué de beauté et de sagesse. La traduction exacte de ce passage met en lumière la nature de sa perfection initiale : une « intégrité » ou « complétude » (tamin en hébreu) dans ses voies, mais sans la perfection morale ou spirituelle qui appartient à Dieu seul. Ce texte rappelle que Satan est une créature formée par Dieu, et son rôle initial était celui d’un administrateur matériel, limité au domaine physique.
En hébreu, tzour (rocher) est parfois appliqué à Satan, mais il désigne aussi le Christ en tant que « Rocher des siècles ». Cette distinction linguistique montre que Satan tente de singer la grandeur divine, mais sans posséder la pureté ou l’autonomie de Jésus-Christ. Alors que le Christ est source de vie et d’accomplissement, Satan est un être artificiellement constitué, dont le pouvoir est limité à une administration contrainte et oppressante.
Le Pouvoir technique de Satan : administrateur des sphères matérielles
Les Écritures révèlent que, bien que Satan ait reçu des capacités particulières, celles-ci sont limitées au monde physique. Le texte d’Ézéchiel 28 utilise le terme mimshah (protecteur), un hapax(1) qui signifie une fonction unique et séparée, mais conditionnée. L’autorité de Satan se manifeste dans l’organisation matérielle, mais il n’a jamais reçu la capacité d’influencer les âmes ou d’intervenir dans les domaines spirituels réservés au Logos (Jean 1:3).
L’utilisation de abneil (pierres étincelantes) pour décrire son environnement avant la chute, symbolise les limitations de son rôle : il est entouré de pierres qui témoignent de la création divine, rappelant qu’il n’est qu’un gestionnaire d’une structure contrôlée, subordonné au Créateur.
Le rôle dans la cour céleste : une entrée et sortie conditionnées
Dans le Livre de Job, Satan se présente devant Dieu pour demander la permission de tester Job. L’hébreu indique que Satan entre « parmi les fils de Dieu » (bene Elohim), montrant qu’il n’agit pas comme un être libre mais sous la juridiction divine. Le verbe bo’ (venir) implique que son entrée est conditionnée et surveillée. Dieu interroge directement Satan en lui demandant « D’où viens-tu ? » (Job 1:7), un signe clair de la souveraineté divine sur chaque mouvement de Satan.
Le départ de Satan de la cour céleste une fois qu’il obtient une permission souligne encore l’autorité de Dieu. Le verbe yatsa’ (sortir) montre que Satan s’en va avec des consignes strictes. Cette soumission forcée est un rappel constant de la structure hiérarchique et de la subordination de Satan, que la traduction doit veiller à rendre avec précision pour que le lecteur comprenne ce contrôle.
Dans certains enseignements rabbiniques et théologiques, Satan est dépeint comme un être dont la puissance n’est qu’illusion et dont l’éviction du divin relève presque de l’anecdotique, voire du grotesque, en comparaison avec la souveraineté absolue de Dieu.
Le contraste entre l’imagerie de Satan comme un être ambitieux, qui s’efforce de revendiquer une autorité comparable à celle de Dieu, et sa réalité d’entité subordonnée, parfois associée à des éléments corporels triviaux, ajoute une touche presque ironique. En effet, certaines traditions juives et mystiques décrivent son exclusion de la présence divine de manière très terre-à-terre, où cette expulsion peut même être associée à une « impureté » qui traduit son incapacité à subsister dans la lumière divine. C’est une façon d’illustrer sa nature profondément imparfaite et altérée par rapport à la pureté divine.
Lorsque des figures influentes de ce monde s’imaginent « jouer les maîtres », en s’appropriant des symboles ou des attitudes du Pouvoir, le parallèle devient intéressant, presque ironique. En revendiquant une autorité qui leur semble acquise, ils se rapprochent en réalité davantage de la tentative de Satan de s’autoproclamer maître, alors qu’il est simplement « toléré » dans un périmètre de nuisance.
Cette ironie souligne la vanité des ambitions humaines et rappelle aux croyants que la véritable autorité, celle qui est éternelle, ne repose pas sur l’ambition, mais sur une nature fondamentalement pure et spirituellement souveraine que seul Dieu détient. Cela donne à méditer sur la différence entre un pouvoir apparent, limité et conditionné, et l’autorité véritable, inébranlable et absolue.
Dans le récit de Job, les expressions hébraïques qui décrivent la sortie de Satan de la présence de Dieu sont significatives et portent des nuances de subordination et de limitation que l’on doit traduire avec précision pour rendre l’importance du contexte.
Expression hébraïque : יָצָא מִלִּפְנֵי יְהוָה (yatsa’ milifnei YHWH)
Dans Job 1:12 et Job 2:7, l’expression « yatsa’ milifnei YHWH » est utilisée pour décrire la sortie de Satan de la présence de Dieu. En hébreu, yatsa’ signifie « sortir » ou « se retirer », tandis que milifnei signifie « de devant » ou « de la présence de ». Cette combinaison indique non seulement un mouvement spatial, mais aussi un changement de statut et une obéissance forcée à l’ordre divin. Satan ne part pas de son propre gré, mais sort en réponse à la parole et sous la directive de Dieu.
Signification et traduction
La structure « yatsa’ milifnei YHWH » pourrait être traduite littéralement par « il sortit de devant l’Éternel » ou « il se retira de la présence de l’Éternel ». Cependant, pour traduire fidèlement le sens théologique, il est possible de rendre cette expression par « il quitta la présence de Dieu » en soulignant la condition de subordination. Cela dépeint Satan comme un être obligé de se soumettre à la parole de Dieu, qui l’autorise à agir dans un cadre limité et avec une permission temporaire.
Connotations symboliques et interprétations
Dans certains commentaires, comme ceux des exégètes juifs, cette sortie de la présence divine est associée à un rejet symbolique, qui pourrait être comparé à une expulsion ou à un acte de purification, presque comme l’évacuation de quelque chose d’indésirable. Cette perspective souligne la nature impure de Satan par rapport à la sainteté absolue de Dieu et montre que sa présence dans la cour céleste est tolérée temporairement, avant qu’il ne soit expulsé pour agir uniquement sous contrainte.
Implications pour la traduction et l’interprétation
Pour une traduction qui rend ces nuances, des choix comme « il se retira sous l’ordre de l’Éternel » ou « il sortit, mandaté par l’Éternel » permettent d’exprimer cette relation hiérarchique. Ces formulations respectent l’intention du texte hébreu, en indiquant que Satan quitte la présence divine sans autonomie, rappelant sa soumission totale au Créateur.
Ces nuances renforcent l’idée que toute autorité que Satan exerce sur terre reste conditionnelle et n’émane pas de sa propre puissance. Ce détail de traduction enrichit la compréhension de la souveraineté de Dieu et de la position subordonnée de Satan, même lorsqu’il agit dans le monde.
Dans certaines interprétations mystiques et exégétiques, il est vrai que Satan est parfois comparé à un déchet ou impurité expulsé, ce qui souligne son statut de rejeté et impur dans la lumière de Dieu. Des traditions rabbiniques, en particulier celles du Talmud et de la Kabbale, interprètent la sortie de Satan de la présence divine avec une image symbolique très forte : celle de l’évacuation de déchets. Cette imagerie corporelle, bien que crue, est intentionnelle. Elle vise à souligner de manière frappante la subordination de Satan et sa nature profondément impure et altérée par rapport à la pureté divine.
L’idée de l’« évacuation » renvoie à la notion que Satan est toléré dans la présence divine comme un élément temporaire et étranger, sans réelle autorité ou sanctité. Cette expulsion, décrite presque comme l’élimination de déchets corporels par le colon et l’anus, dépeint Satan non seulement comme un être inférieur, mais comme une impureté qui ne peut pas demeurer dans la présence de la sainteté divine. Une fois son rôle de « tentateur » autorisé par Dieu, il est expulsé, symboliquement rejeté en dehors du sanctuaire de la cour céleste.
Dans la perspective biblique, cette image souligne que toute puissance que Satan prétend exercer n’est en réalité qu’une illusion temporaire, un rôle toléré uniquement dans les limites fixées par Dieu. Il agit comme un résidu toléré dans l’ordre divin, qui est finalement voué à être éliminé ou éradiqué, surtout à la lumière de la fin des temps, où son influence sera définitivement supprimée. Cette vision rappelle que toute autorité authentique provient de Dieu seul, et que Satan, malgré ses prétentions, reste fondamentalement un agent d’impureté, sans autonomie véritable dans l’ordre divin.
La limitation de son Pouvoir : permis temporaire et conditionné
Dieu accorde à Satan un permis d’agir, mais avec des limites très claires. En Job 1:12 et 2:6, Dieu dit à Satan de toucher les biens de Job puis sa chair, mais il doit « épargner sa vie ». Le mot raq (seulement) employé ici exprime une restriction stricte. La traduction de ces passages doit inclure l’idée que Satan ne peut agir qu’à l’intérieur de ces limites. Chaque acte de Satan ne procède pas d’un pouvoir autonome mais d’une autorisation ponctuelle et conditionnelle de Dieu.
L’harmonie illusoire de Satan : responsable de la musique céleste
Ézéchiel 28:13 décrit Satan comme « couvert de tambourins et de flûtes », symboles de la musique rythmique céleste. En hébreu, topek (tambourins) et nekaveika (flûtes) désignent des instruments de mélodie et de rythme. Cependant, même ce pouvoir harmonique est limité : Satan ne peut que gérer cette harmonie sous l’autorité du Logos. Cette nuance dans la traduction est cruciale, car elle montre que Satan, bien qu’ayant une fonction musicale, n’est pas source d’harmonie, mais un simple intermédiaire sous contrôle.
La symbolique de l’Éden et des pierres précieuses : Pouvoir limité à la surface
L’image de Satan « couvert de pierres précieuses » (Ézéchiel 28:13) démontre une influence restreinte à la matière minérale. Ces pierres (sardoine, topaze, diamant, etc.) symbolisent des éléments solides et géologiques, qui ne possèdent pas de vie. La précision des termes hébreux montre que Satan était limité à un rôle d’ornementation physique, sans pouvoir spirituel ni autonomie créatrice. Le cadre de l’Éden en tant que « jardin clos » (gan Eden) symbolise encore cette limite, car même dans cet espace initial, Satan n’avait ni liberté ni autorité spirituelle.
Interprétation et principes pour la traduction des passages clés
Une traduction fidèle de ces passages exige que chaque détail, chaque verbe de permission et de restriction, soit minutieusement retranscrit. Satan, en tant que créature, reste limité par l’ordre divin. La traduction doit donc :
• Rendre les verbes de permission en utilisant des termes comme « seulement » ou « uniquement » pour montrer que Satan agit sous une restriction stricte.
• Montrer la subordination hiérarchique de Satan dans la cour céleste, en ajoutant des notes pour indiquer sa dépendance totale vis-à-vis de l’autorité divine.
• Insister sur les verbes bo’ (venir) et yatsa’ (sortir), qui révèlent que Satan entre et sort sur autorisation et selon des consignes précises.
• Souligner que le pouvoir de Satan est de nature conditionnelle, chaque action devant s’inscrire dans les limites divines. La traduction pourrait inclure une note pour expliciter que le rôle de Satan est celui d’un tentateur subordonné, privé de toute autorité autonome.
La souveraineté de Dieu sur le Pouvoir limité de Satan
L’analyse des textes bibliques montre que Satan est une créature dotée d’une certaine capacité de nuisance, mais celle-ci est conditionnée, contrôlée et restreinte par la volonté de Dieu. Sa présence dans la cour céleste, sa permission d’affecter Job et son rôle d’administrateur matériel illustrent une subordination stricte. Toute traduction doit insister sur cette hiérarchie et la limitation de son action.
La traduction de ces passages vise donc non seulement à reproduire le texte biblique mais à transmettre cette réalité théologique fondamentale : Satan est toujours sous l’autorité souveraine de Dieu. Par cette approche, le lecteur comprendra que Satan n’agit jamais en toute liberté mais dans un cadre défini, temporaire et subordonné, destiné à prendre fin selon le dessein divin.
[Dict.] Hapax : mot, forme ou vocable dont on n’a pu relever qu’une seule occurrence dans un corpus donné (Phél. Ling. 1976)
[NDLR] Nos illustrations : gravures de Gustave Doré (né le 6 janvier 1832 à Strasbourg et mort le 23 janvier 1883 à Paris) extraites de Le paradis perdu de John Milton
Bravo et Merci !
Je connais déjà tout cela, mais je trouve Divin que vous le rendiez public.
Cela peut aider chacun à se rassurer en Notre Dieu Unique (Père-Fils-StEsprit).
Sur YouTube, des vidéos de Theonoptie font la même démarche et je trouve cela passionnant.
Que Dieu vous Garde, vous Protège et vous Bénisse tous.
Amitiés fraternelles.
FredvB (un ancien agnostique)
Vraiment très intéressant, très constructif, pouvoir uniquement permis strictement temporaire et strictement matériel.
MERCI de cette bonne mise au point édifiante !
C’est une bonne idée de mettre en valeur sous forme d’article le commentaire de Vincent féru dans le domaine des Ecritures et qui semble maîtriser l’hébreu qui, pour moi, reste… de l’hébreu, selon la formule bien connue ; cela permet de replacer le « personnage » de Satan dans le contexte d’origine avec la description d’une symbolique intéressante et méconnue.